Ces dernières semaines, nous nous sommes passionnés pour les bagels. Après avoir réalisé nos propres bagels, nos propres fishspreads et notre coleslaw, il fallait que nous nous essayions au pastrami. Si ils le font bien eux-mêmes chez « Loulou » (mais non fumé), nous devions en être capables! Le résultat est sans doute moins joli, moins parfait à notre premier essai, mais le goût était vraiment là. On n’a donc pas regretté d’avoir pris quatre jours pour le faire. Il faut en effet s’armer de patience…

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Si le résultat n’est pas aussi rose qu’à l’accoutumée (notre pastrami était plutôt gris), c’est que nous avons finalement renoncé à utiliser de la « poudre de Prague », un additif utilisé par les charcutiers pour préserver et colorer la viande. Le problème, c’est qu’elle est non seulement difficile à trouver à Bruxelles pour un particulier mais aussi que ses composés (nitrite de sodium et/ou nitrate de sodium) ne seraient pas sans danger pour la santé. Bref, sus aux additifs et oui au naturel!

Le pastrami est une charcuterie de boeuf de la tradition juive ashkénaze. C’est visiblement vers 1870-1880 que les immigrés juifs venus d’Europe de l’Est inventèrent le pastrami. Débarqués dans un New-York à la forte immigration allemande à l’origine des Delicatessen, fameuses épiceries, mais aussi de l’introduction du hamburger, des pretzels, de l’eau de seltz, des wieners…, les Ashkénazes commencèrent à ouvrir leurs propres Delicatessen (qui a le même sens en yiddish qu’en allemand), vendant seulement de l’alimentation kasher.

C’est ainsi qu’il se mirent à vendre du pastrami, fabriqué à base de poitrine de boeuf grasse (brisket). Cette partie de la viande était une découpe autorisée dans la religion juive mais elle était surtout considérée comme d’un grand luxe. Mais dans une Amérique où l’on pratiquait l’élevage de boeuf à profusion, la misère de l’Europe de l’Est était bien lointaine. Car c’est du sud-est de l’Europe (Roumanie, Moldavie…), longtemps dominée par les Turcs, que viendrait la recette de base, en fait une méthode de conservation de la viande en l’épiçant fortement. Les Juifs ont donc appliqué cette méthode au boeuf et se seraient inspirés du mot « salami » pour inventer leur « pastrami », en utilisant le corned beef (le boeuf ayant été simplement saumuré) inventé plus tôt par les Américains. En 1945, il y avait plus de 1000 Delicatessen à New York. Aujourd’hui, ils sont beaucoup moins nombreux mais certains sont devenus cultes et certains de véritables restaurants (« Katz’s Delicatessen », « Barney Greengrass », « Zabar’s », « Carnegie Delicatessen », « Russ and Daughters »…).

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Le fameux pastrami de chez « Katz », pas qu’une légende…

Le pastrami est fabriqué à partir de poitrine de boeuf, une pièce réservée au bouilli chez nous. Et il n’est pas facile de dénicher chez nous de la poitrine bien grasse. Le résultat a donc tendance à être plus sec. La viande est marinée dans une saumure épicée avant d’être fumée puis cuite, à la vapeur (comme ici) ou à l’eau (comme chez « Katz »).

Nous avons ici suivi la recette de Michael Ruhlman, un Américain dont le blog est consacré à refaire à la maison des recettes de chef ou de l’industrie… Au fait, quand on se lance dans la cuisine anglo-saxonne, mieux vaut s’équiper de cups, teaspoons et autre tablespoons, c’est beaucoup plus simple pour les proportions…

Ne possédant pas de fumoir, nous en avons bidouillé un avec un wok en fonte muni d’une grille et de papier alu. En ajoutant quelques pinces à linge pour que ce soit un maximum hermétique… On avait percé la viande à coeur avec le thermomètre pour pouvoir vérifier la cuisson à tout moment.

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Ingrédients:

La viande: 500 g de poitrine de boeuf (ou de short ribs sans os).
Pour la saumure: 250 ml d’eau, 25-30 g de gros sel, 10-15 g de sucre, 2-3 clous de girofle, 2-3 gousses d’ail écrasées avec la lame d’un couteau, 1/4 de teaspoon (1,25 g) de grains de poivre noir, 1/4 de teaspoon (1,25 g) de graines de moutarde, 1/4 de teaspoon (1,25 g) de graines de coriandre, 1/4 de teaspoon (1,25 g) de piment sec, 1/4 de teaspoon (1,25 g) de poivre de Jamaïque, 1/8 de teaspoon (0,62 g) de noix de muscade, 1/4 de bâton de cannelle coupés en morceaux, 1 feuille de laurier écrasée, 1/4 de teaspoon (1,25 g) de clous de girofle, 1/8 de teaspoon (0,62 g) de gingembre en poudre.
Pour le fumage: 3 c.à.c. de poivre noir, 3 c.à.c. de graines de coriandre, 2 c.à.s. d’écorces de bois spécial fumage (Cameron Smoker Cooker – bois de hickory, une sorte de noyer).

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Viande saumure.jpgViande poivre.jpg

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Préparation:

Dans une casserole, mélanger tous les ingrédients de la marinade. Faire frémir jusqu’à la dissolution complète du sel et du sucre. Laisser refroidir à température ambiante puis réfrigérer.

Quand la marinade est bien froide, la transvaser dans un pot juste assez grand pour contenir la pièce de viande. Celle-ci doit être entièrement immergée. Utiliser un poids si nécessaire et couvrir. Conserver au frigo pendant quatre jours.

Oter la viande de la salaison et bien la rincer. La sécher puis la recouvrir complètement de poivre et de coriandre, que l’on aura écrasés au mortier.

Fumer la viande à sec (regarder les instructions sur le pot de bois à fumer) jusqu’à ce que le coeur de la viande ait atteint la température de 75°C. Cela peut prendre un peu de temps, selon la taille de la pièce de viande. Pour ce faire, nous avons tout simplement mis 2 c.à.s. d’écorces de bois spéciale fumage hickory au fond du wok que l’on a aspergées de quelques gouttes d’eau et mis le wok sur le double bec à gaz.

Cuire ensuite la viande quelques heures à la vapeur jusqu’à ce qu’elle soit bien tendre. A titre indicatif on l’a cuite pendant 2h45.

Le pastrami se conserve au réfrigérateur et peut être réchauffé 5 à 10 minutes à la vapeur avant d’être dégusté. Ce qui lui rend un peu d’humidité. Ce pastrami garnira évidemment un bagel ou des tranches de rye bread (pain de seigle), avec un peu de moutarde, des cornichons aigres-doux par exemple…

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Où trouver des écorces de bois spécial fumage Cameron Smoker Cooker?

  • Ecorces de bois.jpgHome of cooking.
    3 rue Léopold 1000 Bruxelles.
    Rens.: 02.218.81.20 ou www.homeofcooking.com.
    Il existe différentes essences de bois (hickory, apple, peca, mesquite… 8,50€) et vous trouverez aussi des fumoirs.