Lundi après-midi, en direct sur les réseaux sociaux (malgré quelques problèmes techniques), le guide jaune a révélé les résultats de son édition Bélux 2021, laquelle décerne le titre de chef de l’année au Wallon Christophe Pauly, du Coq aux Champs, à Soheit-Tinlot.

Faire un guide au temps du Covid-19

Ce lundi après-midi, pour la première fois, la remise des prix du guide Gault&Millau Bélux n’a pas pu réunir tout le gratin de la profession physiquement, lors d’une cérémonie qui constitue, avec celle du Michelin, l’un des temps forts de l’année gastronomique. Covid-19 oblige, c’est donc de façon virtuelle que le guide jaune a révélé, dès 15h, les lauréats de son édition 2021, qui récompense le Wallon Christophe Pauly (17,5/20 au Coq aux champs à Soheit-Tinlot) du prestigieux titre de « chef de l’année ».

Les titres de « jeunes chefs de l’année » vont quant à eux à Kevin Lejeune (La Canne en ville) à Bruxelles, Stefan Jacobs (Hors-Champs, à Gembloux) en Wallonie et à David Grosdent (L’Envie, à Zwevegem) en Flandre.

Alors que le Michelin a décidé de reporter la présentation de son guide 2021 au mois de janvier — elle devrait avoir lieu le 21, à Mons —, son concurrent a choisi de sortir comme toujours avant les fêtes, en novembre, même si les restaurants sont restés fermés durant quatre mois… « Je veux pas minimiser les problèmes. L’équipe a dû faire preuve de flexibilité et de dynamisme, avec pas mal de plans B et même C, reconnaît Marc Declerck, directeur du Gault&Millau Bélux. Comme toujours, on a démarré en novembre, mais on n’a eu que huit mois, au lieu de douze. Et il a fallu réévaluer les adresses testées avant le confinement car pas mal de restaurants ont par exemple renoncé à leur carte pour passer à un menu unique. Vu les circonstances, on a évidemment été compréhensifs. » 

Cette année, Peter Goossens est resté au sommet de la gastronomie belge au Hof Van Cleve à Kruisem.

Un guide pour honorer, pas sanctionner

Sur le podium du Gault&Millau 2021, pas de changement: Christophe Hardiquest (Bon Bon, à Bruxelles) et Peter Goossens (Hof Van Cleve, à Kruisem) trônent toujours en tête à 19,5/20, suivis de Sang-hoon Degeimbre, 19/20 à L’Air du Temps à Liernu.

Si, dans le haut du classement, quelques adresses sont promues — surtout en Flandre, comme Nuance à Duffel, qui passe à 18/20, ou Cuchara à Lommel, qui grimpe à 17/20, tout comme l’excellente Table de Maxime à Paliseul —, aucune table n’a été sanctionnée cette année. « C’est un guide pour honorer la profession, plutôt que pour l’évaluer, assume le patron du Gault&Millau. On a évidemment évalué les restos, mais plus positivement que d’habitude. D’ailleurs, en général, on n’est pas là pour retirer des points. Et cette année, on a fait preuve d’une grande ouverture d’esprit. Mais on a fait de très bons repas! Les chefs présents dans le guide ont fait un effort fabuleux! »

À commencer par Christophe Pauly donc (cf. ci-dessous), nouveau « chef de l’année », après David Martin (La Paix à Bruxelles) en 2019 et Bert Meewis (Restaurant Slagmolen à Oudsbergen) en 2020. Etoilé dès l’âge de 26 ans en 2005, le chef wallon continue de pratiquer au Coq aux Champs à Soheit-Tinlot, dans le Condroz liégeois, une superbe cuisine de produits. « Son style est dans l’air du temps, basé sur la finesse et l’équilibre des assiettes, commente Marc Declerck. Il cuisine à sa façon, sans vouloir en mettre plein la vue; tout est bien pensé, mais rien n’est jamais stérile. C’est une cuisine proche des différents terroirs, dans un lieu agréable, avec un service jeune, mais bien réalisé. Lors de ma visite, j’ai aussi été très agréablement surpris par la qualité des accords mets-vins. »

Christophe Pauly et son épouse Catherine Lebrun, le cœur vibrant du Coq aux Champs. Photo Idrisse Hidara

