Ce soir à 20h20 sur RTL-TVI et à 20h50 sur M6, sixième épisode de « Top Chef ». Ce lundi, les candidats de “Top Chef” devront notamment cuisiner au Stade de France ! Sous le regard de Christian Constant, Jean-François Piège, Ghislaine Arabian et Thierry Marx. Le point sur l’émission en compagnie de la seule femme du jury, de passage à Bruxelles pour défendre une émission qui redessine à sa manière le paysage gastronomique francophone.
Mardi midi, RTL-TVI avait invité la presse à retrouver Ghislaine Arabian dans une table lounge de la capitale pour un déjeuner-conversation autour de « Top Chef ». Heureusement pour le resto, celle-ci n’a pas joué les jurés pour commenter ce qui passait dans son assiette. Fidèle à son image à l’écran, la “mère Arabian” n’a en effet pas sa langue dans sa poche !
Norbert Tarayre ? “Un cuisinier remarquable mais je déteste la vulgarité… S’il ne se remet pas à la cuisine maintenant, il ne pourra pas recommencer.” Mais le souvenir de son huître à la menthe est intact dans la mémoire de Ghislaine.
Stéphanie Le Quellec ? “J’ai été mangé chez elle, ce n’était pas possible.” Comme ses comparses du jury, la chef n’a en effet toujours pas compris comment celle-ci a pu s’imposer en finale de la 2e édition de “Top Chef” face à Fanny. “C’est elle qui aurait dû gagner. C’est tellement injuste. C’est une cuisinière remarquable. Pas Stéphanie. C’est la seule qui a refusé de revenir dans “Le choc des champions” pour affronter Jean, le gagnant de la saison suivante…”
Pour Mme Arabian, il n’y a pas que la qualité technique d’une cuisine qui compte, il y a aussi l’ambiance, l’émotion, le climat dans lequel on la déguste. “Je préférerai toujours manger une bonne moule marinière en bonne compagnie qu’un plat alambiqué dans une ambiance mortelle.” C’est d’ailleurs par là qu’a pêché, selon elle, Carl Gillain, le candidat belge de la saison dernière, qui ouvrira son restaurant au mois de mai prochain. “Il était trop technique, trop sûr de lui. Sa cuisine était sans émotion. Ce que l’on répète toujours aux candidats, c’est : “Soyez vous-mêmes, faites votre propre cuisine.”
Ainsi de Naoëlle D’Hainaut, qui travaille depuis 7 ans aux côtés du trois étoiles Eric Fréchon au “Bristol” à Paris. Ou de Romain Tischenko, gagnant de la saison 1 : “On avait l’impression chaque semaine de manger à la “Kitchen Galerie” de William Ledeuil (où il a été formé, NdlR). Aujourd’hui, il n’aurait pas le niveau et serait éliminé après une semaine ou deux.” Ce qui marque Ghislaine Arabian, c’est en effet la progression constante du niveau des candidats de saison en saison. “La première année, les cuisiniers de maisons assises n’ont pas osé se présenter car ils pensaient que c’était une émission de téléréalité, alors que c’est un vrai concours de cuisine…”
La dame des Flandres
Ses origines flamandes (ses grands-parents sont de Gand et de Courtrai), Ghislaine Arabian les revendique, les chérit même. Elle s’est ainsi remise au néerlandais, tandis qu’à sa carte, on compte au moins un quart de plats flamands : waterzooi, croquettes aux crevettes, maatjes en saison, sabayon à la gueuze, plats à la bière… “J’ai des cousines et une de mes meilleures amies qui vivent à Bruxelles. J’y suis au moins une fois tous les 15 jours”, explique Arabian.
Une proximité avec notre pays qui explique pourquoi elle a été si dure, notamment hors caméra, avec le candidat montois Jean-Philippe Watteyne. “Je l’ai beaucoup engueulé. Il manque de discipline mais il a terriblement changé au cours de l’émission. Parfois, je lui disais : Ah non ! C’est pas possible… Tu peux pas me faire ça !”
