Ce soir sur M6 et RTL-TVI, c’est la demi-finale de la 5e saison de « Top Chef ». Et les derniers candidats toujours en lice vont devoir se soumettre à un jury pas comme les autres. Sur une épreuve, ils seront départagés par les inspecteurs du célèbre guide rouge! Un deal gagnant-gagnant pour Michelin et pour M6…

Photos Pierre Olivier / M6

Si les audiences de la saison 5 sont en net recul sur M6 (c’est moins vrai sur RTL-TVI), l’émission n’a cessé de voir son aura grandir dans le monde de la gastronomie française. Il y a cinq ans, il fallait du courage à un chef pour associer son la téléréalité. Aujourd’hui, les trois-étoiles font la queue pour participer à l’émission. Preuve ultime de la légitimité de “Top Chef”, le célèbre guide Michelin a accepté que ses inspecteurs départagent sur une épreuve les candidats arrivés en demi-finale… Le fait que le jury de “Top Chef” soit en grande partie composé de chefs étoilés a évidemment facilité la décision.

Ce soir, on ne découvrira évidemment pas le visage de ces 8 jurés pas comme les autres. C’est l’une des conditions posées par le célèbre guide rouge, qui a également exigé que les membres du jury et les candidats ne croisent pas les inspecteurs. Sur le plateau, ceux-ci seront représentés par Claire Dorland Clauzel, porte-parole de Michelin. “Le producteur de l’émission nous a demandé si on acceptait de participer à une épreuve où la sélection serait faite par nos inspecteurs, explique-t-elle, précisant que cela n’était possible que parce que les candidats départagés sont des chefs professionnels et non des amateurs. Nous avons accepté parce qu’on remarque une curiosité dans le grand public sur la manière dont Michelin fait ses guides. C’est intéressant pour nous d’expliquer notre méthode, le fait que les inspecteurs sont salariés du groupe, qu’ils payent leur addition… […] Il y a un mythe autour d’eux. Je crois donc que c’est bien d’expliquer ce que l’on fait.”

Mettre en scène l’évaluation du Michelin

Sur les huit inspecteurs participants ce soir à l’émission, sélectionnés sur la base du volontariat, on compte deux femmes mais aussi un Anglais, un Italien et un Allemand. “Nous avons des inspecteurs qui tournent dans les différents pays où nous sommes présents, explique la porte-parole. Cela permet de mutualiser les équipes mais surtout d’assurer aux chefs que les critères sont les mêmes partout dans le monde.”

Pour mettre en scène cette épreuve un peu particulière, la production a filmé les inspecteurs à contre-jour ou en s’attardant sur leurs mains… “Ils ont simplement fait leur travail, précise la responsable du guide. Ceux qui ont vu l’émission m’ont dit que cela ressort très bien. On se rend compte du professionnalisme des inspecteurs rien qu’en écoutant leurs commentaires. Il y a aussi une fierté pour eux car, le plus souvent, c’est quand même un métier de l’ombre.”

Comme tous les guides, le Michelin souffre d’une concurrence accrue (notamment des blogs, des réseaux sociaux type Yelp…). Participer à “Top Chef” lui permet aussi de toucher un autre public, plus jeune. “Il s’agit d’une vraie décision stratégique de Michelin. On vit dans un monde où l’art culinaire, la gastronomie connaissent un intérêt important, à la télévision, dans le monde digital. C’est important que le Michelin puisse être vu via tous les moyens de communication, explique Mme Dorland Clauzel. Si le papier a diminué, nous vendons encore 90 000 exemplaires du guide. Au mois de mars, nous étions dans le Top 3 des ventes. Mais il est évident que les usages changent; on consulte aujourd’hui le guide sur son mobile. Mais le Michelin est depuis très longtemps sur Internet, possède son application. Aujourd’hui, rien que pour la France, on compte 2 millions de consultations du guide par mois en numérique. Et c’est vrai qu’avec une émission comme celle-ci, qui vise les 25-30 ans et les 45-50 ans, cela permet au guide d’être visible chez les plus jeunes…”

La relève de la gastronomie française

Globalement, l’expérience est donc gagnant-gagnant pour M6 et pour Michelin, qui apporte sa caution morale au niveau culinaires des participants de “Top Chef”. “Sur le plateau, j’ai pu voir que les candidats étaient très contents. C’était intéressant de voir des gens très jeunes réagir aussi bien à l’idée d’être jugés par les inspecteurs, malgré le niveau d’exigence. Cela montre que, dans leur tête, on reste une référence, se réjouit la voix du Michelin. Et ce qui est apparu aux inspecteurs, c’est que la relève de la cuisine française est là. Les candidats ont du talent, ce sont de vrais pros, qui cherchent à se dépasser.”

Et chez Michelin, on l’assure haut et fort : ce n’est pas parce que le guide se lie à M6 le temps d’une émission qu’il est question d’une quelconque collusion. “Cette participation est entièrement gratuite. Michelin n’a pas payé et n’a pas été payé  !”, s’enflamme la porte-parole. Le fait que deux anciens candidats de “Top Chef” aient obtenu leur premier macaron dans l’édition 2014 (Sophie Le Quellec et Florent Ladeyn) n’est pas pour autant un hasard. “Il est normal qu’il y ait des partages d’informations. Pour trouver de nouveaux talents, nos inspecteurs lisent beaucoup, regardent les émissions. Ce n’est donc pas un hasard que d’anciens candidats se retrouvent dans notre guide puisque “Top Chef” fait concourir des professionnels.”