A cheval entre tradition et modernité, la cocotte est incontournable en cuisine. Les cocottes Le Creuset existent depuis 85 ans ! Reportage dans l’usine originelle de Fresnoy-le-Grand dans l’Aisne, à une heure et demi de route au sud de Lille.

Le Creuset fête cette année ses 85 ans, l’occasion de découvrir l’histoire et la fabrication des fameuses cocottes. C’est en effet en 1925, à Fresnoy-le-Grand, dans le nord de la France, qu’est née l’entreprise Le Creuset. Intéressant, ce sont en fait deux industriels belges, le premier spécialiste en fonte, l’autre en émaillage, qui sont à l’origine de la société, une fonderie destinée à l’émaillage d’ustensiles de cuisine. Et ce n’est pas un hasard si Fresnoy-le-Grand a été choisie. La petite ville d’Aisne était en effet au carrefour des transports de matières premières comme le charbon, le fer et le sable.

Aujourd’hui, Le Creuset est une des marques françaises les plus connues au niveau international. On a pu voir par exemple ses cocottes tenir un grand rôle dans le film de Nora Ephron “Julie & Julia” ! Où Meryl Streep, qui incarnait l’icône américaine de la cuisine Julia Child, faisait mijoter ses petits plats dans des Le Creuset. Et cet intelligent placement de produit a porté ses fruits : les ventes ont grimpé dans les mois qui ont suivi la sortie du film. Aujourd’hui, la marque expédie aux Etats-Unis un container de 15 à 16 tonnes par jour !

Le succès a également atteint le marché japonais, pour lequel la marque a même créé un modèle exclusif rose à paillettes ! Chaque pays bénéficie d’ailleurs d’un choix spécifique de couleurs correspondant aux préférences nationales. Le Creuset peut ainsi produire quelque deux cents couleurs différentes, même si la production tourne en général avec un panel de 35 coloris.

Au fil des années, Le Creuset a su s’adapter aux évolutions et aux tendances. L’antique et indémodable modèle orange volcanique de maman – réédité à très bon prix pour fêter l’anniversaire de la marque (cf. ci-dessous) – a fait place aux couleurs les plus tendances, comme le mauve (cassis) de cette édition spéciale “Retour du marché” ou ces plus sobres et très élégants gris galet ou terre naturelle.

Mais comment en est-on arrivé là ? Frédéric Sallé, directeur de l’usine de Fresnoy-le-Grand en place depuis deux ans, confie pourtant qu’“il n’y a de matières plus antagonistes que la fonte et l’émail !” Et d’expliquer tout le processus de fabrication de la fonte émaillée Le Creuset en déambulant à travers les allées de l’usine originelle, toujours en activité.

L’entreprise de Fresnoy-le-Grand, c’est chaque jour 10  000 produits fabriqués par 450 employés. Il y a tout d’abord l’approvisionnement en acier provenant du marché automobile et en fonte venue de Russie ou d’Amérique latine. La fonte en fusion à 1 500°C transportée dans un creuset – le nom de la marque vient en effet du creuset destiné à recevoir la fonte liquide – est ensuite versée dans un moule préalablement rempli d’un mélange noir de sable et d’argile. Il s’agit en fait d’une plaque-modèle mâle reproduisant la forme intérieure et d’une autre, femelle, pour la forme extérieure. Chaque moule des 250 formes existantes est unique, il est en effet détruit après la coulée, ce qui renforce le caractère artisanal de la production. Lorsque la forme est refroidie, il y a le décochage. On sépare alors la pièce du sable. Différentes étapes se succèdent ensuite pour affiner la pièce et supprimer les bavures et les aspérités : dessablage et ébarbage, manuel ou robotisé, qui donne notamment aux anses la belle courbure qu’on leur connaît.

A ce moment, il est toujours impossible d’émailler la cocotte. Elle doit tout d’abord passer par une nouvelle phase appelée “grenaillage”, où l’on projette des petits grains en acier à très haute vitesse pour rendre la surface rugueuse et assurer ainsi la bonne tenue de l’émail. Suit une étape de contrôle-rebouchage pour colmater les éventuels microtrous. L’émaillage est ensuite déposé en deux temps, par projections. On applique tout d’abord la “masse”, une fine couche d’émail très réfractaire qui protège la pièce de la corrosion, que l’on sèche et que l’on cuit. Vient alors l’émaillage de couleur à proprement dit. Ce dernier est appliqué à l’intérieur comme à l’extérieur de la cocotte, laquelle est donc entièrement émaillée (le noir intérieur de certains modèles étant également de l’émail). Reste enfin à cuire les pièces afin d’obtenir la vitrification finale.

Le processus de fabrication est long et de nombreux contrôles sont nécessaires pour obtenir une pièce dépourvue de défauts. On peut le constater en visitant l’usine Le Creuset, une attention toute particulière est accordée au contrôle qualité. On comprendra dès lors les prix élevés de ces cocottes en fonte garantie à vie que tout cuisinier se doit d’avoir dans une cuisine. D’autant que ces dernières années, Le Creuset a su se construire une image tendance. Notamment grâce au triomphe de sa gamme de mini-cocottes en céramique aux couleurs acidulées. Lesquelles ont su séduire jusqu’aux fashionista de la cuisine et définitivement ancrer Le Creuset d
ans le XXIe siècle.

Renseignements pratiques

• Retrouvez en ligne toutes les gammes Le Creuset, des conseils d’utilisation et des recettes. Depuis 1991, Le Creuset possède également la marque Screwpull. Moins convaincants que les cocottes, ces tire-bouchons de luxe ont tout de même leur succès…
  Rens. : www.lecreuset.fr.

Offre anniversaire

• Une cocotte à bon prix. Jusqu’au 31 décembre, Le Creuset réédite le modèle “volcanique” (orange) avec un bouton métallique au prix très avantageux de 99 € pour la cocotte ronde de 24 cm et l’ovale de 27 cm.

Envie de lecture?

• En manque d’inspiration ? Voici un petit livre rempli d’idées pour utiliser les jolies mini-cocottes Le Creuset en céramique. Une recette ? Un gratin de blettes et shiitakés. Un livre qui connaît un très joli succès puisqu’il s’agit déjà de la seconde édition augmentée de nouvelles recettes.
  Mini-cocottes. Publié aux éd. culinaires (96 pp., env. 9,90 €).

Autre cuisson

• Casserole inventée par Le Creuset en 1932, le Doufeu est une cocotte au couvercle incurvé sur lequel on dépose eau froide ou glaçons pour augmenter la condensation intérieure. Ce mode de cuisson inédit permet à la préparation d’être ainsi hydratée en permanence et bien moelleuse à l’arrivée.