Chaussée d’Alsemberg à Saint-Gilles, l’excellente « La buvette » a doublé sa capacité il y a sept mois mais reste l’un des meilleurs restos de Bruxelles. Le jeune Alsacien Nicolas Scheidt ne manque d’ailleurs pas de projets pour les mois à venir…
Un coup de boost en cuisines
Débarqué à Bruxelles en 2010 pour reprendre « Le café des spores », Nicolas Scheidt (qui officiait à « L’office » à Paris) a donné un coup de jeune au paysage culinaire de la capitale en ouvrant, juste en face de l’institution saint-gilloise dédiée aux champignons, « La buvette ». Installée dans une ancienne boucherie chevaline classée, sa petite table est vite devenue l’un des rendez-vous privilégiés des foodies.
Quatre ans plus tard, « La buvette » a déjà bien changé. Début de l’année, Nicolas Scheidt ouvrait ainsi une salle à l’étage. De quoi doubler la capacité des lieux mais aussi donner un coup de boost en cuisines. D’où sort toujours un menu unique particulièrement bien pensé, décliné en 7 ou 9 services (45 ou 55€). A déguster avec une bouteille de vin nature (comme un excellent Beaumes de Venise 2010, cuvée Terres jaunes, de la Ferme Saint-Martin, 41€) ou une bière. Dans les deux cas, la carte est très riche.
Une cuisine très personnelle
Auteur d’une cuisine très personnelle et inventive, Nicolas Scheidt impressionne par sa capacité à mettre en scène des saveurs inédites. Ce n’est pas toujours parfaitement réussi (comme ce dessert autour de la pomme et des herbes où domine un peu trop la coriandre) mais cela offre parfois de formidables découvertes.
Comme cette espuma de chocolat blanc et romarin, dont la douceur contraste parfaitement avec la betterave fumée. Une superbe mise en bouche proposée avec un délicieux beignet de poulpe, sauce poivron et menthe et un cube de pastèque à la crème d’ail noir.
Agréable, le velouté froid de courgette est relevé de petites moules de bouchot et d’éclats de noisette. Dommage que les moules n’aient pas été tiédies…
L’aubergine grillée toute simple est accompagnée de façon très originale par un flan de pana cotta et d’une inventive chapelure au boeuf séché.
On adore aussi la simplicité de cette tombée d’épinards, servie avec une ricotta maniée aux pignons de pin et une étonnante sauce aux graines de sésame noir toastées au praliné.
Anguille fumée laquée, concombre grillé, crème miso et fleurs est un très joli plat visuellement, plutôt bien pensé avec ses saveurs japonisantes mais qui joue un peu trop sur le côté fumé.
Plus classique, le cabillaud se fait tout aussi convaincant, posé sur une compotée d’oignons, dans une crème au lait d’amande.
Pour la seule viande du repas, le cochon confit est une tuerie de tendreté et on aime l’idée de contrebalancer sa douceur par de la rhubarbe fraîche utilisée en légume. Malheureusement, pas assez cuite, celle-ci se révèle trop acide.
Tandis qu’avant de clôturer le repas sur la fondante tarte tout chocolat, un classique de la maison, on savoure encore une délicate glace au petit lait, cerises au vin épicé et des meringues framboise.
De nouveaux projets
On a déjà hâte de découvrir, fin septembre, en face de « La buvette », le Hopla Geiss, boulangerie-comptoir où l’Alsacien Scheidt proposera notamment de la flammekuche. Ou encore de goûter son futur vin. Avec son excellent sommelier Mathieu Dubrana, ils ont en effet investi dans un vignoble en… Serbie !
Cette critique a été publiée dans le « Trends-Tendances » du 31 juillet 2014.
Envie d’y goûter?
- Cote: 8/10.
- Cuisine: bistronomique.
- Cave: vins natures.
- Cadre: bistrot.
- Terrasse: non.
- Parking: non.
- Adresse: 108 chaussée d’Alsemberg 1060 Bruxelles.
- Rens.: 02.534.13.03 ou www.la-buvette.be.
- Ouverture: du mardi au samedi soir et du mercredi au vendredi midi. Fermé mardi midi, samedi midi, dimanche et lundi.
La fille: « Mon restaurant préféré à Bruxelles car il offre un excellent rapport qualité-prix et une cuisine créative toujours gourmande. »
Le garçon: « Pensez à réserver une table en bas, dans l’ancienne boucherie, le décor a nettement plus de caractère qu’à l’étage! »
Indéniablement une des tables les plus intéressante de Bruxelles. Rapport niveau de cuisine et prix remarquable. On aime manger de produits simples révélés par des produits asiatiques ou des techniques comme le fumage au foin. C’est l’idée que je me fais d’une cuisine démocratique car elle est sensationnelle et accessible. Je crois aussi que la vinaigrette au sésame noir du plat qu’ils ne pourraient enlever de leur menu restera gravé en moi pour toujours. Maintenant, on s’amuse beaucoup au salé-sucré typique d’une nouvelle vague anglaise et c’est très efficace mais c’est aussi casse-gueule pour les vins. Certaines de ses bouteilles natures sont merveilleuses mais seulement accoudé au zinc avec des copains. Au final, la raison pour laquelle je suis persuadé que Nicolas n’est pas encore prêt à recevoir son étoile est que les inspecteurs du guide appartiennent encore à la vieille école. Ils restent attachés à un niveau de service. Beurrer son pain sans assiette ni nappe, ça ne passera pas. Garder ses couverts entre les plats non plus. Un service charmant mais loin de certain codes et savoirs hôteliers, non toujours pas à ce niveau de cuisine.