A l’orée des vacances, deux guides gourmands 100 % belges viennent de paraître. Le premier explore les richesses méconnues de la Grèce, le second celles du Namurois.

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Dans son dernier livre, le passionné Philippe Bidaine s’est donné une mission : aller à l’encontre des clichés qui accompagnent trop souvent la cuisine grecque, dépasser l’image de ces restos “à colonnes”, où un folklore de pacotille tient lieu de philosophie culinaire. Comme dans son excellent “Naples gourmande”, paru l’année dernière, le maître des fourneaux de la “DH” fait part ici de ses souvenirs d’étudiant routard qui découvrait une Grèce “ridiculement bon marché” à la fin des années 70. Délices de rue ou repas trop arrosés de retsina dans des petites gargotes locales, ce bon vivant garde en mémoire une Grèce révolue, loin des sentiers battus touristiques, qui l’a ouvert à une gastronomie méditerranéenne partagée entre Occident et Orient. Une gastronomie d’une richesse trop méconnue qui vit pourtant une renaissance, aussi bien en Grèce qu’à l’étranger, notamment grâce à la vigueur retrouvée de sa viticulture. Avec ce Grèce gourmande, deuxième pierre d’une nouvelle collection chez Racine – après Naples et la Grèce, notre petit doigt nous dit que Bidaine devrait aller poser ses fourchettes du côté de la Thaïlande… –, voilà donc une ode à une cuisine grecque à mille lieues des mezze, grillades et autres petits os (une invention purement… bruxelloise).

Illustrée de photos de l’auteur, la longue intro ethno-culinaire n’évite pas quelques digressions historiques que l’on n’attend pas vraiment d’un livre culinaire – même si on y découvre avec bonheur qu’au IVe siècle av. J.-C., Archestrate livrait le premier ouvrage culinaire grec, un voyage gourmand en Méditerranée sous forme de long poème. On partage par contre avec gourmandise une journée classique, du petit-déjeuner léger au copieux apéritif précédant un repas tardif. Et l’on se plonge avec régal dans la présentation de quelques incontournables de la cuisine grecque, connus (huile d’olive, feta, yaourt, pâte phyllo, miel, ouzo…) ou moins connus (comme l’avgotaraho, la poutargue grecque, ou la mastiha, exsudat résineux de l’arbre à mastic de l’île de Chios).

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Place ensuite aux travaux pratiques avec 45 recettes traditionnelles confiées au savoir-faire de Stefanos Svabias du restaurant “Strofilia” à Bruxelles. Si l’on y retrouve tous les classiques comme le tzatziki, le caviar d’aubergine, le tarama, les keftedes, la moussaka ou le baklava, l’ouvrage recèle bien d’autres surprises gourmandes tout en simplicité : chtapodi psito (poulpe grillé), fakes (soupe aux lentilles), spanakorizo (riz aux épinards) ou encore giouvetsi (pâtes grecques à l’agneau au four).

On regrettera que Philippe Bidaine n’aie pas, comme dans “Naples gourmande”, proposé un carnet d’adresses plus étoffé mais le bonhomme parvient tout de même à faire partager son amour pour la Grèce. L’ouvrage donnant sacrément envie de passer ses prochaines vacances gastronomiques du côté d’Athènes, de Corfou ou de la Crète.

 

Dans les rues de Namur

Du côté de La Renaissance du livre, paraît également le second tome d’une collection culinaire personnelle, que l’on doit cette fois à Joëlle Rochette. Ancienne journaliste gastronomique au “Vif Week-End”, signant désormais dans divers magazines dont “Gastromania”, celle-ci trouve encore le temps d’écrire un blog, de donner des cours de Relations publiques à l’European Communication School mais aussi de publier des ouvrages rendant compte de ses pérégrinations gourmandes… Comme elle l’avait fait avec son “Guide gourmand de Liège” (paru chez Luc Pire en 2010) et avant Bruxelles l’année prochaine, Joëlle Rochette fait part dans son Guide gourmand de Namur de ses découvertes dans la capitale wallonne.

