L’AFP nous apprenait mercedi que la France était favorable à l’interdiction du commerce international du thon rouge, avec un délai de 18 mois avant son application, afin de protéger l’espèce. Nicolas Sarkozy s’était en effet exprimé en juillet en faveur d’une inscription du thon rouge de Méditerranée, victime de surpêche, à l’annexe de la Convention de l’Onu sur le commerce international des espèces menacées.
L’Union européenne attendait la décision de la France pour décider de recommander ou non, au niveau communautaire, l’interdiction du commerce du thon pour protéger le stock. Vendredi, elle a donc suivi la décision française et s’est dite, elle aussi, favorable à une interdiction totale de la commercialisation du thon rouge. Une décision logique, qui suit l’avis de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages, et qui se comprend aisément quand l’on sait que les stocks de thon rouge ont chuté de 80% par rapport au XIXe siècle!
Dans la foulée, le grand chef breton Olivier Roellinger, vice-président des Relais & Châteaux, expliquait avoir obtenu de tous les membres de l’association l’engagement de ne plus utiliser le thon rouge dans leurs restaurants. Une gageure, surtout auprès des chefs japonais. Le Japon est en effet un gros consommateur de thon rouge, notamment dans les sushis!
Il faudra donc se passer des fabuleux nigiri au toro (ventrêche de thon) et des tartares de thon durant quelques années. Mais ce n’est pas plus mal, cela nous amènera à découvrir d’autres poissons. Nous, cela fait en tout cas déjà quelque temps déjà que nous avons arrêté de consommer du thon rouge. Et, depuis des années, nous essayons de faire attention aux poissons sauvages que nous consommons… Il semble en effet nécessaire de protéger les espèces en péril, quitte à ce que ce soit de manière cyclique. L’heure du cabillaud a bientôt sonné également… Dommage que les pêcheurs eux-mêmes, premiers concernés, ne soient pas aussi sensibles à ce message. C’est pourtant leur gagne-pain qui est en jeu. Quand il n’y aura plus rien à pêcher, ils ne seront pas plus avancés…
Quand il n’y en aura plus du tout, ils s’arrêteront d’en pêcher et d’en manger. On n’entend pas beaucoup les bobos sur ce sujet par contre. Ils adorent l’écologie sous toutes ses formes, et nous gavent toute l’année sur les « bons gestes » à faire pour notre mère la terre, mais allez toucher à leur sacro-sainte « sushy party » hebdomadaire, alors là non! On les voit bouffer ça comme des amuse-gueules, les avaler le plus rapidement possible, presque sans les mâcher, parce que le poisson cru dans la bouche, c’est franchement infect. Pur snobisme! Un occidental qui mange des sushis, c’est comme un japonais buvant du beaujolais.
Voilà un avis tranché! Ceci dit, j’adore les sushis non par snobisme mais simplement parce que c’est excellent et très sain! Et le poisson cru n’a rien d’infect s’il est frais. C’est d’ailleurs une pratique que l’on retrouve chez nous aussi avec les carpaccios et autres tartares! Tandis que les pêcheurs italiens mangent par exemple le poulpe cru juste après l’avoir pêché et battu sur les rochers.
Et si l’on vous suit, il n’est plus question pour nous, Européens, de manger des hamburgers américains, des woks chinois ou encore un bon curry vert thaïlandais. Quelle tristesse de rester ainsi fermé sur sa propre culture culinaire…
Par ailleurs, paradoxalement, ce sont les Japonais aussi qui doivent restreindre leur consommation de thon, pêché en Méditerranée ou élevé le long des côtes chiliennes, avec tous les dégâts écologiques à la clé… Enfin, les Japonais boivent désormais du beaujolais… Ils commencent en effet sérieusement à s’intéresser au vin. Ils en font même le sujet de mangas!