Out les magazines avec des fiches recettes, place à des revues plus denses, où l’on privilégie le reportage et les photos de qualité façon mook, à mi-chemin entre le livre et le magazine. Place aussi aux magazines de niche, qui s’adressent aux vrais foodies, aux hommes ou aux esthètes. Encore une fois, les Anglo-Saxons sont à la pointe, mais l’on trouve également quelques beaux exemples en France ou en Suède  !

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Fool. L’intello

Élu meilleur magazine culinaire 2013 aux Gourmand World Cookbook Awards, “Fool” ne cesse de faire parler de lui depuis son lancement en mai 2012. Peut-être parce qu’il a été créé par un couple de Suédois (elle, directeur artistique, lui, photographe) et s’inscrit donc dans la vogue “Nordic Cuisine”. Mais surtout parce qu’il nous fait voyager aux quatre coins du monde en abordant des thématiques pointues. Dans le dernier numéro, on s’intéressait ainsi au concept de religion au sens large, selon les plus grands chefs de la planète. On y dresse ainsi le portrait d’un dieu de la gastronomie, Paul Bocuse, illustré par une incroyable photographie vintage d’Anthony Blake où le chef de file de la Nouvelle Cuisine incarne le Christ de la dernière Cène et Dutournier, Guérard, Senderens… jouent ses apôtres.

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“Fool” a été conçu en s’inspirant de l’esthétique des magazines de mode haut de gamme, avec de superbes portraits-photos ou des mises en scène décalées qui ne rappellent en rien les codes des magazines culinaires.  Une revue luxueuse, qui alterne papier mat et papier glacé. Ici, la gastronomie, c’est du sérieux ! Pas question donc pour les auteurs de s’avilir en donnant des recettes. Superbe mais franchement élitiste.

  • Trimestriel. En anglais. Env. 25 €.
    Rens. : www.fool.se.


Lucky Peach. L’ovni

Créé en juin 2011 par David Chang, chef coréano-américain du “Momofuku” à New York, “Lucky Peach” est un ovni dans le paysage des magazines culinaires. Il doit son originalité à certaines monothématiques inédites – des ramens à l’apocalypse – mais aussi à sa manière de traiter son sujet au travers d’essais, de poèmes, de photographies, de recettes… On aime le ton humoristique et irrévérencieux de certaines chroniques, les récits atmosphériques, les nombreuses découvertes au fil des pages…

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Même si David Chang est un chef mondialement acclamé et qu’il s’offre la plume du journaliste gastronomique Anthony Bourdain, “Lucky Peach” n’en reste pas moins une revue qui envisage la nourriture au quotidien, sincère et qui sent le vécu. Un petit point négatif : la densité et le côté égocentrique de certains textes.

  • Trimestriel. En anglais. Env. 38€ pour 4 numéros.
    Rens. : www.lky.ph.

 

Omnivore Food Book. Le touche-à-tout

On connaissait le guide Omnivore des restaurants ou le festival du même nom, qui essaime désormais aux quatre coins du monde pour promouvoir la “jeune cuisine” ou la “pop gastronomie”. Il faut désormais compter sur “Omnivore Food Book”, un très beau mook qui accueille tous les genres (texte, BD, musique, photographie) et qui nous sert des bonnes adresses à Paris mais aussi à l’étranger, des interviews de foodies notoires, des histoires de produits et de leurs producteurs…

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On aime tout particulièrement la rubrique “livre de chevet”, où on nous susurre ce que lisent nos chefs préférés, les textes plus engagés sur un nouveau modèle de production et de consommation ou la playlist d’un service en cuisine à écouter grâce à des QR code. On reste plus perplexe face à des articles trop modeux, où l’on fait de la psychologie de comptoir sur le système pileux des cuisiniers barbus (dans le premier numéro non illustré ici)…

 

180°C. Le complet

Uniquement disponible en librairie et non en kiosque, “180°C” affiche la couleur en s’adressant “aux esthètes”. Heureusement, sous ses atours élitistes – photos, illustrations, mise en page et même le papier sont top ! –, ce mook français s’adresse en réalité à tous les amateurs du bien manger, sain et de saison de préférence. De très belles plumes indépendantes y croquent de jolis portraits de chefs, de producteurs et de vignerons qui sortent du lot par leur personnalité attachante et leur démarche responsable.

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On adore les recettes du marché, longuement expliquées (mais pas difficiles), ponctuées de commentaires d’encouragement, ou les plus techniques, réalisées par le MOF Éric Trochon. Le magazine ouvre aussi ses pages à des blogueurs, comme Bernard Laurance, qui décrypte la réalisation d’une spécialité culinaire du monde, comme les pasteìs de nata portugais.

 

Itinéraires d’une cuisine contemporaine. L’arty

Nouveau venu parmi les magazines culinaires, le premier numéro d’“Itinéraires d’une cuisine contemporaine” est sorti en septembre. À l’origine du projet, “Fulgurances”, un magazine en ligne sur l’actualité du monde culinaire, avec à sa tête des passionnés qui montent des événements où la gastronomie est traitée comme une forme d’art à part entière.

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Cette revue bilingue (français-anglais) raconte 10 chefs évoluant dans 10 pays différents au même moment. On se plaît à chercher les ressemblances, les différences, on découvre leur itinéraire. Dans ce premier opus, on rencontre Simon Rogan en Angleterre ou Kobe Desramaults en Belgique. La lecture se clôt par un carnet de 10 adresses, cette fois parisiennes. Les photos sont belles, la mise en page créative mais pas tape-à-l’œil et rappelle certaines revues d’art contemporain.

Env. 24 €. Rens. : www.fulgurances.com.

 

Beef! Man Power

Avec son slogan “Pour les hommes qui ont du goût”, “Beef !” s’adresse à un public masculin avide de gastronomie. Sorti en septembre, le 3e numéro affiche en une un énorme hamburger à faire saliver tous les mâles dignes de ce nom ! Axé conso haut de gamme, ce magazine allemand à l’origine s’adresse aux hipsters aisés, prêts à s’acheter une batterie de cuisine chic Mauviel, une friteuse de compétition, une absinthe rare ou du caviar hors de prix. On leur apprendra même à cuisiner comme un chef avec un menu pop up cartonné 100 % illustré.

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Et comme son titre le laisse supposer, “Beef !” assume son positionnement 100 % viande, mais avec bonne conscience: de la viande oui, mais moins et de la bonne, comme dirait Le Bourdonnec. Bénéficiant d’une mise en scène léchée (avec photos tape-à-l’œil, titres accrocheurs…), “Beef !” est à la gastronomie ce que “GQ” est aux magazines de mode : un prescripteur de tendances au masculin…

 

The Cocktail Lovers. London in a glass!

“The Cocktail Lovers”, c’est à l’origine un couple de Londoniens passionnés de cocktails qui lancent un site Internet recensant leurs adresses de bars préférés, leurs recettes de cocktails, des interviews de bartenders en vue… Au vu du succès, ils ont développé une offre magazine – toujours très londonien – reprenant les mêmes ingrédients mais autour d’une thématique choisie. À l’été 2014, la revue était ainsi entièrement consacrée aux femmes, tandis que l’édition automne/hiver se penche sur la notion d’innovation en matière de cocktails.

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Comme dans tous les magazines consacrés aux spiritueux, on trouve pas mal de publicités au fil des pages mais on découvre des articles intéressants à propos de l’impact des couleurs sur la façon de boire ou les techniques les plus innovantes appliquées aux cocktails (sous-vide, déshydrateur…). Cheers!