A Bruxelles, le flambant neuf « Brugmann » vise une clientèle huppée pas trop regardante sur la cuisine…
Un cadre luxueux
Il est de ces restaurants où la cuisine, pour peu qu’elle soit un minimum acceptable, n’a finalement guère d’importance. C’est le cas du tout nouveau « Brugmann », installé dans le superbe hôtel de maître du 52 avenue Brugmann, qui accueillait auparavant la « Food & Wine Academy » d’Eric Boschman. Le cadre à lui seul est un marqueur identitaire, tout comme le voiturier qui attend les belles sportives à l’entrée.
Confiée à l’architecte d’intérieur Annie Mesmin, la décoration est très réussie, lounge pour le grand salon, rétro-cosy dans le boudoir. Mais en ces beaux jours, c’est évidemment la terrasse qui séduit au « Brugmann ». Donnant sur le parc de L’Abbé Froidure, celle-ci est sans conteste l’une des plus agréables de Bruxelles, vaste et élégante. Un sacré atout pour accueillir une clientèle BC-BG qui trouvera ici une belle sélection de champagne et de caviars Petrossian ou quelques belles bouteilles à 500 ou 700€…
Des cocktails approximatifs
A l’apéritif, on peut aussi parcourir la riche carte de cocktails (12€), mais ceux-ci se révèlent assez basiques. Que ce soit le classique « Mint Julep », trop sucré, ou le « Summit », une création à base de cognac, de limonade Fever-Tree, de gingembre frais, de jus de citron vert et de concombre. Très intéressant sur le papier mais trop aqueux dans le verre.
Ce projet d’envergure, qui fait grincer des dents du côté du comité des riverains de l’avenue Brugmann, on le doit au jeune chef franco-belge Matthias Van Eenoo. Le jeune homme a été formé dans de prestigieuses maisons étoilées françaises (chez Senderens au « Lucas Carton » ou à l’« Opéra Garnier »). On le retrouve à Bruxelles à la tête d’une machine de guerre. Pourtant, on n’est pas emballé par cette « cuisine traditionnelle modernisée »… Les idées sont bonnes, la sobriété séduit mais le manque de rigueur technique, notamment sur les cuissons, clôt la porte à tout raffinement…
Des cuissons non maîtrisées
En entrée, on a envie d’aimer la poêlée de supions et chorizo au safran (15€), toujours un bel accord, mais les calamars sont un peu caoutchouteux.
Tandis que l’assiette d’asperges vertes (14€), beaucoup trop cuites, est sans réel intérêt, avec trois pauvres morilles, quelques asperges sauvages crues et une sauce au sherry Tio Pepe.
Mais c’est au moment des plats que cela se gâte vraiment. La selle d’agneau en croûte d’herbes (29€) est ratée. La viande n’est pas saisie, la panure d’herbes est pâteuse, tandis que, s’il amène une touche orientalisante bienvenue, le boulgour aux fruits secs est là encore trop cuit.
Idem pour la pata negra (32€), peu savoureuse, et présentée avec juste une petite salade et une simple purée…
Antre de l’entre-soi
On ne retiendra pas non plus la croûte aux fraises (12€); ce n’en est pas une. Juste quelques fraises posées sur un biscuit moelleux avec une crème de pistaches trop lourde.
Heureusement, la superbe carte des vins permet de se faire plaisir, avec même quelques flacons en-dessous de 50€. Comme ce très bon saint-joseph « Les muletiers » du domaine Vallet (41€), bien épicé et tout en élégance. On aurait aimé pouvoir en dire autant de la cuisine. S’il veut dépasser le stade de la cantine pour happy few, ce magnifique « Brugmann » va devoir sérieusement raffiner ses assiettes…
Cette critique a été publiée dans le « Trends-Tendances » du 4 juin 2015.
Envie d’y goûter?
- Cote: 6/10.
- Cuisine: française.
- Cave: française.
- Cadre: lounge.
- Terrasse: oui.
- Parking: voiturier.
- Adresse: 52-54 av. Brugmann 1190 Bruxelles.
- Rens.: 02.880.55.54 ou www.brugmann.com.
- Ouverture:du mardi au dimanche de 12h à 23h. Fermé le lundi.
La fille: « J’ai vraiment été déçue par le manque de rigueur des cuissons et le choix des produits. Une autre visite sera sans doute nécessaire pour confirmer ou infirmer ce jugement sévère.«
Le garçon: « Dommage que la cuisine ne soit pas encore au top car l’endroit a vraiment de la gueule…«
Au vu de la critique, je ne comprends pas votre 6/10
A vous lire ca merite un 3 ou un 4
Un restaurateur ne sachant pas restaurer ne merite meme pas la moyenne, quelque soit le decor, non ?
j’ai eu la même réaction Popol.
le cadre doitêtre fichtrement beau pour justifier cette cote…
Autant je me desolidarise avec ce genre d’endroits qui reflète un monde matérialiste héloge de la superficialité. (La cuisine c’est notre lien avec la nature elle se doit d’être À la fois modèste et généreuse).
Cependant, il ne faut pas Être trop radicale avec notre jugement. Une épreuve réussie n’est pas seulement le réSultat d’un talent mais demande que De nombreuses conditions soient réunies.
Lors d’un service à table, un seul rouage absent peut avoir des répercussions sur l’ensemble, y compris la qualité de l’assiette.