“Duels en cuisine” passe en mode finales ce jeudi à 22 h 05 sur La une. Le chef du « Chalet de la forêt » Pascal Devalkeneer, juge de l’émission, nous livre ses impressions à mi-parcours de la téléréalité culinaire.

Téléréalité culinaire, Duels en cuisine, Pascal Devalkeneer, Chalet de la forêt

En ce 25 décembre, Pascal Devalkeneer et Julien Lahire seront rejoints par Jean-Philippe Watteyne pour juger les cinq couples toujours en lice sur une épreuve de barbecue sous la pluie…

Après l’arrêt de “Comme un chef”, la RTBF a poursuivi l’aventure de la téléréalité culinaire non plus en compagnie d’apprentis cuisiniers mais de duos d’amateurs. Trop proche de l’esprit d’“Un dîner parfait”, dont RTL-TVI abreuve les téléspectateurs depuis 2008, Duels en cuisineH n’a pas trouvé son public (avec à peine 10  % de pdm). L’émission a donc rapidement été reléguée en seconde partie de soirée.

Entre « Un dîner presque parfait » et « MasterChef »

Présentateur et juge de l’émission aux côtés de Julien Lahire, le chef doublement étoilé Pascal Devalkeneer était conscient de cet écueil dès le départ… “Quand on nous a présenté le format, je ne voulais pas que ça ressemble au “Dîner presque parfait”. Je voulais qu’on ne cote que l’assiette et pas la couleur des rideaux ou le sourire de la patronne. On nous a dit qu’il s’agirait d’amateurs d’un bon niveau et qu’on ne jugerait que l’assiette. Puis j’ai vu que les profils de candidats avaient l’air très chouettes… Humainement, les contacts ont été très bons. Entre eux. Il n’y a pas eu de mesquineries. Ils étaient très solidaires.

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A partir de cette semaine, “Duels en cuisine” change de dynamique, avec quatre émissions finales qui se rapprochent plus de “Master Chef”. Les équipes seront en effet opposées dans une série d’épreuves éliminatoires. Ce jeudi, les cinq duos toujours en lice s’affronteront par exemple autour d’un barbecue, cuisinant sous la pluie pour les campeurs d’un camping de La Roche-en-Ardenne. Toute ressemblance avec une autre émission de téléréalité est tout sauf fortuite…

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Juger des amateurs

Comme dans “Master Chef”, des chefs professionnels sont appelés ici à juger des amateurs. “Définir un niveau de cuisine amateur est très compliqué, reconnaît le chef du “Chalet de la forêt”. Quand on doit coter des amateurs, des apprentis ou des professionnels, il faut à chaque fois se mettre une échelle de valeurs. C’est ce qu’on a fait au début et on s’est tenu à cela. Ce sont tous des passionnés. Ils avaient envie de gagner mais aussi de bien faire, d’être fiers de leurs réalisations. Ça, c’est le côté positif. Quand ils ont été chez eux, ils ont eu la pression. Ils ont parfois perdu leurs moyens. C’est intéressant de voir comment on réagit quand on doit cuisiner pour 12 personnes qui vont vous juger. On a vu des crises de nerfs, des plats ratés alors qu’ils étaient alléchants sur papier. Le résultat à parfois été assez décevant.

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Sur les réseaux sociaux, Lahire et Devalkeneer ont d’ailleurs souvent été accusés d’être trop durs avec les candidats de “Duels en cuisine”. “Les gens qui me connaissent pensent que je n’étais pas dur mais juste, se défend le chef. Le but n’était pas de les casser. On a eu des bonnes et des mauvaises surprises. Je m’attendais peut-être à avoir des choses plus maîtrisées. Mais une première saison donne le diapason. Ça a été la même chose pour “Top Chef” ou “Master Chef”. Au début, les candidats n’étaient pas aussi forts qu’ils le sont aujourd’hui.”

Ces candidats, biberonnés aux téléréalités culinaires depuis 5 ou 6 ans, sont-ils de vrais passionnés de cuisine ou simplement avides de médiatisation  ? “Un passionné de tennis va regarder tous les tournois de tennis… C’est la même chose. Ils s’intéressent à la cuisine; ils regardent ces émissions. Mais, je le vois bien sur Facebook, nos candidats continuent de cuisiner après l’émission. Je ne pense pas que c’est la télévision qui leur a donné l’envie de cuisiner. Mais les médias entretiennent cette envie…

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La télé, une obligation professionnelle pour un chef

Pour pascal Devalkeneer, participer à une émission comme “Duels en cuisine” n’est pas qu’un choix; c’est presque une obligation professionnelle. “Malheureusement oui. On a de grosses maisons, avec beaucoup de personnel, beaucoup de frais. On ne peut pas se permettre d’avoir des périodes creuses. On cherche à rester raisonnable au niveau des prix mais on doit faire un certain nombre de couverts. Même si on a deux étoiles, on touche un pourcentage de clientèle pas si énorme. Le fait de se montrer permet de toucher de nouveaux clients ou d’en inciter d’autres à revenir.

Le métier de cuisinier a en tout cas bien changé depuis ses débuts… “Quand j’ai commencé il y a 22 ans, je me rends compte que j’étais un enfant gâté. Il n’y avait pas besoin de la médiatisation. Il suffisait juste de faire bien son travail pour avoir des clients… Aujourd’hui, il y a plus de concurrence. Et puis, c’est la crise. Des gens qui venaient peut-être une fois par mois ne viennent plus qu’une fois tous les deux mois… On devrait se faire plus plaisir en participant à ce genre d’émissions, et c’est le cas… Mais on doit aussi le faire pour montrer qu’on travaille, qu’on innove.

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Pour le chef, participer à une telle émission se fait forcément au détriment du temps passé en cuisines. “J’ai une brigade de 15 personnes qui travaillent avec moi. Je suis 90  % du temps en cuisine mais il pourrait m’arriver d’être malade. Le restaurant doit pouvoir fonctionner sans moi.”

Un miroir déformant du métier

Paradoxalement, si le succès de la téléréalité attire tous les regards vers la cuisine, elle biaise aussi la vision du métier… On fait des métiers manuels. On a besoin de personnel pour nettoyer les légumes, pour écailler un poisson, de découper un agneau. On se rend compte que les jeunes qui débarquent chez nous ne sont plus formés. Ils sont surpris qu’il y ait tant de travail; ils ne pensaient pas que c’était si difficile. Ils croient qu’on passe son temps à faire les guignols un peu partout. Tandis que certains clients, qui regardent ces émissions, viennent au restaurant et jugent, sans aucune qualification particulière. Ils me disent : “Pourquoi avez-vous fait cela comme ça, alors que j’ai vu qu’il fallait faire comme ça ?” Je dois leur expliquer que c’est ma personnalité !”

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