Contes.jpgVoici une très jolie légende vietnamienne donnant notamment l’origine du traditionnel gâteau de mariage. Celle-ci est extraite du très joli livre « 365 contes de gourmandises », publié par Luda dans la collection « Giboulées », dirigée par Muriel Bloch, des éditions Gallimard Jeunesse (19,51 €).

Ce riche recueil propose un conte par jour issu tant de la tradition orale qu’écrite. A dévorer sans modération!

Le roi Hung Dao Daï avait vingt-deux fils, tous beaux et valeureux. Il leur dit: « Pour gouverner un pays, courage et sagesse ne suffisent pas. Il faut de l’imagination. Les fêtes du Têt approchent. Me succédera sur le trône celui d’entre vous qui me fera un cadeau inoubliable. Un cadeau aussi agréable aux dieux qu’à moi-même et qui fera plaisir à tout notre peuple. »

Il dit, et ses fils s’en allèrent chercher au loin le merveilleux cadeau. Un seul resta chez lui. Lung L, le moins aimé des fils du roi, était pauvre. Il n’avait qu’un champ de riz qu’il cultivait avec deux serviteurs. Et ce jour-là il devait moissonner ce champ, car le riz était mûr.
Les rizières s’étendaient en une mer vert jaune, bordée par le vert sombre des forêts. Au-dessus, s’incurvait la coupe renversée d’un ciel blanc de chaleur. Un serviteur dit: « Les Anciens disent que le ciel est rond, mais que la terre est carrée. Alors, où sont les quatre coins de la terre? ». « Là où se lève le soleil et là où il se couche sont deux angles de la terre » répondit Lung L. Et les deux autres angles sont juste entre eux, l’un en face de l’autre.

Tout en parlant, Lung L pensait au cadeau de son père. Brusquement, il s’écria: « Je sais ce que je vais offrir à mon père! Je vais lui offrir le monde sous la forme de deux gâteaux! » Et Lung L confectionna deux gâteaux. L’un, représentant le ciel, était rond et blanc, fait de la fine fleur de farine du meilleur riz. L’autre représentait la terre. Il était carré et, pour figurer les bêtes et les plantes qui peuplent la terre, il y avait une farce de viande avec des fèves et des oignons. En image de la forêt qui entoure la terre, sur les quatre côtés du gâteau il y avait des feuilles odorantes song.

Le roi vit les gâteaux et les trouva beaux. Il les goûta et les trouva bons. Et quand il sut ce qu’ils représentaient, il les trouva merveilleux. Et il dit à Lung L: « Ton cadeau est agréable aux dieux, car il loue l’univers, leur oeuvre et il est agréable, ô combien! à ma gourmandise. » Et quand notre peuple en connaîtra la recette, il en aura grande joie et plaisir. Un plaisir inoubliable!

C’est ainsi que Lung L, le fils mal-aimé de Hung Vuong, devint le successeur de ce roi. Et c’est ainsi que ses gâteaux sont devenus les traditionnels gâteaux de fête pour les peuples du Viêt-nam. Le gâteau-ciel pour la fête du Têt et le gâteau-terre pour les fêtes de mariage (Banh Têt).

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Ci-dessus, le Banh Têt, trouvé ici et ci-dessous
le Banh Chung, trouvé ici.

Des siècles ont passé depuis. Aujourd’hui, les gens savent que la terre n’est pas carrée. Mais au repas de mariage, ils continuent à servir le gâteau-terre (Banh Chung). Carré, farci de viande, de fèves et d’oignons, et entouré sur les quatre côtés d’odorantes feuilles de la plante song.