De la même manière, la chef est beaucoup plus exigeante avec les filles, les poussant à s’imposer dans un univers d’hommes. Comme elle-même a dû le faire, en devenant la première femme depuis la mère Brazier dans les années 50 à décrocher deux étoiles au Michelin pour son restaurant lillois. Macarons qu’elle conservera à Paris au “Pavillon Ledoyen” avant d’ouvrir son néo-bistrot “Les petites sorcières”.
Aujourd’hui, Arabian n’est plus au Michelin et se montre très sévère avec le célèbre guide rouge : “Ce ne sont plus les étoiles qui font tourner la boutique. Aujourd’hui, on est à l’ère du média interactif. Les réseaux sociaux, les blogs sont aussi importants que les étoiles. Cyrille Zen m’a dit que son étoile lui avait apporté 20 % de clients en plus. Mais “Top Chef” a doublé sa clientèle. Aujourd’hui, il y a six mois d’attente pour manger chez lui et il a le sourire jusque-là !”
Ce qui marque aussi Mme Arabian, c’est en effet l’énorme impact de l’émission sur l’univers de la gastronomie. “Après la seconde émission, les candidats sont remarqués et ont déjà gagné quelque chose.” Ainsi, Fanny Rey n’a pas gagné en 2011 mais son resto de Maussane ne désemplit pas et elle ouvre une seconde adresse. “Quand elle a été éliminée, je lui ai dit : “Ne t’en fais pas. Tu n’as pas gagné les 100 000 € mais tu les auras autrement.” Quand je l’ai revue, elle m’a dit qu’en effet, la banque lui avait donné l’argent.”
Les exemples sont nombreux. Jean-Yves Watteyne, à Mons, a pu ouvrir son bistrot en face de son resto avant même la diffusion de l’émission ! Ou encore Tabata Bonardi, qui n’a jamais gagné une épreuve dans l’émission et qui reprend aujourd’hui un bistrot de Bocuse.
Bref, avec le recul, Ghislaine Arabian ne regrette pas s’être impliquée dans “Top Chef” et se dit d’ailleurs prête à signer demain pour une 5e saison. “Ce qui m’a interpellée, c’est qu’il n’y avait que des pros. Je ne serais pas capable de juger des amateurs.” Et vlan! pour ses collègues de “Master Chef” sur TF1…
Elle apprécie également la liberté offerte par la production, qui ne donne aucune directive aux jurés pour juger les candidats, les laisse libres d’improviser de mini-défis pendant ou à l’issue d’une des épreuves principales … “Ce que ça nous apporte, c’est aussi de la motivation de voir ces jeunes qui arrivent derrière nous, alors que jusqu’alors, le métier n’était pas très bien considéré.” Par contre, d’un point de vue professionnel, même si Ghislaine Arabian est désormais un chef pipole, elle affirme que cela ne lui a pas fait gagner de clients. “Mon restaurant est petit : 40 couverts. Il était déjà plein midi et soir. Ce que cela m’a apporté, c’est une clientèle plus variée. Il y a des gens qui viennent pour goûter la cuisine de la jurée de “Top Chef”… Certains nous disent même qu’ils font le tour des quatre restaurants: Marx, Piège, Constant et moi!”
J’avoue ne guère apprécier le personnage. Quel que soit le niveau auquel on est personnellement arrivé et le chemin parcouru pour y être, j’estime que l’on n’a pas le droit de cracher sur les candidats (ou anciens candidats), ni de prendre un air dédaigneux pour émettre un commentaire.
Qu’elle juge, c’est normal, c’est précisément ce qu’on lui demande, mais il est possible de le faire de manière objective et respectueuse des autres.
Au guide des cuisiniers fair play, elle ne recueille aucune étoile, selon moi.