Mardi soir, le convivium Karikol a acté la démission de sa présidente Malika Hamza et élu une nouvelle présidente, Catherine Piette (photo).
© Photo Alexandre Bibaut – Les 2b
Fondé en 1989 par l’Italien Carlo Petrini, le mouvement Slow Food est aujourd’hui l’un des plus influents sur la scène internationale, avec des ramifications sur tous les continents et des locomotives très actives, comme l’Italie et les Etats-Unis. Mouvement citoyen parti de l’alimentation et de la lutte contre la malbouffe – avec son slogan “manger bon, propre et juste” –, le Slow Food s’impose de plus en plus comme une philosophie politique globale, intégrant l’écologie, le social, l’aide au développement du Sud… Comme on a pu s’en rendre compte au dernier Salon du Goût de Turin en octobre dernier, couplé cette année avec TerraMadre (la branche plus conscientisée du mouvement) et le 6e Congrès international de Slow Food. Où le “pape” Petrini (photo) a lancé à ses ouailles un appel au prosélytisme, tout en rappelant le poids pris par l’organisation en une vingtaine d’années…
Si Petrini a en effet été reçu à Bruxelles à l’invitation de la Commission européenne en avril 2012 et si ses idées sont soutenues par plusieurs commissaires européens, Slow Food n’est guère présent en Belgique. Alors que ses membres bruxellois plaident depuis 2009 pour la création d’un bureau de lobbying dans la capitale européenne. Outre l’absence d’un organe de représentation officielle, force est de constater que le Slow Food a également beaucoup de mal à s’implanter en Belgique. Le pays ne compte même pas les 2000 membres nécessaires pour pouvoir créer un convivium national…
Tout repose donc sur les épaules des bénévoles de la poignée de conviviums belges, plus ou moins actifs. Celui de Bruxelles, Karikol, est l’un des plus importants avec celui de Silly. Si ce dernier a plutôt mis l’accent sur la vie associative locale, Karikol a misé sur la communication et l’horéca, en développant des activités de sensibilisation très grand public, sous la houlette de sa présidente et membre fondatrice, la styliste culinaire Malika Hamza, qui, en cinq éditions, a fait de la Semaine du goût « Goûter Bruxelles » (en septembre), un événement gastronomique d’envergure, relayé par de grands chefs.
© Photo Alexandre Bibaut – Les 2b
Le hic, c’est que si cette grosse opération, largement soutenue par les pouvoirs publics bruxellois, est un succès, elle n’a pas ramené un seul nouvel adhérent à Karikol… Pire, le nombre de membres est passé en un an et demi de 109 à 55 ! Signe d’une crise évidente et d’une remise en cause profonde des choix opérés par sa direction. Mardi soir, lors de l’assemblée générale de Karikol, on s’orientait cependant vers une sortie de crise. Laquelle a acté officiellement la démission de Malika Hamza, annoncée en septembre. Dans la foulée, le nouveau conseil d’administration de l’asbl (composé de 10 membres) a élu à l’unanimité moins une voix une nouvelle présidente, Catherine Piette, qui vient de revendre son “Trop bon”, snack très Slow de la place Flagey.
Pour donner un nouvel élan au mouvement et préparer Goûter Bruxelles 2013, elle sera secondée par deux vice-présidents, Rosa Santos et Hughes Belin. Tandis qu’un président d’honneur a été désigné pour devenir ambassadeur du message Slow Food à Bruxelles. Il s’agit de Roberto Pintus (photo), chef du restaurant “Le Max” à Schaerbeek.
- Cotisation annuelle : 50 € (couples : 65 €, jeunes : 30 €). Rens. : www.karikol.be.
- Carnet d’adresses Slow en Belgique.
109 à 55 ? Qui s’en serait étonné !?
La gestion la plus calamiteuse, y compris dans les relations humaines, a conduit au départ des plus actifs, écœurés.
Mais les plus actifs n’étant pas toujours les plus fédérateurs mon chèr Jean-Pierre.
Je tiens à préciser que les objectifs de Karikol ont été largement atteints pendant ses cinq premières années d’existence, puisque grâce à Goûter Bruxelles, les Bruxellois ont pu chaque année, faire connaissance avec le slow food. Goûter Bruxelles a eu un retentissement extraordinaire à Bruxelles et au-delà. Lorsque l’asbl Karikol a été créée, il n’y avait pas grand-monde ici qui avait entendu parler de slow food.
Sur la question du nombre de membres de Karikol, pas de malentendu! Karikol n’est pas un club de gastronomes élitistes comme cela été le cas auparavant avec un convivium slow food créé à Bruxelles et disparu depuis. Les membres de Karikol sont membres du mouvement slow food et, à ce titre, adhèrent à sa philosophie, qui est de changer le monde par l’assiette. Et cela n’empêche pas de le faire avec plaisir et dans la convivialité, bien au contraire. Nos réunions, nos pique-nique et les événements que nous organisons ont pour point commun de permettre le partage autour de la nourriture, en accueillant tous ceux, membres et non membres de Slow Food, qui partageant la même conviction, et qui ont envie de rencontres et d’échanges.
Sur la question du changement à la tête de Karikol, Malika Hamza a passé la main, tout simplement, parce qu’il est sain pour une association que les têtes se renouvellent. Cela fait un an et demi qu’elle a souhaité passer le relais, mais personne n’était en mesure de reprendre la quantité de travail énorme qu’elle a abattu pendant sa présidence. N’oublions pas que nous sommes des bénévoles et que nous connaissons donc tous les problèmes humains que peuvent connaître des asbl.
Les membres du Conseil d’administration de Karikol se sont donc retroussé les manches pour trouver une solution pour développer Karikol de manière pérenne. L’équipe, qui a accueilli de nouvelles têtes et dont j’assume la présidence, est à même de pouvoir seconder notre Président d’honneur Roberto Pintus, qui a accepté avec enthousiasme d’être notre ambassadeur du Slow food à Bruxelles.
Les membres et futurs membres de Slow food sont d’ailleurs invités à se faire connaître pour fêter tous ensemble cette nouvelle aventure qui commence, le 17 mars au restaurant Le Max. Renseignements sur http://www.karikol.be