Pendant 19 ans, Lisa Calcus et son mari Nicolas ont fait les belles heures des «Gribaumonts» à Angre, dans les Hauts-Pays. En février 2011, ils choisissaient de donner une nouvelle orientation à leur carrière, en déménageant leur restaurant dans la charmante rue d’Havré à Mons. Leur nouvelle adresse, nichée derrière une façade anonyme, ils l’ont souhaitée contemporaine. Tons taupe et gris, bambou… La déco, résolument moderne, est fort agréable. Sur la petite table noire trône un magnifique couteau des ateliers Perceval à Thiers. On reprend ici cette belle tradition aubracienne popularisée par Michel Bras, de conserver son couteau tout au long du repas…

A la carte, revue tous les jours, les formules s’imposent: 2 serv. (28€/45€ avec les vins), 3 serv. (39€/66€) et 4 serv. (50€/86€). On apprécie le souci du détail (bons pains-gâteaux maison, excellent beurre…) en attendant les mises en bouche. Quand celles-ci arrivent, la bonne humeur est de mise avec cette petite pastilla au lapin confit ou ce cappuccino de petits pois à la menthe. Même si le tartare de saumon au pamplemousse manque d’assaisonnement. D’autant qu’en salle, le maître de maison concocte une généreuse et irréprochable sélection de petits vins de producteurs. Comme cet excellent viognier 2010, un vin de pays des Collines rhodaniennes du Domaine Georges Vernay. Ou cet Arbois Stéphane Tissot 2009 aux notes fumées et de pierre-à-fusil.

Dommage que, malgré ses nombreux titres (Lady Chef, 16/20 au GaultMillau…), la cuisine de Lisa Calcus peine à convaincre, manquant d’assurance et d’un brin de personnalité, avec des systématismes dans les dressages, comme ces épices ou ce caramel de balsamique qui décorent tous les bords d’assiettes. 

En entrées, le filet de bœuf mi-cuit mariné aux saveurs asiatiques est un plat plein de couleurs qui propose une jolie acidité dans son assaisonnement, adoucie par une bonne mousseline carotte-gingembre. Par contre, si le croustillant de queue de bœuf et les noix de Saint-Jacques s’accordent plutôt bien, la sauce crémeuse aux aubergines et thé Lapsang Souchong – qu’on sent à peine – est trop lourde et envahit l’assiette.

Malheureusement, on retrouve dans les plats le même manque de finesse. Les rognons de veau sont gâchés par une émulsion d’ail des ours écoeurante. Tandis que la pintade fermière, farcie au chèvre et tomates confites, propose un accord un peut trop ménager, la texture grumeleuse du fromage rendant l’ensemble peu agréable. 

L’assiette de fromages affinés de Dominique Vandoorne permet toutefois de clore la soirée sur une note plus positive. Tout comme le dessert, une intelligente déclinaison autour de la pomme: julienne de Granny Smith-gingembre, glace de cuberdon aux pommes et crumble pomme-noisette.