Lemaire.jpgUne polémique oppose en ce moment les responsables du guide Lemaire au quotidien flamand Het Nieuwsblad qui, dans son édition du 19 novembre, a remis en cause l’indépendance du guide en expliquant pourquoi certains restaurants, et pas des moindres (« Sea Grill », « Comme chez soi » ou « Bruneau »), ne figuraient pas dans l’édition 2009 du Lemaire. Ces derniers ont en effet tout simplement refusé d’inviter à manger les inspecteurs du Lemaire… 

Voilà une info qui ne va pas aider un guide Lemaire déjà moribond depuis des années… Sa direction a beau s’indigner, envoyer un Droit de réponse au « Nieuwsblad », on ne voit pas très bien comment le journal pourrait être attaqué. D’autant que figure dans ce Droit de réponse le texte de la lettre envoyée aux restaurateurs. Laquelle confirme en effet que le Lemaire visite peut-être bien tous les restaurants dont il parle mais uniquement s’il se fait inviter…

L’éditeur a beau se justifier en disant que de telles pratiques existent déjà dans des domaines comme l’automobile ou le tourisme, il s’agit encore et toujours d’un tabou dans l’univers de la gastronomie. Et il n’est pas certain que les lecteurs du guide soient à même de comprendre une telle démarche, qui ne se justifie que du seul point de vue économique…

   

Voici le texte de la lettre envoyée aux chefs:

 

Bas les masques, on joue franc jeu !

Madame, Monsieur

Le reproche que l’on fait souvent aux guides, c’est que certains restaurants se voient attribuer une cote… alors qu’aucun «inspecteur» ne leur a rendu visite.  Si la cote est bonne, tout va bien. Dans le cas contraire, il y a grincement de dents… et on le comprend.

On se souviendra qu’il y a 3 ans, un inspecteur du plus célèbre guide gastronomique français dénonçait dans un livre les pratiques de son éditeur, à savoir l’absence systématique de visites annuelles pour l’ensemble des restaurants référencés.

Il en est de même malheureusement en Belgique, et cela pour tous les guides, pour raison financière bien simple.

Faites le compte: à une moyenne de 100 euros pour 2 personnes, la visite de mille établissements coûterait plus de 100.000 euros rien qu’en additions de restaurants. Avec les frais de traduction, de production et d’impression, l’éditeur devrait commercialiser son guide à un prix inabordable… et n’en vendrait donc aucun!

Dans tous les domaines de la communication et du journalisme, il est d’usage que la personne concernée par la critique et l’écriture mette à disposition libre du journaliste l’objet ou le service à analyser. 

Un journaliste auto n’achète pas, ni ne loue, la voiture dont il va faire l’essai, le constructeur la met à sa disposition gracieusement.
Un journaliste de tourisme ne paie pas l’avion et le séjour dans la nouvelle station balnéaire à la mode, il est intégralement pris en charge par l’agence.
Il en va de même dans tous les domaines de l’actualité, des loisirs et de la culture. 

Il n’y a que dans la critique gastronomique où, même si l’on suit la même pratique, cela se fait de manière détournée et non franche, avec toutes les complicités malsaines que cela engendre.

Le Guide Henry Lemaire a été le premier à tomber le masque et à jouer franc jeu: dès l’année dernière, il a demandé officiellement aux restaurateurs ayant un potentiel culinaire attractif de solliciter la visite du guide et de l’inviter.

Si, dans un grand pays comme la France, il suffit pour les inspecteurs de se coller « une fausse moustache » pour passer incognito, il n’en va pas de même dans notre petit pays où plus de la moitié des restaurateurs connaissent personnellement la majorité des journalistes et critiques gastronomiques. C’est dire à quel point la soi-disant « visite incognito » est une contre-vérité dans un pays où tout le monde se connaît, et n’est que l’alibi facile pour ne pas devoir se justifier d’une visite réelle en rapport avec la cote donnée.

Que les sceptiques se rassurent: ce n’est pas parce que l’on est invité que la cote sera plus haute! Cette pratique contribue simplement à permettre à un guide de passer au moins une fois dans l’année dans chaque restaurant mentionné… et donc de garantir des commentaires et appréciations fiables.

De très nombreux restaurateurs, et non des moindres, avaient compris le «mécanisme» pour le Guide Henry Lemaire 2008, mais vu les réactions et critiques peu confraternelles de certains, la présente mise au point n’est donc pas inutile.

Venons en maintenant au fait : l’édition 2009 du Guide Henry Lemaire est en pleine préparation.

D’ores et déjà nous planifions la visite des 730 établissements qui seront présents dans la prochaine édition (la 32ème !).

Pour ce faire, nous vous prions de trouver ci-joint un formulaire d’invitation à nous faxer d’urgence au 02.351.26.51
ou à nous renvoyer à notre adresse :

Guide Henry Lemaire
Chaussée de Wavre, 1388
1160 Bruxelles

En vous remerciant de votre collaboration, nous profitons de la présente pour vous souhaiter une fructueuse année nouvelle.

Bien cordialement.