Cela fera 40 ans l’année prochaine que «Le Grand Ryeu» fait le bonheur des habitués de cette jolie fermette du XVIIe siècle à la frontière française, transformée par la famille Boschman en une belle halte gourmande.
Il y eut tout d’abord Jacques et Claudine puis, dès 1988, le fils Alain et son épouse Marie-Noëlle, tandis que le frère, Eric, s’en allait se faire un nom comme meilleur sommelier de Belgique. Y aura-t-il un jour Thomas? Le petit dernier n’officie pas en cuisines mais ses belles natures mortes photographiques donnent une touche de modernité au décor, joliment repensé récemment.
Sur la table, l’accent est mis sur les produits: les épices de chez Rudy Smolarek, un très bon beurre au lait cru de la ferme Vincent Cornelis, juste à côté à Grandrieu. De quoi rassurer malgré la longueur interminable de la carte, indice du fait que «Le Grand Ryeu» n’est pas qu’un restaurant mais aussi un traiteur…
Pour un lunch, le petit menu (38€/53€ avec les vins) se révélera amplement suffisant avec ses 4 services. Qui débute avec une «farandole d’amuse-bouches» un peu datée mais plutôt agréable (terrine de volaille aux raisins secs et mousse moutardée, potage aux carottes, tartare de Saint Jacques aux poivrons et ciboulette).
On se régale d’une salade folle de crevettes grises, asperges du pays (vertes et blanches) et dés de mangue. Une bien agréable proposition (20€ à la carte) où le chef démontre son amour des épices, mettant ici en valeur le poivre Timut du Népal, un faux poivre aux surprenantes notes d’agrumes. Que l’on pourra d’ailleurs acheter en fin de repas, le «Grand Ryeu» proposant en effet un petit coin épicerie.
Généreux, le plat l’est sans conteste, un peu trop sans doute… La noisette de porc fermier rôtie au lard et beurre salé (28€) est excellente mais les accompagnements, classiques, se révèlent moins convaincants : caviar d’aubergines, crème d’asperges, poêlée de légumes un peu trop cuits et gaufre de pommes de terre trop huileuse.
Côté fromages, on choisira entre une jolie assiette de fromages locaux ou une petite salade tiède de poire caramélisée aux petits raisins et gorgonzola (5€).
Tandis qu’au moment du sucré, le principe de la farandole commence à lasser. La «récréation des gourmands» (11€) multiplie les mousses, les bavarois ou même un «velours mascarpone-chocolat-spéculoos».
Et cela se poursuit avec les mignardises, ceci dit plus intéressantes, avec notamment un très bon riz au lait à la cassonade, qui aurait fait un excellent dessert à lui seul.
On sort malgré tout de très bonne humeur de cette auberge de campagne particulièrement accueillante et au charme indéniable, qui sert une bonne cuisine sans prétention mais qui devrait viser un peu plus l’épure.
Cette critique a été publiée dans le « Trends-Tendances » du 27 juin 2013.
Envie d’y goûter?
- Cote: 6,5/10.
- Cuisine: française.
- Cave: on trouve ici les vins du domaine de La Mazelle tout proche.
- Cadre: campagnard.
- Terrasse: oui.
- Parking: oui.
- Adresse: 1 rue Goette 6470 Grandrieu.
- Rens.: 060.45.62.25 ou www.legrandryeu.be.
- Ouverture: fermé mardi, mercredi, jeudi et dimanche soir.
La fille: « J’ai beaucoup aimé la salade folle de crevettes bien assaisonnées par le poivre de Timut et avec un agréable sucré-salé. J’ai aussi apprécié le service, la jeune fille en salle était très accueillante. »
Le garçon: « Pas mal de bonnes choses ici (produits locaux, cuisine savoureuse, épices…). Dommage que la carte, un peu trop vaste, se fasse un peu trop proche de l’autre activité des lieux, celle de traiteur… »