Avec Brusselicious, Bruxelles a décidé de faire de 2012 l’année de la gastronomie. Au programme, d’innombrables activités (Dinners in the Sky, salon Horeca Life, festival Omnivore, accueil des Bocuse d’or…), l’une d’entre elles marquera certainement les esprits : la Tram Experience, un restaurant itinérant qui sillonnera les rues de la capitale durant un an. Au total, 421 voyages sont prévus, soit 14 321 clients potentiels !

Le concept est imparable, même s’il n’est pas original. Depuis plusieurs années, Milan a en effet son “ATMosfera Tram”, sur le même principe. L’idée a été transposée chez nous grâce à une collaboration entre la Région bruxelloise, la Stib et Electrolux. VisitBrussels a en effet fait appel à l’expertise du groupe d’électroménager, qui cherche de plus en plus à associer son image à celle de la haute gastronomie. On se souvient en effet du très classe “Cube”, restaurant éphémère installé pendant plusieurs mois au sommet de l’arche du Cinquantenaire.

Le “Cube” est clairement dans les esprits. Parmi les six chefs doublement étoilés choisis pour imaginer les menus servis durant la Tram Experience, on retrouve en effet les deux hôtes du “Cube” : le Wallon Sang-Hoon Degeimbre (“L’air du temps”) et le Flamand Bart De Pooter (“De pastorale”). Mais aussi Denis Roberti (traiteur Les Garrigues), qui avait travaillé avec le premier au Cinquantenaire. C’est lui qui est chargé de réaliser les menus imaginés par les six chefs : 2 Bruxellois, 2 Wallons et 2 Flamands (cf. ci-dessous). Vendredi dernier, c’est un Bruxellois, Lionel Rigolet, qui avait l’honneur d’inaugurer cette Tram Experience.

Dimanche dernier, 11 h 45, place Poelaert. Rien n’indique qu’un restaurant ambulant va s’arrêter ici. Mais quelques signes ne trompent pas : un jeune homme porte une vareuse Brusselicious. Tandis qu’arrivent au compte-gouttes une poignée de voyageurs guillerets un peu trop habillés pour attendre un simple tram… Une vingtaine de minutes plus tard, le Tram Experience débarque enfin. Repeint en blanc et siglé aux couleurs de l’événement, le tram ne fait pas ses 50 ans ! Quand on embarque, la bonne impression se confirme. Moderne et épurée, la déco, tout en blanc et néons bleus, mise en place par Electrolux a indéniablement de la gueule, faisant oublier le manque d’espace. Les tables sont dressées joliment et on est accueilli par une coupe de mousseux brut de la Moselle luxembourgeoise.

Même si 12 chauffeurs ont été spécialement formés à une conduite en douceur, dès que le tram débarque, on se sent comme dans un bateau. Les tables sont d’ailleurs creusées pour épouser la vaisselle. Tandis que serveurs et cuistots multiplient les grands écarts pour conserver leur stabilité. “Les premiers jours, j’ai eu le mal de mer”, plaisante Denis Roberti.

On en est aux balbutiements de l’expérience, les problèmes techniques sont donc inévitables (des tickets repas et billets taxi sont d’ailleurs prévus en cas de gros pépins…). Pendant une demi-heure ce jour-là, la batterie du tram, assurant l’alimentation électrique, est en rade. Mais le service est à la hauteur. Les arrêts prolongés du tram à Montgomery et Herman-Debroux sont d’ailleurs judicieusement mis à profit pour peaufiner le dressage du plat et du dessert.

Mr Roberti, traiteur « Garrigues », à l’avant-plan, en pleine action

Côté mises en bouche, petite crème de potiron et gingembre et un excellent bonbon au magret de canard et chips de cèpe japonais légèrement sucré. Une très bonne mise en appétit créée par le traiteur lui-même.

En entrée froide, Rigolet a imaginé deux cannellonis de veau cru, crème de foie gras d’oie aux olives vertes (un peu dense) et Comté 18 mois, magnifiquement dressé. On déguste le plat en jetant un regard, un peu gêné, aux passants, pour le moins interloqués de découvrir les passagers d’un tram en train de trinquer et de manger !

Côté plat, la cuisson du filet de sandre laisse un peu à désirer (problème technique au départ oblige), mais les accompagnements sont raffinés et la sauce, une réduction de syrah au curry fumé, plutôt savoureuse.

Au contraire du dessert, un peu aseptisé : une poire Doyenné pochée à la Poire William, sorbet poire-basilic, agrumes au combava et thé Calcutta.

