Du 9 au 1 mai 2014, le Brussels Food Truck Festival a régalé quelque 22000 personnes. Retour sur un phénomène venu des Etats-Unis en pleine expansion en Europe.

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Président de la Belgian Food Truck Association, Fabrice Willot (à la tête du « Mobile Bar », food truck spécialisé dans les cocktails) est l’une des chevilles ouvrières du 1er Brussels Food Truck Festival, qui s’est déroulé du 9 au 11 mai derniers aux pieds de la cathédrale Saints-Michel-et Gudule. Durant trois jours, Bruxellois et touristes ont pris goût à la gastronomie mobile, une mode qui nous vient des Etats-Unis et qui a le vent en poupe en Europe depuis quelques années.

Quel bilan tirez-vous de ce premier Food Truck Festival ?

C’est un vrai succès. On ne pourra pas dire que c’est à cause du temps (pluvieux et venteux tout le week-end, NdlR) que 22.000 visiteurs sont venus! Quelque 35.000 portions ont été vendues et certains food trucks étaient en rupture de stock dès le premier jour! Je souhaitais ce festival parce que beaucoup de personnes ne savent pas encore ce qu’est un food truck. Nous avons besoin de notoriété, que les gens comprennent que ce n’est pas seulement un camion mais aussi une charrette à hot-dogs comme à New York, une remorque… Nous parlons d’ailleurs désormais de « gourmet street food ».  Ce n’est pas non plus seulement des croque-monsieur mais du libanais, des insectes, de l’industriel, de l’artisanal… Il y a de la variété et de la qualité. Il fallait que nous nous puissions convaincre le public, les politiques et les journalistes. Et je pense que nous avons réussi. C’était aussi une manière de se retrouver et de faire la fête!

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Qui se cache derrière la Belgian Food truck Association et pourquoi a-t-elle été créée?

Nous sommes une association de professionnels, de « food truckers », qui s’est créée en janvier 2014. En même pas 5 mois nous avons déjà 89 membres et décroché de beaux contrats avec Touring ou Atos Worldline. Nous jouons notamment un rôle d’intermédiaire. Quand un client souhaite organiser un événement, il nous envoie une demande et nous transmettons un appel d’offres à nos membres pour que tout le monde puisse avoir sa chance! Nous allons aussi éditer un « livre blanc » pour répondre aux questions des gens qui souhaitent se lancer dans l’aventure du food truck. Il y a d’autres associations en Europe, en France ou en Italie, ou des collectifs, comme en Hollande ou en Pologne. Tandis qu’une association européenne est en cours de développement pour partager les expériences, développer des outils communs, comme des applications mobiles…

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La cantina mexicana, food truck mexicain de Lille.

Que représentent aujourd’hui les food trucks en Belgique aujourd’hui?

La tendance vient des Etats-Unis mais les food trucks existent depuis plus de 10 ans en Belgique et certains sont encore là. Il y a 20 ans, il y avait déjà des camions-pizzas en France… Aujourd’hui, en Belgique, on compte environ 240 camions de nourriture: 38% en Wallonie, 32% à Bruxelles et 30% en Flandre. Les food trucks ont permis la création de 60 emplois en 12 mois. Beaucoup de jeunes qui sortent d’une formation horeca n’ont pas les moyens d’ouvrir un restaurant, tandis que beaucoup d’autres y voient une belle reconversion. En Belgique, c’est aussi 43% de femmes. Sans doute parce que c’est un job multi-tâches avec de la cuisine, de la décoration, de la comptabilité…

Durant le festival, le hamburger semblait omniprésent…

Beaucoup de food trucks proposaient effectivement des burgers et moins d’ethnique. C’est représentatif de ce qu’on trouve en Belgique… Mais nous allons bientôt avoir un food truck argentin par exemple. 

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Le burger du « So Food », camion luxembourgeois élu meilleur food truck étranger.


Qu’est-ce qui différencie un resto mobile d’un restaurant traditionnel?

Dans un food truck, on fait la file, il y a donc plus de contacts entre les clients. Il y a aussi plus de  liberté car c’est de la finger food, qu’on mange avec les doigts. Mais on n’y va pas en famille ou pour passer un long moment. Dans un food truck, il y a aussi plus de contraintes organisationnelles et techniques. Cela demande beaucoup de rigueur il faut que tout soit ultra-léger, efficace…

Quelle est la législation en Belgique pour les food trucks? 

