Le 44e président américain entre en fonction à l’heure où le monde vit une révolution alimentaire… En sera-t-il le porte-drapeau ? Comme dans bien d’autres domaines, son élection nourrit de grands espoirs.
Peut-on connaître un homme à ce qu’il mange ? Pourquoi pas ? On n’associe pourtant pas spécialement un président américain à la nourriture. George Bush est connu de ce point de vue pour un bretzel resté coincé dans sa gorge, Bill Clinton pour être un amateur de junk-food… Plus médiatisée que jamais, la dernière campagne présidentielle ne nous a épargné aucun détail, nous en apprenant ainsi beaucoup plus sur les goûts du 44e président américain qui, candidat, a dû se plier à toutes les sollicitations des journalistes, y compris culinaires. Et l’on a pu voir Barack Obama préparer pour ses filles des toasts au fromage ou des sandwiches au thon, mayonnaise et moutarde…
Depuis son élection, l’engouement est tel que les Américains se prêtent même à rêver d’avoir élu leur premier président réellement gourmet. Malgré son physique de végétarien, sa maison de Hyde Park a Chicago compterait en effet une cave de 1000 bouteilles, tandis que ses nombreux voyages ont forgé ses goûts plutôt éclectiques. Parmi ses adresses préférées à Chicago, on retrouve en effet des restos italiens (cf. ci-dessous), un snack de hamburgers hawaïens ou encore un restaurant chic mexicain, où il déguste notamment une soupe aztèque.
Si Obama est sans doute plus ouvert sur le monde que les présidents précédents en termes de cuisine – avant de connaître sa femme, il a appris à cuisiner indien avec son colocataire, tandis qu’il connaît bien la cuisine asiatique et hawaïenne –, il reste avant tout très représentatif des goûts américains. Il aime particulièrement le chili, qu’il aime préparer, comme les pâtes. Il apprécie également les crevettes au grits (gruau de maïs), les hamburgers (avec une bonne dose de cheddar), les pizzas, les ailes de poulets, les donuts, les gaufres, la shaved-ice. Autant de classiques américains. Et si Barack déclare ne pas aimer la bouffe anglaise, il n’hésite pas à engouffrer le matin 4 à 6 œufs avec des toasts et du bacon. Michelle Obama déclarant en effet : “We’re a bacon family !”
On le voit, la Obamania bat son plein dans tous les domaines mais on peut se demander où s’arrête la frontière avec la récupération marketing. Depuis quelques mois, a-t-on ainsi vu fleurir, jusque dans certains snacks bruxellois (comme ici un hamburger dans le métro Schuman) ou de Ramallah, des spécialités étiquetées “Obama”, comme la glace “Yes Pecan” de Ben & Jerry’s !
De grands espoirs
Barack Obama n’est pas seulement une bien plus fine gueule que ses prédécesseurs, il arrive surtout au pouvoir au moment où le bio est omniprésent aux Etats-Unis, qui connaissent un engouement sans précédent pour la cuisine, jusque dans les émissions télévisées aux excellents scores d’audience. Pour ceux qui veulent révolutionner la politique alimentaire aux Etats-Unis, son élection a donc soulevé de grands espoirs, comme l’expliquait récemment le “Herald Tribune”. Lequel s’empresse de préciser qu’aucun projet de changement radical de la politique agricole n’est cependant sur la table. Et avant même son entrée en fonction, Obama est déjà très critiqué par les associations de défense des consommateurs, qui lui reprochent la nomination au ministère de l’Agriculture de Tom Vilsack, ancien gouverneur de l’Iowa. Un homme que ses détracteurs jugent trop proche de l’industrie biotechnologique (OGM) et pas assez de l’agriculture biologique ou du développement durable.
Même si Obama s’est placé durant la campagne en défenseurs des petits fermiers, jugeant exorbitant le prix pratiqué par des magasins comme Whole Food concernant notamment la roquette (arugula en anglais). Au point d’en devenir un véritable running gag (photo)…
Signe des temps, certains, comme le chef new-yorkais Danny Meier, ont néanmoins proposé leurs services à Obama pour dénicher un nouveau chef pour la Maison Blanche, qui utiliserait plus de produits locaux et bio (notamment issus d’un possible jardin présidentiel…). Dans l’idée que si le président change ses habitudes, les Américains pourraient suivre.
Un menu historique
Le menu officiel du Congrès, sur le thème « A New Birth of Freedom », sera, constitué de plats qu’appréciait Lincoln, à l’occasion du 200e anniversaire de la naissance de l’ancien président… Mardi, on mangera donc comme en 1861: ragoût de fruits de mer (pétoncles, crevettes, homard) en pâte feuilletée, magret de canard au chutney de cerise, faisan rôti servi avec de la mélasse, des patates douces et des légumes d’hiver. En dessert, une apple pie à la cannelle.
Obama et la cuisine
Très informé, Obama Foodorama est devenu une référence. Eddie Gehman Kohan y aborde de façon très sérieuse les liens les plus divers qui peuvent se tisser entre Obama et la cuisine. Ou quand le village global donne accès à tous les renseignements immaginables, jusqu’au détail de ce que mange Obama ou de ce qu’ont mangé les anciens présidents américains…
Une pizza présidentielle
Italian Fiesta Pizzeria
1400 E 47th Street (at Lake Park Ave), Chicago IL 60653.
Tél.: (773) 924-5339.
Le resto préféré d’Obama à Chicago. Sa pizza devrait figurer aux festivités d’investiture du 20 janvier prochain.
Obama critique gastronomique
Dans cette émission de 2001, le sénateur de l’Illinois Obama défend “Dixie Kitchen”, un snack cajun près de chez lui. De la cuisine simple, savoureuse et à un prix raisonnable…