Il ne faut pas se faire d’illusion. Pour 75 €, ce n’est pas comme si l’on mangeait dans un restaurant deux étoiles. Même si la qualité des plats servis et les dressages sont dignes de l’expérience qui doit encore prendre son rythme de croisière… En deux heures, on aura donc fait une belle balade d’une vingtaine de kilomètres dans les rues de Bruxelles avec le sentiment d’avoir vécu un moment aussi agréable qu’amusant.

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Infos pratiques

Le tram roule du mardi au jeudi à 20 h, vendredi et samedi à 19h et 21 h 30 et le dimanche à 12 h. Mais il faudra se montrer patient et visiter régulièrement le site pour dénicher, souvent à la dernière minute, une table libre de deux ou quatre convives…

• Rens. : www.brusselicious.be.

Tram privatif

Le Tram Experience s’adresse aussi (et surtout ?) aux entreprises. Les voyages du mardi, mercredi et jeudi sont ouverts à la location du tram dans son entièreté (34 places).

• Réserv. : [email protected].

Les tarifs

L’expérience coûte 75 €, soit 150 € pour une table de 2, 300 € pour une table de 4 et 450 € pour une table de 2 et une table 4 en continuité. Ce prix comprend un apéritif et un menu 3 services (entrée, plat, dessert), 2 coupes de mousseux, 2 verres de vin blanc, 2 verres de vin rouge et de l’eau.

Calendrier des chefs

Les chefs se relayeront, dans cet ordre, tous les 15 jours : Lionel Rigolet, Sang-Hoon Degeimbre, Pierre Résimont, Bart De Pooter, Pascal Devalkeneer et Thierry Thijs. Chacun concoctera donc 4 menus saisonniers, sauf les Bruxellois Rigolet et Devalkeneer qui en prépareront cinq.

• 28/02 > 11/03 Lionel Rigolet (« Comme chez soi »)
• 13/03 > 25/03 Sang-Hoon Degeimbre (« L’air du temps »)
• 27/03 > 08/04 Pierre Resimont (« L’eau vive »)
• 10/04 > 22/04 Bart De Pooter (« De Pastorale »)
• 24/04 > 06/05 Pascal Devalkeneer (« Le châlet de la forêt »)
• 08/05 > 20/05 Thierry Thijs (« Nuance »)
• 22/05 > 03/06 Lionel Rigolet (« Comme chez soi »)
• 05/06 > 17/06 Sang-Hoon Degeimbre (« L’air du temps »)
• 19/06 > 01/07 Pierre Resimont (« L’eau vive »)
• 03/07 > 15/07 Bart De Pooter (« De Pastorale »)
• 17/07 > 29/07 Pascal Devalkeneer (« Le châlet de la forêt »)
• 31/07 > 12/08 Thierry Thijs (« Nuance »)
• 14/08 > 26/08 Lionel Rigolet (« Comme chez soi »)
• 28/08 > 09/09 Sang-Hoon Degeimbre (« L’air du temps »)
• 11/09 > 23/09 Pierre Resimont (« L’eau vive »)
• 25/09 > 07/10 Bart De Pooter (« De Pastorale »)
• 09/10 > 21/10 Pascal Devalkeneer (« Le châlet de la forêt »)
• 23/10 > 04/11 Thierry Thijs (« Nuance »)
• 06/11 > 18/11 Lionel Rigolet (« Comme chez soi »)
• 20/11 > 02/12 Sang-Hoon Degeimbre (« L’air du temps »)
• 04/12 > 16/12 Pierre Resimont (« L’eau vive »)
• 18/12 > 30/12 Bart De Pooter (« De Pastorale »)
• 01/01 > 13/01 Pascal Devalkeneer (« Le châlet de la forêt »)
• 15/01 > 27/01 Thierry Thijs (« Nuance »)
• 29/01 > 10/02 Lionel Rigolet (« Comme chez soi »)
• 12/02 > 28/02 Pascal Devalkeneer (« Le châlet de la forêt »)

La fille: « J’ai vraiment éte impressionnée par le professionalisme de Mr Roberti (Traiteur Garrigues) qui a réussi, malgré la panne, à nous servir un plat très correct. De plus, le service en « salle » est jovial et l’ambiance très bonne, on est vite tenté d’échanger un mot avec son voisin.« 

Le garçon: « Autres petits points négatifs, la qualité des vins servis est moyenne et le pain exécrable. On aurait bien aimé aussi, pour clôturer le repas, un café/thé et un petit chocolat mais le temps du voyage est, selon ce qu’on nous a dit, trop court pour le permettre… Petite remarque: les hommes ne peuvent pas se soulager debout dans les toilettes… »