En Belgique, les food trucks n’ont pas de statut officiel. Nous sommes des entrepreneurs et quand l’Afsca nous contrôle, on est parfois considéré comme des traiteurs, des ambulants… en fonction du type de produit que l’on propose ou de l’équipement. Ce sera sans doute légiféré un jour mais on ne pousse pas à cela car nous avons peur des règles drastiques qui pourraient nous être imposées. Mais nous poussons nos membres à respecter les règles sanitaires, fiscales… Nous avons des chiffres à respecter pour rembourser nos emprunts à la banque… Si un food truck ne respecte pas les règles on va tous nous mettre dans le même panier!

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Le très joli « Pieper Mobiel » d’Uttrecht, qui proposait de délicieuses patates bravas
avec une délicieuse mayonnaise à l’aïoli.


Existe-t-il une rivalité avec les restaurateurs?

Nous ne faisons pas de concurrence déloyale aux restaurants car on ne vend pas la même chose, nous n’avons pas beaucoup de stock et nous n’offrons pas le même confort. Il nous faut une autorisation des communes pour s’installer sur la voie publique, parfois jusqu’à 7500€ par an. C’est beaucoup quand certains ont du mal à boucler leur fin de mois. Deux communes bruxelloises ont décidé d’interdire les food trucks, sans doute parce qu’ils ne nous connaissent pas, ils ont peur, ils ont entendu que la Ville de Paris avait décidé d’interdire les food trucks. La France est en train de louper le coche. Au contraire, la Ville de Bruxelles est en train de mettre en place un parcours food trucks, autour d’une vingtaine de camions, qui bénéficieront d’une réglementation spécifique, d’emplacements précis (Porte de Namur, Porte de Hal, place de la Monnaie…), d’horaires définis… C’est bien mais quand on sait que rien qu’à Bruxelles, on a entre 60 et 70 food trucks, sans compter les nouveaux, on pourrait organiser des rotations!

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Le bon burger du « Bistrot Truck » (Brabant wallon), élu « Best Hot Cooking ».


Un livre de cuisine lié aux food trucks belges est en projet…

Le but sera de présenter chaque food truck belge avec un descriptif, une photo d’Anthony Florio (photographe réputé dans le milieu de la gastronomie, NdlR) et une recette. Mais nous sommes encore à la recherche de sponsors. Il devrait sortir en septembre 2014.

Que nous réserve le festival en 2015?

Cette année, nous avons reçu beaucoup de demandes de camions étrangers et il est logique qu’à Bruxelles, capitale de l’Europe, le festival prenne une connotation européenne. Nous essayerons d’avoir encore plus de food trucks (passer de 40 à 60), d’apporter plus de variétés en termes de look et de nourriture, avec notamment plus de cuisines belge et ethniques. Mais deux autres villes belges, une en Wallonie, l’autre en Flandre, nous ont déjà contactés…

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Palmarès du 1er Brussels Food Truck Festival

  • Best Food Truck All Round (or): Sasha Gourmet Truck
  • 
Second best Food Truck all Round (argent): Vroom Vroom Coffee
  • 
Best Hot Cooking (burgers, dogs…): Bistro Truck 

  • Best Gourmet food: Cosi Mobile 

  • Best Mediterranean: La Kitchenette Sa Muze 

  • Best Exotic food: Chang Noi 

  • Best Bio – Veggie food: Bug in Mugs 

  • Best Sweeties: Vroom Vroom Coffee 

  • Best Foreign truck: So Food (Luxembourg) 

  • Best Feminine truck: Il sapore della dolce vita 

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Vroom Vroom Coffee, Second best Food Truck all Round (argent)


Inspiration

Food Truck, gastronomie mobile, Food Truck frestival, burgersAvec « Street Food Bio » on aura définitivement envie de se mettre en mode nomade pour cuisiner à la maison du fast good à grignoter ou à emporter: falafels, hot-dogs, muffins thaï…

  • Publié chez Gallimard (Collection Alternatives) par Géraldine Olivo et Myriam Gauthier-Moreau (126 pp., env. 12€).