Jeudi dernier, “La Libre Belgique” organisait sa première dégustation de vins, initiée par son chroniqueur oenologique Baudouin Havaux. Après un appel à candidatures, une dizaine de lecteurs de “Momento”, le supplément du week-end du quotidien belge, avaient été sélectionnés pour participer à cette soirée placée sous le thème du pomerol, une appellation classique très appréciée en Belgique francophone et à même d’intéresser, voire de faire rêver les participants. Certains d’entre eux avouent d’ailleurs avoir d’abord été motivés d’abord par l’idée de pouvoir déguster de nombreux crus de pomerol.

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Merci à Alexis Haulot pour les photos

Rendez-vous était donné dans les locaux de Vinopres, à deux pas de la Gare du Midi à Bruxelles. Sur le coup de 19h, tout le monde est déjà là et prêt à en découdre avec les 17 flacons sélectionnées par Baudouin Havaux. Ils s’étalent sur six millésimes et sont tous disponibles sur le marché. La mission consistera à élire, en toute subjectivité, les coups de cœur des lecteurs de “La Libre”.

Après un début un peu chaotique, le maître de cérémonie remet un peu d’ordre. On dégustera les vins par millésime et, seulement ensuite, chacun pourra s’exprimer. Une grille de notation est à disposition mais est vite laissée de côté, chacun évaluant les vins selon ses propres critères. De même, le vocabulaire n’est pas écrasant. De quoi libérer la parole et ne pas effrayer les plus timides. “De toute façon, quand on parle de vin, on fait référence à des souvenirs, à des émotions”, résume Havaux.

 

Une parole libre

De quoi rassurer Pierri par exemple, qui se fait lyrique à propos du vin n°2 : “C’est plaisant, agréable, champêtre, moins prise de tête ! Ça irait bien avec une petite escalope.” A 27 ans, le jeune homme se définit comme un “amateur dilettante” qui s’est passionné par le vin “par plaisir” “Et peut-être aussi parce que ma copine est Française…” Ses congés de Noël, il les a d’ailleurs passés en Bourgogne et à Bordeaux. De quoi, à son retour, lui donner envie de s’inscrire illico à cette dégustation.

A l’autre bout de la table, Jean-Marie, la cinquantaine, se fait plus discret. La dégustation, il connaît, ce n’est pas la première fois qu’il s’y adonne et possède une belle cave… Cet habitué de l’exercice apparaît donc très à l’aise. Tout comme Hadrien. Plus la dégustation avance, plus il gagne en assurance, mène les débats et impressionne la tablée par ses connaissances. D’autant que le bonhomme n’a que 21 ans ! “Le vin, c’est ma passion ! Je déguste tous les jours, avec mon père ou le père de ma copine. Plus je déguste, plus j’apprends et plus j’exerce ma mémoire. Avant de m’intéresser au vin, je ne me doutais pas que la mémoire jouait un si grand rôle.”

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Baudouin Havaux préside à la dégustation

Un 2007, quatre 2006, la dégustation progresse. Avec sérieux, chacun s’applique à scruter la robe, déchiffrer le nez et décomposer la bouche, en recrachant bien entendu – sauf quand c’est vraiment trop bon… On en arrive aux quatre bouteilles de 2005. Cela tombe bien, l’un des dégustateurs a participé cette année-là aux vendanges au château Beauregard – il s’en est glissé une bouteille dans le panel mais elle ne retiendra pas vraiment l’attention. 2005, une grande année pleine de soleil et sans pluie. De quoi donner des vins puissants mais élégants, des vins mûrs, pleins, généreux. Le dernier 2005, le “numéro 9”, arrive et, aux moues de satisfaction sur les visages, aux “mmmh…”, on sent qu’il se passe quelque chose. On ne sait pas encore qu’il s’agit d’un Château La Pointe mais l’unanimité est bien là pour lui décerner un sacré coup de cœur. “C’est un vin de gentleman”, estime Cécile, venue avec son mari. “Il emballe la bouche, on dirait de la soie”, poursuit Hadrien.

Réputée moyenne, l’année 2004 séduit pourtant les dégustateurs. Tout comme l’année 2003 et notamment les châteaux Plince et Lafleur-Gazin, qui recevront tous deux un coup de cœur des lecteurs. Alors que la seule bouteille de 2001 décevra l’ensemble de la table.

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Une opportunité unique

Après avoir goûté à 17 vins différents, vient le moment de la délibération finale, suivie d’une petite coupe. Chacun fait alors le débriefing de l’expérience, une première pour beaucoup. Et l’on avoue qu’au fil de la dégustation, il devient de plus en plus difficile de se concentrer; on a la bouche pleine de parfums, on a déjà tout dit… Reste qu’une telle dégustation séduit car elle offre l’opportunité, assez unique, de déguster autant de vins d’une même appellation. De quoi exercer son palais à reconnaître les caractéristiques du pomerol, cette prédominance de merlot, réveillée par juste une touche de cabernet franc (c’est toujours le cas ?). De la même façon que les réunir par millésime fait réellement prendre conscience de l’influence du climat sur un vin, même si les maisons et les sols sont tous différents.

Et au moment de se quitter pour aller manger un bout, tout le monde semble enchanté et prêt à retenter l’expérience très bientôt…

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Le jeune Hadrien, 21 ans et déjà un passionné
  
 

Envie de déguster?
L’équipe du “Momento” donnera rendez-vous à ses lecteurs quatre fois par an pour des dégustations à l’aveugle. La prochaine sera consacrée, en mai, au Saumur Champigny. Devraient suivre le Fronsac (septembre) et le Pessac Léognan (fin de l’année).

Envie de lecture?
Le chroniqueur oenologique de « La Libre », Baudouin Havaux est auss,i à la tête de la revue spécialisée “Vino Magazine” (4,50 €). Une mine (infos, reportages, dégustations…) pour les amateurs. Au sommaire du dernier numéro, les Bourgogne Grand Cru.