Et des découvertes il y en a dans une ville qui, si elle ne compte qu’un seul resto étoilé (le “Cuisinémoi” de Bruno Van den Branden), n’est pas avare de commerces de bouche. Qu’il s’agisse de décrire des restos classiques ou plus modernes, des petits bistros ou des bars à vins, des salons de thé ou des épiceries, l’enthousiasme de Joëlle Rochette donne envie de redécouvrir Namur. Marchés, Fêtes de Wallonie, potagers… rien n’échappe au radar de cette gourmande professionnelle originaire de Dinant, qui recense ici une bonne centaine de coups de cœur.

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Cette balade dans les rue de Namur passe par la Place du Vieux, la place Saint Aubain, la place d’Armes ou encore le palais de Justice et son joli marché… Comme dans le précédent “Guide gourmand de Liège”, l’auteur a choisi de rendre compte de ses promenades dans un texte continu. Ce qu’on perd en praticité (pas facile de retrouver rapidement une adresse, malgré un index final), on le gagne en plaisir de lecture. Ecrit à la première personne, ce “Guide gourmand” est en effet une savoureuse plongée dans les charmes de Namur. Des charmes qui semblent avoir enivré à ce point l’auteure qu’elle se fait parfois un peu trop tendre avec certaines adresses. Plus qu’un guide, cet ouvrage est plutôt un joli carnet d’adresses perso, de ceux qu’on fait pour soi et que l’on partage avec d’autant plus de plaisir.

A côté des classiques comme la poissonnerie “Les embruns”, le torréfacteur Delahaut, l’importateur de vins Grafé-Lecocq, la belle “Maison des desserts” de la rue Haute Marcelle ou l’historique “Brasserie François” de la place Saint-Aubain, on découvre également de nombreuses adresses moins connues ou très récentes. Comme la belle librairie gourmande du “Libraire toqué” (près de la place du Vieux), la brasserie mode “Le royal”, place du Théâtre, ou “Ogawa”, le nouveau japonais de la rue des Frippiers. Poussant la balade hors les murs, Rochette livre aussi quelques adresses phares disséminées dans toute la province : “La petite ferme” à Erpent (fromages), la fromagerie du Gros Chêne à Méan, la moutarderie Bister à Jambes… Tandis que la lecture est à nouveau rythmée de “clignettes”, petites anecdotes plus ou moins gourmandes livrées par Denis Mathen,
gouverneur de la province de Namur et passionné par sa ville natale. Autant d’éclairages historiques qui enrichissent ce petit ouvrage très utile, plus informatif que réellement critique. A glisser dans la poche quand on va se promener à Namur, l’une des villes les plus agréables de Wallonie !

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Envie de lecture?

  • Grèce gourmande
    Deuxième tome de la collection gourmande des éditions Racine.
    Publié par Philippe Bidaine chez Racine (192 pp., env. 25€). Photographies des recettes par Alexandre Bibaut.
  • Guide gourmand de Namur
    Un beau carnet d’adresses compilant une centaine de lieux à Namur et dans toute sa province.
    Publié par Joëlle Rochette à La Renaissance du livre (160 pp., env. 18€).

Un restaurant grec

  • Bidaine recommande forcément la cuisine du « Strofilia », excellente table grecque authentique du centre-ville qui a préparé les recettes de son livre.
    13 rue du Marché aux Porcs 1000 Bruxelles.
    Rens.: 02.512.32.93.

    Fermé samedi midi et dimanche.

Une épicerie grecque

  • Importateur de vins grecs en Belgique, Thomas Tsanis propose également chez « Canette » des produits fins grecs comme l’excellent avgotaraho, la poutargue grecque, plus moelleuse que ses équivalents sardes et français.
    Canette Quality Wine. 28 rue De Witte De Haelen 1000 Bruxelles.
    Rens.: 02.223.13.82 ou www.canette.Be.
    Ouvert du lundi au samedi de 0h30 à 17h30.

Un Blog gourmand

  • Si elle ne s’occupe plus du blog culinaire du « Vif Week-end », Joëlle Rochette continue ses aventures en ligne sur un site à son nom sous-titré « Le lifestyle de la gastronomie ou l’art de vivre en Epicurie ». Au menu, l’actu des restos, des bars, des produits, des récits de voyage, des rencontres avec de grands chefs…
    www.joellerochette.com.