Installés dans une rue triste de Haine-Saint-Pierre, Ugo Meli, aux fourneaux, et sa femme Jessica, en salle, apportent un peu de couleur à la région de La Louvière. En transformant la pizzeria familiale en une agréable maison de bouche en septembre 2007, à la décoration moderne et tendance (plafond tendu noir, belle moulure accueillant un lustre en cristal modernisé, jolies tables, belle vaisselle…), Ugo s’est lancé un vrai défi. En partie relevé si l’on en croit l’attention que lui portent les guides gastronomiques.

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Une attention qui se comprend aisément au vu de la cuisine pratiquée ici. Une cuisine résolument contemporaine, qui pioche tout aussi bien dans les racines italiennes du jeune chef de 32 ans que dans les ingrédients asiatiques et les techniques culinaires les plus modernes, parfois avec excès sur ce dernier point.

Ainsi, dès la mise en bouche, on est conquis par l’accord inventif proposé par ce tortellini traditionnel ricotta-épinard servi dans un bouillon à l’huile d’argan relevé de pousses de shiso, d’asperge verte crue et d’algue nori. En quelques bouchées, on voyage de l’Italie au Maghreb en passant par le Japon !

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Superbe cette mise en bouche!

Tant le menu 4 serv. (55€) que la carte invitent à poursuivre le voyage. Ainsi, les rognons cuisinés au saindoux (15€) nous emmènent en Italie, avec le guanciale (lard de joue de porc) et les artichauts, mais aussi au Japon, le wasabi, marié au vieux balsamique, remplaçant de façon ingénieuse la traditionnelle moutarde. Même grand écart italo-nippon réussi avec les scampis (15€), à peine cuits, servis avec de la cervelle en tempura, parfaitement fondante. Si l’on apprécie la vinaigrette aigre-douce asiatique, on reste ceci dit sceptique face au spaghetto moléculaire de parmesan…

Les plats prolongent la soirée sous les meilleurs auspices. Le suprême de poularde du Gers (27€) est cuit sous vide avec du pollen sauvage et s’accompagne de salsifis, de chanterelles et d’une sauce à la Saint Feuillien. Tandis que le pigeonneau royal d’Anjou (29€), dont les cuisses sont confites au genépi, est servi avec du lard de Colonnata, des dés de polenta au safran et une déclinaison de choux (chou rouge, feuille de chou vert et mousse de chou-fleur). Dans les deux cas, les viandes sont cuites à basse température, parfaitement maîtrisée par le chef. Un recours aux techniques modernes qui se justifie pleinement, d’autant que les assiettes restent savoureuses, conservant les goûts de chaque ingrédient. Un réel plaisir à déguster avec un bon flacon pioché dans la très belle carte des vins italienne. Ainsi, venu d’Ombrie, le Montefalco rosso DOC de chez Arnaldo Caprai (70% sangiovese, 15% sagrantino, 15% merlot) est vraiment formidable (42€).

Jusque-là, « Ugo » est vraiment enthousiasmant… Mais au moment du dessert, c’est le flop ! Trop techniques et totalement moléculaires, les raviolis ouverts à la réglisse (8€) et leur espuma de fruits de la passion laissent totalement perplexes… Tout comme le biscuit amande-cacao et sa gelée chocolatée (9€). Deux propositions sans âme, impersonnelles, qui ne gâchent heureusement pas la visite en ce prometteur « Ugo »…

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Cette critique a été publiée dans le « Trends-Tendances » du 18 février 2010.

  • Cote: 7/10.Logo trends.jpg
  • Cuisine: contemporaine.
  • Cadre: tendance.
  • Cave: très belle carte italienne, à tous les prix.
  • Terrasse: non.
  • Parking: non.
  • Adresse: 179 chaussée de Redemont 7100 Haine-Saint-Pierre.
  • Rens.: 064.28.48.00 ou http://sites.resto.com/ugo.
  • Ouverture: Ouvert de 12h à 14h30 et de 18h30 à 21h30. Fermé lundi soir, mardi, mercredi soir et jeudi soir.

 

Le petit plus du blog:

féminin.gif Le grain de poivre de La fille: « J’ai beaucoup aimé la déco tendance sans en faire trop. Le service est charmant, orchestré par Jessica, la femme du chef. And last but not least, la cuisine m’a beaucoup plue. La mise en bouche proposée était originale et très savoureuse, un mélange inédit qui, tout de suite, m’a convaincue du talent du chef. Contrairement à toi, je n’ai pas trouvé le spaghetto au parmesan qui accompagnait la cervelle inutile. Il apportait une petite touche lactée légèrement acidulée qui s’associait bien à la vinaigrette au citron vert. Le plat de pigeonneau royal était parfait: bonne cuisson, belles couleurs, belles idées. J’ai moins aimé la poularde mais surtout au niveau de la présentation, un peu terne. Au niveau des desserts, il faut un changement radical: prendre un chef pâtissier (option chère) ou faire des desserts plus simples. Pourquoi ne pas tenter de revisiter un peu les desserts italiens poussiéreux? »

masculin.gif Le grain de sel du garçon: « Pas grand-chose à rajouter… Dommage ce ratage au dessert effectivement, car Ugo Meli a vraiment beaucoup de talent. Une adresse à suivre, assurément! »