Ouvert il y a à peine six mois, le restaurant « Cecila » fait déjà beaucoup parler de lui, encensé par la presse, les internautes et récemment auréolé d’un titre de « découverte de l’année » par le guide GaultMillau 2014… A la tête de ce petit bistrot gourmet noyé en plein Bruxelles touristique (on est à 20 mètres de la Grand-Place et de la rue des Pitas), on trouve Mélanie Englebin. Formée dans de belles maisons (notamment chez Yves Mattagne et Pascal Devalkeneer), la jeune femme, la petite trentaine, a décidé de se lancer en solo.
Quelques coups de pinceaux et quelques heures de bricolage plus tard, elle a transformé un vieux café bruxellois en une petite maison de bouche au décor sobre malheureusement un peu terne. Mais ici on mise tout sur l’assiette, déclinée en un lunch à 24€ (2 serv. et café) et, le soir, en un menu unique 3 serv. à 44€ (une « formule temporaire », précise-t-on).
Au fond de la petite salle, dans la cuisine ouverte, on aperçoit la chef, très concentrée. Une tension qui semble se propager en salle ce soir là. Guindé, le service ne réchauffe en effet pas l’atmosphère.
Pas plus que l’unique mise en bouche, un petit morceau de saumon en gravlax marié à une vinaigrette à la mangue, coriandre et fruit de la passion beaucoup trop présente et trop sucrée. Heureusement, le pic-saint-loup Château L’Euzière 2010 (27€), une belle bouteille du Languedoc, apporte un peu de soleil aux lieux.
Avant que n’arrive la très belle entrée: de belles noix de Saint-Jacques poêlées, posées sur une crème de châtaigne et rehaussées de quelques girolles, de jolies coques, de salicorne et d’une mousse de noisettes. Un bel accord mer-forêt aux parfums d’automne, où s’expriment tout le talent et toute la délicatesse de Mélanie Englebin.
Même constat au niveau du plat, qui allie simplicité et profondeur des goûts dans des accords réconfortants. Parfaitement cuit, le filet de maigre, à la peau croustillante, est posé sur quelques pissenlits blancs, accompagné d’une déclinaison de légumes anciens, dont une bonne purée de navets boule d’or.
Le dessert est par contre assez décevant, soit une figue à peine rôtie servie avec une mousse de yaourt aux épices, un crumble et une une gelée de pomme. Un simple jeu de textures qui manque cruellement de gourmandise.
Si l’on sent bien que Mélanie Englebin est capable du meilleur, ce premier passage n’a pas suffi à réellement convaincre que le « Cecila » était la table du moment à Bruxelles, d’autant que les prix sont quand même très élevés pour un simple menu 3 serv. et une ambiance glacée. A suivre donc…
Cette critique a été publiée dans le « Trends-Tendances » du 5 décembre 2013.
Envie d’y goûter?
- Cote: 7/10.
- Cuisine: bistronomique.
- Cave: française, brève.
- Cadre: bistrot.
- Terrasse: non.
- Parking: non.
- Adresse: 16 rue des Chapeliers 1000 Bruxelles.
- Rens.: 02.503.44.74 ou www.cecila.be.
- Ouverture: fermé samedi midi, dimanche et lundi.
La fille: « Une seule mise en bouche pour un menu 3 services à 44€ c’est un peu court. Mais j’ai beaucoup aimé l’entrée, de très beaux produits et de belles saveurs. C’est sans doute la situation près de la Grand-Place qui fait monter les prix mais est-ce qu’un client bruxellois a envie de payer plus cher pour ça? »
Le garçon: « Une déception dans l’ensemble alors qu’on dit tellement de bien de cette nouvelle adresse bruxelloise. Mais avec une envie: retenter sa chance car on sent que la jeune chef peut sortir de belles assiettes. »