En Belgique, on ne fait pas de recensement bovin systématique selon les races. Difficile d’estimer, donc, la part de marché actuelle de la limousine. En 2005, selon le recensement agricole du SPF Economie, on comptait 14 849 têtes de limousine, contre 542283 blancs-bleus belges, la limousine constituant la 2e race à viande après le BBB.

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Président du Herd-Book limousin belge, Luc Hoffmann, basé à Malscheid dans les Cantons de l’Est, constate lui aussi, en parcourant les campagnes, que les limousines sont de plus en plus présentes dans les champs, même si les chiffres n’ont pas réellement augmenté récemment à cause de la réduction des cheptels imposée par le cahier de charge bio.

Si son père fut un précurseur en 1991, l’éleveur condruzien Dimitri Beguin constate pourtant un intérêt grandissant pour la race. “On le voit bien. La demande de femelles reproductrices est de plus en plus grande, de la part d’éleveurs qui veulent changer de race. On voit notamment que beaucoup arrêtent de traire car ils ne gagnent plus assez avec le lait…” C’est d’ailleurs au plus fort de la crise du lait, en 2009, que la limousine a fait un vrai bond en Belgique, cette dernière étant plus facile à élever que la BBB, qui nécessite un très haut niveau de technicité pour un élevage de qualité.

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L’intérêt est aussi grandissant chez le consommateur. “A la boucherie, les gens qui viennent sont contents d’avoir une viande un peu plus grasse, plus persillée…”, se réjouit M. Beguin. Au début, ce fut cependant difficile, les Belges étant habitués à une viande maigre, rose pâle, voire blanche pour le veau… “En général, les gens ne veulent pas de rouge !” S’il ne pratique pas la maturation longue à la boucherie (le fameux boeuf “dry-aged” à l’anglo-saxonne), M. Beguin a néanmoins insisté auprès de l’abattoir de Ciney pour qu’on lui garde ses carcasses en chambre froide une dizaine de jours et non les lui rendre au bout de quelques jours…

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Victoire pour les éleveurs de limousines, pour la première année, l’AWE (Agence wallonne de l’élevage, basée à Ciney), haut-lieu du BBB, a accueilli le 15 juin dernier 20 taureaux limousins, qui seront soumis à toute une batterie de tests en vue de sélectionner les meilleurs reproducteurs, qui seront vendus aux enchères. Une pratique jusqu’ici réservée aux seuls taureaux BBB ! “Cela offrira un outil pour améliorer la race et la rentabilité”, se réjouit M. Hoffmann, qui ne craint pas de reproduire les dérives productivistes du BBB : “Pour inscrire un mâle limousin au Herd-Book, il ne faut pas qu’il soit né par césarienne. La vache limousine vêle seule, le veau tète la mère et il pousse bien. On ne cherche pas l’extrême en viande, juste avoir la viande la plus naturelle possible mais le plus vite possible.”

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Pour être rentable, l’éleveur de limousines prend comme équation: un veau par vache par an. La moitié des veaux sont des femelles, que M. Beguin garde essentiellement dans son troupeau. S’il conserve quelques jeunes taureaux pour la reproduction, il les revend surtout à d’autres éleveurs (notamment en Italie ou en Allemagne) ou aux supermarchés luxembourgeois Cactus, qui vendent de jeunes “broutards limousins wallons”. Ceux-ci ont alors 18-20 mois, offrant une viande plus maigre, moins persillée. Pour l’éleveur, la meilleure viande est plutôt celle d’une vache de 5 ou 6 ans, ayant vêlé deux fois. Mais M. Hoffmann assure qu’on peut manger sans problème une vache jusqu’à 12 ans.

Contrairement au BBB, qui doit recevoir des compléments alimentaires toute l’année pour être engraissé (avec des silos de maïs ou de grains), la limousine peut se contenter de l’herbe à la bonne saison et du foin et des céréales en hiver. “Regardez celle-là, elle a déjà du dos, des fesses bien remplies”, explique fièrement Dimitri en montrant l’une de ses vaches. Mais si le rendement n’est pas beaucoup moins important avec la limousine (65 % de la carcasse, contre 70% pour le BBB), le blanc bleu permet, lui, de valoriser plus de morceaux nobles destinés aux grillades…

Mais comparaison n’est pas raison pour MM. Beguin et Hoffman, qui, tous deux, refusent de se mettre en concurrence ou de critiquer les éleveurs de BBB.

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Dimitri Beguin, fier de son Coco, jeune taureau limousin
de 5 ans pesant déjà ses 1250 kg…

 

Rendez-vous à la Foire de Libramont

Le « Herd Book » limousin belge donne rendez-vous à la Foire de Libramont le vendredi 26/7 pour le 21e Concours national de la race limousine. 100 bêtes concourent dès 11h. Apéritif à 18h et repas des éleveurs à 20h.

Vocabulaire

En boucherie, on trouve essentiellement non pas du boeuf mais de la vache (femelle adulte). En Belgique, il s’agit souvent de primipare (vache ayant vêlé une fois) ou de génisse (n’ayant pas encore eu de veau et âgée de 24 à 30 mois), dont l’équivalent masculin est le taurillon (âgé de moins de 24 mois et n’ayant pas encore atteint la maturité sexuelle). Le taureau est un mâle adulte non castré (sinon c’est un boeuf). Et est nommé veau (moins de 6 mois env.) un petit non sevré. Une fois qu’il arrête de téter et qu’il commence à manger de l’herbe, on l’appelle broutard (6 à 12 mois). En boucherie, le veau est par contre en général un jeune mâle de 18-20 mois.

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