Moins d’inspections

Si le Gault&Millau a pu sortir, sans trop de casse, son guide des restaurants (mais aussi celui des chocolatiers), il a dû revoir quelque peu sa méthodologie. Le directeur du guide avoue qu’il y a eu 15 à 20% d’inspections en moins cette année pour recenser les 1350 adresses du guide. « On est plus près des 800 visites que des 1000 habituelles. On a un peu moins d’inspection, mais certains restos font la même chose depuis 10-15 ans, en proposant toujours les mêmes classiques. Si on n’a eu pas de réactions, s’il n’y a pas eu de nouveau chef, pas de changement de formule, on saute un an. Notre métier consiste aussi à sentir les adresses qui sont les plus urgentes à visiter. Mais on en a quand même fait beaucoup. Depuis 18 ans qu’on a repris le guide, on a développé un réseau très important, avec plus de 30 inspecteurs prêts à passer le turbo quand il le faut. »

Si le Gault&Millau a choisi de sortir son guide comme chaque année en novembre, c’est aussi parce qu’il est en grande partie prévendu à des sociétés, qui l’offrent en cadeau à leurs employés ou à leurs clients. D’un point de vue médiatique, l’impact risque cependant d’être moins important auprès du grand public, alors que les restaurants sont toujours fermés et ce sans doute pour quelques longues semaines encore. « Je ne pense pas, nuance M. Declerck. On veut passer le message que le secteur existe. On sait qu’il y aura des changements dans les mois à venir, mais un guide, ça dure 12 mois et les restaurants ne seront pas fermés ad vitam aeternam. On a voulu honorer les chefs, leur dire qu’on pense à eux. C’était une année difficile; on tire donc doublement notre chapeau aux lauréats 2021! »

La soupe de cèpes selon Christophe Pauly. Photo Idrisse Hidara

3 Questions à Christophe Pauly,
chef de l’année au GaultMillau 2021

Photo Idrisse Hidara

Quel a été votre sentiment en apprenant que vous étiez chef de l’année?

D’abord de la surprise. Et puis du plaisir. Cela me conforte surtout dans l’envie d’aller plus loin dans la direction que j’ai prise dès le début, qui n’était donc pas trop mauvaise. Parfois, j’ai l’impression que ce que je fais est un peu radical, mais au final, ça paye. Cela me conforte dans certaines prises de risques. Cela donne de la confiance pour aller un peu plus loin encore. Une deuxième étoile au Michelin, cela fait partie des objectifs secrets…

Comment le Gault&Millau a-t-il justifié ce prix?

D’abord par le fait qu’ils ont fait beaucoup de visites cette année au Coq aux champs. Ils ont salué notre cuisine, notre identité, mais aussi celle de la maison. Je veux que Le Coq aux champs soit un endroit vivant, dynamique, convivial, avec de beaux produits, mais sans prétention. C’est ce dynamisme qui est récompensé, mais aussi une forme de transmission. Ainsi, mon ancien second, Jean Vrijdaghs, est désormais étoilé au Gastronome, tandis que j’ai un jeune qui vient de partir et qui va ouvrir près de Liège. C’est un ensemble de choses qui font que tu es élu chef de l’année…

Comment voyez-vous la suite dans ces conditions si particulières?

On verra… Je vis au jour le jour. On continue le take-away, qui me permet de continuer à faire mon métier. Mais on fait simple et bon. C’est impossible de reproduire la cuisine du restaurant, où je fais tout à la minute pour chaque table, de la cuisson des légumes aux jus… Mais c’est avec la même qualité de produits et avec la même philosophie. Cet été, on a super bien bossé. On a la chance d’avoir de l’espace, ce qui fait que je n’ai pas perdu trop de tables. Pour le futur, on va voir quand on va pouvoir reprendre… Mais ce que je veux, c’est assumer ce titre de meilleur chef de l’année et ne pas décevoir les clients qui viendront peut-être chez moi pour la première fois grâce à celui-ci.

