L’autre soir, nous sommes tombé sur une super petite adresse, un bistrot bruxellois où l’on boit quelques godets naturels tout en mangeant une cuisine ultra-simple mais savoureuse car basée sur d’excellents produits. Un véritable régal…
Article publié dans « La Libre » du 12 janvier
Bon, la rue n’est pas très passante… Elle est même plutôt lugubre. Pourtant, elle recèle un de ces petits bistrots sympas comme il y en a par dizaines à Paris et si peu à Bruxelles. Que les amateurs de décors tendance ou de cuisine fusion top branchouille passent illico leur chemin. Ici, tout est dans la simplicité, le côté nature. Normal puisqu’“A bout de soufre” (également vinothèque) se consacre uniquement, comme son nom le suggère, aux vins naturels, bio, non filtrés… Bref à ces breuvages parfois un peu bruts de décoffrage aux accents de cidre ou de bière,mais le plus souvent surprenants par leur tenue, leur originalité.
Minuscule, l’endroit, simplement décoré de carrelages bordeaux, d’un grand tableau noir où s’inscrivent les neuf suggestions du jour et d’un bar, n’accueille qu’une petite vingtaine de personnes. Bonne surprise, il ne s’agit pas
d’une clientèle branchée mais bien de véritables connaisseurs. Ainsi, l’autre soir, trois commis de cuisine discutaient boulot et vins autour d’un décanteur aux couleurs enivrantes, tout en grignotant d’excellentes charcuteries (6 € la petite planche/12 € la grande), avant d’enchaîner avec le très appétissant pot-au-feu de pintade (14€).
Si la clientèle est connaisseuse, les patrons, deux jeunes gars, également. En salle, Maxime apporte bonne humeur et conseils. C’est que, sans en avoir l’air, le jeune sommelier est un vrai pro, ayant fait ses classes chez Veyrat à Megève et à l’Elysée. Aux fourneaux, Guillaume est, lui, passé par le “Comme chez soi” ou chez “Bon Bon”. Mais qu’on ne s’y trompe pas, “A bout de soufre” est tout sauf une adresse gastronomique. Il est plutôt ici question d’ode au terroir, à travers des plats rustiques, que l’on fait passer avec quelques canons bien choisis (de 2 à 4€ au verre).
Si la cuisine est simple, elle est extrêmement savoureuse. La clé ? L’excellence de produits sélectionnés avec soin : fromages, charcuteries, viandes, pain Poilâne, etc. Il n’en faut pas plus pour régaler les appétits à coups de boudin noir du Sud-Ouest et stoemp de butternut (12€), de cassoulet aux haricots tarbais (17€) ou d’andouillette AAAA grillée, rattes du Touquet (17€).
Quel plaisir de parcourir une telle carte de bistrot sans aucun chichi. On craque pour le saucisson lyonnais pistaché servi sur un lit de lentilles vertes au bouillon (14€) et surtout pour des tripes fondantes à la mode de Caen (12€). Avec ça, un costaud et épicé Côtes du Roussillon Villages 2006 (21€/16€ à emporter) du Domaine du possible (cuvée C’est pas la mer à boire…) fait très bien l’affaire.
Dilemme ensuite, achever la bouteille avec un bout de fromages fermiers (6€/12€) ou se laisser tenter par un peu de sucré ? Les deux mon capitaine ! D’autant qu’en dessert, on découvre un étonnant crémet nantais (5€), fromage frais à la crème et au blanc d’oeuf de la maison Beillevaire (qui fournit aussi le beurre). Un délice aérien qui s’accompagne ce soir de crème demarron.
Bref, chez Maxime et Guillaume, c’est la cantine rêvée pour laisser libre cours à sa gourmandise sans se ruiner. On a déjà envie d’y retourner !
Envie d’y goûter?
A bout de soufre. 11 rue Tasson-Snel 1060 Bruxelles.
Ouverts du lundi au vendredi, de 11 à 23h. Fermé samedi et dimanche.
Les samedis seront ouverts uniquement lors d’animations (dégustation en présence de vignerons, cours d’oenologie) ou, avec reservation, pour un groupe minimum 10 personnes.
Nouvelle formule de dégustation au verre les jeudis et vendredis
Rens. : 02.537.27.00 ou www.aboutdesoufre.com.
La fille: « J’ai bien envie d’aller très vite goûter autre chose et surtout le cassoulet. »
Le garçon: « On y retourne quand tu veux! J’adore ce genre d’endroit. Sans aucune prétention mais très gourmand. »