9848a2f8efc03ab311c87f9cd04cc9db.jpg« Pourquoi Ducros y se décarcasse? » Voilà une ritournelle publicitaire qui a sans doute beaucoup contribué au succès des épices Ducros. Son créateur en 1963, Gilbert Ducros, est mort samedi soir à l’âge de 79 ans. On lui doit également le lancement, en 1973, de la marque Vahiné, bien connue des amateurs de pâtisserie. Voici une évocation de son parcours signée Julie Charpentrat de l’Agence France Presse.

Gilbert Ducros, mort samedi à l’âge de 79 ans, provençal et fier de l’être, a fondé la maison d’épices éponyme au début des années 60, une entreprise familiale devenue un groupe puissant et célèbre, notamment grâce à ses spots de publicité à la télévision devenus cultes. « A quoi ça sert que Ducros se décarcasse? »: les épices Ducros doivent sans aucun doute leur célébrité à ces messages de publicité dont les premiers furent diffusés par la télévision en 1975.
  
Gilbert Ducros, né le 12 février 1928 à Sainte-Euphémie-sur-Ouvèze (Drôme), n’avait pourtant rien du personnage moustachu et bedonnant des pubs, même s’il partageait avec lui un fort accent méridional. « C’était un petit bonhomme brun, énergique, typiquement provençal« , confie à l’AFP son fils Michel, actuel pdg des épiceries Fauchon.
  
Dans les années 50, Gilbert Ducros renonce à une carrière d’officier pour se lancer dans les herbes, sur les pas de son père, courtier pour les grossistes de Carpentras. « Aventurier, courageux », selon son fils Michel, Gilbert Ducros voit grand et vend sa lavande à l’étranger: en Grande-Bretagne ou à New-York, puis se met à vendre des épices. « Etre provençal et mondial », tel était le credo de Gilbert Ducros, qui sillonnera le monde toute sa vie.
   
En 1963, il créé avec son frère Marc une société de négoce de produits et aromates provençaux, poivres et épices à destination des industries alimentaires et pharmaceutiques. Les deux frères développent leur activité et lancent dans les années 70 ce qui fera la réussite de l’entreprise: de petits bocaux à bouchon rouge placés dans des meubles dédiés dans les rayonnages des supermarchés. Du seul marché de l’industrie, Ducros est désormais passé à celui du grand public.
   
Au milieu des années 70, Ducros lance une autre marque phare, qui elle aussi deviendra célèbre grâce à la pub télé: Vahiné – « c’est gonflé » – et ses produits « d’aide à la pâtisserie », comme les gousses de vanille ou les amandes effilées.
C’est dans les années 80 que le groupe, en plein essor, devient leader européen du marché des épices.
Mais, quelques années plus tard, Gilbert a vu « un peu trop grand »: le groupe a investi trop et trop vite et les finances vont mal, explique Michel Ducros. Surtout, entre un père « conquérant pas toujours gestionnaire » et ses deux fils plus soucieux des finances, le torchon brûle, explique aujourd’hui Michel. Le patriarche décide en 1992, de vendre Ducros (260 millions d’euros de chiffre d’affaires en 1990), au groupe Eridania-Béghin-Say.
  
En 2000, c’est le leader mondial des épices, l’américain McCormick, qui reprendra la marque, pour environ 425 millions d’euros. Cependant, l’entreprenant Gilbert Ducros n’avait pas dit son dernier mot: dès 1992, il fonde le groupe Gyma, spécialisé dans les sauces et condiments pour collectivités mais aussi dans les herbes et épices… surgelées commercialisées également auprès du grand public.
   
Aujourd’hui, la marque aux emballages verts, qui appartient toujours à la famille, a des usines en Chine et à Dubaï et réalise environ 150 millions de chiffre d’affaires, selon Michel Ducros. (AFP)