Pour briller à l’international, la gastronomie wallonne a besoin d’ambassadeurs, comme Sang-hoon Degeimbre. Mercredi à “L’air du temps”, il invitait la gastronomie dans la campagne électorale, recevant à sa table des représentants des quatre principaux partis francophones. 

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Les 10 chefs du collectif Génération W. 17 autres chefs ont porté leur candidature…

Quoi de mieux pour parler gastronomie qu’un bon repas ! Mercredi midi, Sang-hoon Degeimbre, chef doublement étoilé de “L’air du temps” à Liernu, organisait avec Benoit Cloës, cofondateur avec lui de l’association Génération W, une table ronde sur la gastronomie wallonne. Autour de la table, des représentants des quatre principaux partis francophones : Jean-Claude Marcourt (PS), Christos Doulkeridis (Ecolo), François Desquesnes (CDH), chef de cabinet de Benoît Lutgen, et David Clarinval (MR). A 10 jours des élections, chacun entend évidemment se positionner sur un thème aussi porteur que la gastronomie.

Quand on a lancé le projet officiellement en septembre 2013, rappelle M. Cloës, ancien banquier reconverti en “Libraire toqué” à Namur, c’est parce qu’on se rendait compte qu’en termes de gastronomie, on parlait de beaucoup de régions d’Europe et, en Belgique, surtout de la Flandre. Notre but, c’était de faire parler un peu de nous, de mettre des outils de communication modernes à notre disposition.” A donc été créée la marque “Génération W”, déclinée en ligne, dans le livre “Une terre, des hommes et des recettes” à la Renaissance du Livre (tiré à 6000 exemplaires), à travers diverses activités (un festival culinaire sera organisé à Namur l’année prochaine) et des opérations de communication vers l’étranger. Avec des résultats. Il y a quelques jours, le supplément “Next” de “Libération” titrait par exemple : “La Wallonie, nouvel Eldorado gustatif”“Les chefs sont les ambassadeurs de leur région, de leur terroir, des artisans, complète San Degeimbre. Nous souhaitons promotionner ce qui se fait de beau en Wallonie. Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est pour pérenniser ce projet.”

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Même si on est en pleine campagne électorale, les politiques étaient tous d’accord, mercredi, pour saluer l’initiative de ces 10 chefs qui ont décidé de s’investir pour faire rayonner la cuisine wallonne. En tant que ministre wallon de l’Economie, Jean-Claude Marcourt a été le premier à apporter son soutien à Génération W. “L’initiative est venue des chefs, pas du gouvernement, précise-t-il. Notre soutien (200 000 euros de subsides, NdlR) a été accordé dans le cadre du programme Creative Wallonia. Cela montre qu’en termes d’innovation et de créativité, il n’est pas seulement question de technologie… Il y a 10 ans, je ne suis pas sûr que le “W” était vu comme une valeur positive. Je me réjouis que ce soit le cas aujourd’hui. On modifie collectivement l’image de la Wallonie. […] On est passé d’une image négative à une image neutre. Aujourd’hui, il faut créer une image positive.”

Quel que soit le résultat des élections régionales du 25 mai prochain, Génération W n’a pas de souci à se faire. L’association continuera à recevoir le soutien de la classe politique wallonne. Qui a compris qu’il fallait, à l’instar du Pays Basque, du Danemark, de la Suède ou de la Flandre, soutenir un secteur très porteur en matière de retombées médiatiques et touristiques. Mais pas seulement car la gastronomie permet aussi de faire le lien avec la production locale. Dans la charte de Génération W, il est d’ailleurs précisé que ses membres doivent s’engager à travailler avec des artisans locaux : fermiers, fromagers, céramistes…

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Seul Bruxellois de l’assemblée, Christos Doulkeridis connaît bien l’importance de la gastronomie. “La page la plus lue de mon site, c’est la recette de moussaka de ma mère”, plaisante-t-il. “Quand on a créé Brusselicious, on voulait faire rayonner la gastronomie bruxelloise mais aussi mettre l’accent sur les circuits courts entre les Bruxellois et les agriculteurs wallons. L’agriculture est un secteur qui détruit plus d’emplois qu’Arcelor. Il y a là une solidarité naturelle très concrète entre Bruxelles et la Wallonie. Aujourd’hui, on veut de plus en plus savoir ce que l’on mange mais aussi comment et par qui cela a été produit ! Il faut aider les agriculteurs à faire un travail de qualité.”

C’est sur la vision de l’agriculture de demain que quelques tensions pouvaient apparaître. Le MR refuse par exemple d’opposer les deux modèles agricoles. Pour David Clarinval, il faut soutenir une agriculture plus artisanale, bio, mais ne pas être “idéaliste” et tourner le dos à l’agriculture productiviste traditionnelle. Même discours du côté du CDH. François Desquesnes salue néanmoins l’évolution menée ces dernières années, notamment le travail des facultés de Gembloux et de Namur sur les appellations (AOP, IGP…). “Toutes ces initiatives tirent le secteur par le haut…”