Les résultats détaillés 2021 en Belgique

Les distinctions du Gault&Millau 2021
  • Chef de l’année: Christophe Pauly au Coq aux Champs (17,5/20) à Soheit-Tinlot Notre critique
  • Jeune chef de l’année à Bruxelles: Kevin Lejeune à La Canne en ville (15/20) à Bruxelles Notre critique
  • Jeune chef de l’année en Wallonie: Stefan Jacobs du Hors-Champs (15/20) à Gembloux Notre critique
  • Jeune chef de l’année en Flandre: David Grosdent à L’Envie (15,5/20) à Zwevegem Notre critique
  • Découverte de l’année Bruxelles: La Bonne chère (13,5/20) à Bruxelles
  • Découverte de l’année Wallonie: Quai n°4 (13,5/20) à Ath
  • Découverte de l’année Flandre: Blanc by Aytems (13,5/20) à Saint-Trond
  • Prix-plaisir à Bruxelles: Ventre Saint-Gris à Uccle (13/20)
  • Prix-plaisir en Wallonie: La Gare d’Hamoià Hamois (14/20) Notre critique
  • Prix-plaisir en Flandre: Rizoom à Gand (13,5/20)
  • Prix POP à Bruxelles: Nénu (12/20) à Bruxelles Notre critique
  • Prix POP en Wallonie: Asie à Tik à Mons
  • Prix POP en Flandre: Baracca (13/20) à Louvain
  • Gastro-bistro de l’année: Les Potes au feu (12/20) à Namur
  • Brasserie de l’année: Bar Bulot (14/20) à Bruges
  • Hôtesse de l’année: Marieke Moyaert au Schatteman (16/20) à Hertsberge
  • Italien de l’année: Gellius (14/20) à Knokke-Heist
  • Asiatique de l’année: Saito Harumi du Samouraï (16,5/20) à Bruxelles Notre critique
  • Terrasse de l’année: Brugmann (13,5/20) à Bruxelles Notre critique
  • Restaurant au plus beau design: Cuchara (17/20) à Lommel
  • Sommelier de l’année: Tom Ieven du Hof van Cleve (19,5/20) à Kruisem Notre critique
  • Dessert de l’année: Nuance (18/20) à Duffel
  • Artisan cuisinier de l’année: Michaël Rewers du Bistrot du Nord (15/20) à Anvers
  • Plat des légumes de l’année: Brutal by Bruut (15,20) à Bruges
  • Nouveauté remarquable de l’année: Le Pristine à Anvers
  • Nouveau concept de l’année: Bartholomeus à Knokke-Heist
  • Carte des vins de l’année: Arden au Château de Vignée à Rochefort
  • Carte des bières de l’année: La Marelle à Blaregnies
Les meilleurs restos du Gault&Millau 2021 (de 19,5 à 16/20)

Progression en rouge / Descente en mauve / Distinctions

19,5/20

19/20

18,5/20

  • Comme chez soi (Bruxelles)

18/20

  • Arabelle Meirlaen (Marchin)
  • Bartholomeus (Knokke-Heist) NOUVEAU CONCEPT DE L’ANNÉE
  • Het Gebaar (Anvers)
  • The Jane (Anvers)
  • De Jonkman (Bruges)
  • Nuance (Duffel) +0,5 DESSERT DE L’ANNÉE
  • Slagmolen (Opglabbeek)
  • ‘t Zilte (Anvers)

17,5/20

17/20

16,5/20

  • Alain Bianchin (Overijse)
  • Castor (Beveren-Leie) +0,5
  • Le Château du Mylord (Ellezelles)
  • Hostellerie Le Fox (La Panne)
  • De Kristalijn (Genk)
  • Philippe Fauchet (Saint-Georges-sur-Meuse)
  • Samouraï (Bruxelles) ASIATIQUE DE L’ANNÉE
  • Sans cravate (Bruges)
  • Sel gris (Knokke-Heist)

16/20

  • Altermezzo (Tongres)
  • ‘t Aards Paradijs (Nevele)
  • L’Amandier (Genval)
  • Au gré du vent (Seneffe)
  • Benoît en Bernard Dewitte (Ouwegem)
  • Bienvenue chez vous (Namur)
  • La Botte (Genk) +0,5
  • Chai gourmand (Gembloux)
  • Colette De Vijvers (Averbode)
  • Le Cor de chasse (Wéris)
  • Didier Galet (Sprimont)
  • Dôme (Anvers)
  • La Durée (Izegem)
  • Eyckerhof (Bornem)
  • Den Gouden Harynck (Bruges)
  • Le Gril aux herbes d’Evan (Wemmel)
  • Hostellerie St-Nicolas (Elverdinge)
  • Innesto (Houthalen)
  • L’impératif – Domaine d’Arondeau (Roucourt)
  • JER (Hasselt)
  • Kamo (Bruxelles)
  • Kommilfoo (Anvers)
  • ‘t Korennaer (Nieuwkerken-Waas)
  • Markt XI (Le Coq)
  • De Mijpaal (Tongres)
  • Oak (Gand)
  • De Pastorie (Lichtaart)
  • Le Pilori (Ecaussines-Lalaing)
  • Le Pristine (Anvers) NOUVEAU
  • Sir Kwinten (Lennik)
  • De Schone Van Boskoop (Boechout)
  • Schatteman (Hertsberge) HÔTE DE L’ANNÉE
  • Senzanome (Bruxelles)
  • De Stadt van Luijck (Saint-Trond) +0,5
  • Terborght (Huizingen)
  • La Villa des Bégards (Embourg)
  • Vivendum (Dilsen-Stokkem)
  • Willem Hiele (Coxyde)

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