29ca3185c38264d122025b04497d487a.jpgAlors que la RTBF propose ce soir un « Questions à la une » consacré au vin belge, on a appris hier que ce serait une Belge, Carol Duval-Leroy, qui serait dès vendredi à la tête de l’Association viticole champenoise.

Carol Duval-Leroy, propriétaire d’une des dix premières maisons de Champagne, près d’Epernay, s’apprête à devenir la première femme présidente de la très masculine Association viticole champenoise (AVC), créée en 1898. Vendredi, la « Champenoise et Belge » -comme elle se désigne- s’adressera à 800 hommes du terroir, à la tête de l’AVC. Pendant quatre ans, elle animera l’instance technique suprême où l’ont nommée le Syndicat général des vignerons et l’Union des maisons de Champagne, regroupés au sein du Comité interprofessionnel du vin de Champagne.

« Comment j’en suis arrivée là? Je me le demande encore », plaisante Carol Duval-Leroy, 52 ans, mèches blondes, regard bleu franc. « Peut-être parce que c’est mode de nommer des femmes? » Sous l’arme de l’humour, on sent que la vie l’a contrainte à se défendre de bonne heure. « C’est vrai, j’en ai un peu bavé. »

Naissance à Bruxelles. Dès son plus jeune âge, Carol ne quitte pas des yeux le chef mitonnant faisan à la Brabançonne ou waterzooï de poulet. De là lui vient sa passion pour la bonne table et les bons vins. Quand, en 1980, elle épouse Jean Duval-Leroy, l’amour de ses 15 ans, héritier d’une Maison de Champagne alors cent-trentenaire, c’est le terroir entier qu’elle adopte. Elle apprend à chasser et, entre trois maternités, aime à recevoir à sa table tout ce que la région compte de propriétaires et de vignerons. Elle se souvient, dans son livre de recettes « Femmes de Champagne », du jour où il lui a fallu préparer 1982 escargots.

Restait son rêve d’« avoir un restaurant avec un macaron au Michelin ». La mort de Jean, en 1991, et ses dernières volontés la confrontent à un défi d’une autre ampleur: rester à 100% propriétaire de la maison familiale. « J’avais 36 ans, 3 enfants et un beau-fils, âgés de 4 à 9 ans. Il fallait une sacrée dose d’insouciance pour oser garder une maison de 120 salariés, alors que les petits copains proposaient de nous racheter. Que les banquiers me cherchaient déjà un partenaire. » Certes, les bases étaient bonnes: un bon vignoble -près de 200 hectares- et un grand stock de bouteilles. « Et surtout, insiste-t-elle, les fidèles de toujours: Michel Oliveira, notre directeur général adjoint, et Brigitte Breuzon, directeur marketing et communication. Sans eux, je ne serais rien. »

Tous ont fait bloc. « Nous nous sommes progressivement retirés de la grande distribution au profit du secteur café-hôtellerie-restauration », note Michel Oliveira. « Nous travaillons sur la sélection des parcelles, l’extension de notre cuverie et disposons d’un stock de 17 millions de bouteilles. » La gamme traditionnelle « Fleur de Champagne » a été déclinée et « Femme de Champagne » est bientôt apparue. « Un nom, dit-elle, qui n’a rien d’usurpé pour une maison dont le personnel – y compris le chef de cave Sandrine Logette – est à 42% féminin. »

De 400000 bouteilles en 1970, Duval-Leroy est passé à 5,8 millions en 2007, à partir de 200 hectares maison, mais aussi de 400 hectares de raisin achetés aux vignerons champenois. 60% de la production part à l’exportation dans une quarantaine de pays, Grande-Bretagne, Belgique et Allemagne en tête.

Pour Carol, « ce qui compte le plus dans le vignoble, c’est le temps qu’on passe auprès des vignerons qui nous confient leur raisin. Au fil du temps, ça devient de l’amitié ». (AFP)