Mercredi soir, Alain Ducasse présentait à la presse son nouveau restaurant new-yorkais, « L’Adour ». Cette énième tentative d’Alain Ducasse pour séduire la Grande Pomme se révélera-t-elle être la bonne?
Article publié dans La Libre du 8 mars
Le guide Michelin France 2008 est sorti il y a quelques jours et Alain Ducasse y conserve, sans surprise, ses nombreuses étoiles, dont les trois du Plaza Athénée à Paris et les trois du “Louis XV” à Monaco. Il reste ainsi le deuxième chef français le plus étoilé après Joël Robuchon. Mais son succès est mondial; il totalise en effet quelque 14 macarons à travers le monde.
Mais de chef, Ducasse n’a depuis bien longtemps plus que le titre. Aujourd’hui, il est surtout un homme d’affaires, à la tête d’un véritable empire de plus de 20 établissements. Son nom et sa marque se déclinent en restaurants gastronomiques, adresses-concepts, brasseries, société de conseil…
Fidèle à son adage, “Savoir-faire, faire faire et faire savoir”, Alain Ducasse ne manque jamais de faire parler de lui. Ainsi, récemment, il ouvrait un nouveau restaurant gastronomique à Londres, “Alain Ducasse at the Dorchester”, tandis qu’après 120 jours de travaux, il inaugurait en décembre dernier le nouveau “Jules Verne”, dans la Tour Eiffel.
Un trophée manque pourtant à son palmarès : Ducasse n’a toujours pas, jusqu’ici, réussi à conquérir la Grande Pomme. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé… Sa première tentative, prestigieuse, remonte à 2000 avec un restaurant étiqueté “Alain Ducasse” (synonyme de “gastronomique”) à l’hôtel Essex House. Mais jamais il n’est parvenu à séduire les New-Yorkais, qui lui reprochaient l’extrême sophistication du lieu et ses prix exorbitants. Il avait donc dû fermer boutique en 2005.
Qu’importe. Il ouvrait ensuite le “MIX”, créé autour de l’idée de “mixitude” (sic) entre passé et présent, entre cuisine et culture, entre cuisine américaine et européenne. Mais l’établissement a lui aussi dû baisser pavillon récemment. Et on se souviendra de la presse américaine qui qualifiait l’endroit de “lost in translation”. Un peu perdu, Ducasse?
Jamais deux sans trois
Mais il en faut plus pour décourager le bonhomme. Mercredi soir, il présentait ainsi à la presse internationale son nouvel établissement new-yorkais, “L’Adour”, en référence à la rivière de son Sud-Ouest natal. Une nouvelle adresse sise dans l’hôtel St Regis à deux pas de la 5e Avenue qui pourrait l’aider à séduire dans une ville réputée difficile, mais où certains de ses confrères français, comme Joël Robuchon ou Jean-Georges Vongerichten, ont su se faire apprécier et sont solidement installés.
Se glissant dans les pas d’un Enrico Bernardo et de son “Il vino” parisien au succès fulgurant – il a décroché d’emblée sa première étoile après quelques mois d’ouverture seulement –, Ducasse souhaite ici créer un univers “où la gastronomie est fonction du vin”, a précisé son chef Tony Esnault. “Le concept a changé, la cuisine est désormais inspirée par le vin, dans une ambiance beaucoup plus décontractée”, a expliqué Esnault, déjà présent dans l’équipe du Essex House.
Situé au coin de la 5e Avenue et de la 55e Rue à Manhattan, “L’Adour” propose un décor années 70, incrusté dans l’hôtel St Regis, de style classique. L’atmosphère se veut feutrée et luxueuse sans être ostentatoire, où des boules en verre imitent des bulles de champagne et où la gamme de couleurs va du bronze à l’or en passant par le pourpre. Partout, les bouteilles de vins prestigieux tapissent les murs.
Sur les tables, un jeu savant permet de “cliquer” sur la nappe pour voir s’afficher en surbrillance le menu du jour ou l’histoire des vins de Champagne.
Plus de simplicité
Se voulant moins compliqué que le restaurant de l’Essex House, “L’Adour” autorise les tenues vestimentaires décontractées et offre vin rouge et vin blanc pour le même plat; “une manière de jouer avec le goût des plats”, souligne Tony Esnault. La cuisine est simple et légère, pas particulièrement “française” mais plutôt mondiale. Poissons et viandes sont servis avec des purées aériennes et le tout se conclut par un sorbet à l’orange et gingembre coiffé de fines lamelles de chocolat. Et accompagné de macarons et d’une dernière coupe de champagne. Les vins servis privilégient les Etats-Unis, avec un vin blanc californien et un cabernet franc rouge de Long Island, une tendance croissante dans les restaurants de New York.
Cuisine plus simple, prix plus contenus, peut-être Ducasse fera-t-il mouche cette fois auprès des New-Yorkais et du “New York Magazine” notamment, qui n’avaient pas été tendres avec son “Alain Ducasse at the Essex House”…
Envie d’y goûter?
« Adour » at the St Regis.
2 E 55th St 10022 New York
Tél.: +1-212-710-2277.