A mi-parcours de l’aventure Comme un chef, Lucie et Benoît font le point sur leur participation à l’émission de la RTBF. Ils seront, ce jeudi soir à 20h20 sur La une chez « Bon Bon » à Bruxelles, la belle table créative du chef étoilé Christophe Hardiquest.
Si elle n’atteint pas les audiences de “The Voice”, « Comme un chef » saison 2, avec un peu moins de 400 000 téléspectateurs tous les jeudis, conforte la RTBF dans son exploration des nouveaux codes d’une télévision “feel good”. Belge et bon enfant, l’émission est en tout cas une expérience unique pour ses sept jeunes candidats. Mardi midi, deux d’entre eux, Lucie et Benoît, avaient rendez-vous avec quelques journalistes chez “Bon Bon”. Ils ne peuvent évidemment rien dire du classement final, qui sera dévoilé dans la dernière émission, le 1er mars. Lors de laquelle les trois finalistes seront départagés par un jury composé de Sang-Hoon Degeimbre, Lionel Rigolet, Pierre Résimont, Yves Mattagne et d’Alexandre Dionisio, découvert dans “Top Chef” sur RTL-TVI.
Lucie Boucher, 19 ans, est toujours élève du Lycée Saint-Vincent de Paul à Uccle, en 6e restauration. Sa participation à « Comme un chef » a permi au resto de l’école d’attirer une nouvelle clientèle…
Lucie comme Benoît ne conservent que des bons souvenirs de cette expérience télévisuelle, même le fait d’avoir pédalé dans la choucroute chez le trois étoiles Marc Haeberlin, en Alsace. “C’est une cuisine totalement différente, explique Benoît. Je pense que les étoiles sont attribuées différemment aussi. C’est une cuisine plus traditionnelle, plus familiale. On a eu du mal à s’adapter.” La jeune Lucie confirme. “Le chef voulait du simple et du bon. On a parfois un peu tendance à se casser un peu trop la tête…” Ce qui les a surtout impressionnés, c’est la taille de la brigade à “L’auberge de l’Ill” : 50 personnes, à qui il a fallut faire à manger lors d’une épreuve ! Rien à voir avec l’ambiance familiale de “La table de Maxime” par exemple…
Et c’est sans doute ça le plus enrichissant, au-delà de la volonté de certains de goûter à la médiatisation (Benoît ne s’en cache pas), le fait d’avoir, en six semaines, pu découvrir des univers très différents. “A l’école, on fait un mois et demi de stage dans un hôtel-restaurant, on dort sur place, explique Benoît. Ici, on a une semaine pour conquérir le chef, pour en apprendre le plus possible. Il y a un défi, il faut se surpasser, démontrer sa créativité, pas seulement suivre les règles d’un resto.”
Benoît Wilms, 19 ans, est en 7e professionnelle à l’Institut de la Providence à Wavre.
Ce soir, on découvrira leur passage par les cuisines de “Bon Bon”, la table de Christophe Hardiquest reposant sur l’impro, où ils devront notamment préparer un menu complet pour une table réunissant 7 étoiles Michelin ! “C’était chouette, très attachant. Mais on a parfois envie de leur donner un coup de pied au cul ! Ça demande beaucoup d’énergie mais c’est un peu ce qu’on fait tous les jours avec les jeunes”, se souvient le jeune chef étoilé bruxellois. Depuis deux ans, Lucie, élève au Lycée Saint-Vincent de Paul à Uccle travaille d’ailleurs en extra chez “Bon Bon”… Si Hardiquest ne cache pas la nécessité pour un chef aujourd’hui de médiatiser son resto (en participant par exemple à “Comme un chef”), il estime que ces émissions culinaires participent aussi à un “développement de la conscience du public”. “Ça ouvre les portes d’un métier sur lequel les gens ont encore des préjugés… Le revers, c’est que beaucoup de consommateurs se prennent désormais pour des critiques gastronomiques, parlant d’un plat avec le vocabulaire de Jean-François Piège. Ça me fait rire…”
Mais la vraie colère d’Hardiquest, comme de nombreux chefs, est contre la formation des étudiants sortant des écoles hôtelières. “Aujourd’hui, cela ne ressemble plus à rien. Il faut d’abord reconstruire le civisme et des règles de déontologie. Si on te dit d’arriver à 9 h, c’est pas 9 h 30 ! Au niveau de leurs connaissances, ils ne sont pas assez curieux et manquent de culture générale. Prenez l’exemple de la géographie, ils ne savent même pas où sont la Toscane ou les Pouilles… Chez moi, il y a un classeur avec les produits qu’on travaille, comme le lard de Colonnata par exemple. Tous les jours, ils ont des petits devoirs… Ils sortent diplômés de l’école hôtelière sans savoir qui est Auguste Escoffier ou Antonin Carême. Il y a évidemment des élèves qui sortent du lot, comme Lucie ou Benoît, mais il faut développer leur curiosité. Moi, tous les jours, j’étudie…”