Le sujet est grave, les négociations de paix au Proche-Orient, mais l’angle choisi ici par le journaliste de l’AFP est plus léger. Il raconte en effet le casse-tête pour les chefs chargés de préparer à manger pour les négociateurs israéliens et arabes…

Casse-tête diplomatique, la conférence d’Annapolis sur le Proche-Orient est aussi source de tracas pour les cuisiniers des délégations arabes et israéliennes de la conférence: il leur faudra servir des plats strictement halal et cacher, selon les lois alimentaires de l’islam et du judaïsme. Ne pas le faire constituerait « un énorme faux pas » et un manque de respect flagrant pour leur culture et leur religion, souligne Walter Scheib, ancien cuisinier de la Maison Blanche. Honorer les délégations et pays invités est la priorité de ce genre de conférences ou sommets, précise-t-il.
La loi islamique interdit notamment la consommation d’aliments « haram » comme le porc et ses dérivés, l’alcool, le sang et ses produits dérivés, la viande d’animaux carnivores. Pour que la viande soit « halal », mot signifiant « permis », l’animal doit être abattu au nom de Dieu et conformément aux préceptes de l’islam. Les lois alimentaires du judaïsme, ou cacherout, interdisent également la consommation de porc. Elles sont entre autres fondées sur une séparation absolue du lait et de la viande, étendue à toute la gamme des produits lactés et carnés, et une distinction stricte entre animaux purs et impurs. Le porc, le chameau ou les poissons sans nageoires ou écailles comme le crabe se rangent dans la dernière catégorie.
Ce qui est autorisé pour les uns ne l’est pas forcément pour les autres, ce qui accroît les risques de confusion… et d’incidents diplomatiques. « Les cakes au crabe et les huîtres sont halal », note ainsi le Dr Muhammad Chaudr, président du Conseil islamique alimentaire américain. « Tous les types de fruits de mer sont corrects », s’ils ne sont pas préparés à base d’alcool, ajoute-t-il.
Autre problème, le contrôle des aliments par les autorités religieuses agréées. « Si j’apporte de la viande, que je la sers à quelqu’un et que je ne la fais pas vérifier de façon indépendante pour être sûre qu’elle est conforme aux normes, on peut m’en rendre responsable », explique Mary Anne Jackson, fondatrice d’une entreprise livrant des plats cuisinés certifiés halal. « Il faut vraiment faire attention à tout cela, car si vous ne le faites pas, votre gouvernement peut avoir une mauvaise image », insiste-t-elle.
Les cuisiniers et marmitons de la Maison Blanche, dit Walter Scheib, font tout pour que les invités se sentent comme chez eux. Les plats servis sont préparés selon les règles du halal et de la cacherout, on utilise des « plats et des casseroles jamais employés pour des mets non cacher ».
Les cuisiniers des délégations devront aussi trouver les ingrédients appropriés. Car Annapolis, ville de 36000 habitants située à une cinquantaine de kilomètres de Washington, ne possède pas de marché cacher ou halal. (AFP)