bc95b65c9317c47692902eb8dd1109c5.jpgForte hausse de la demande mondiale de produits laitiers frais et de fromages, baisse de la collecte de lait en Europe: tous les facteurs sont réunis pour une importante hausse des prix en France d’ici à la fin de l’année, estiment les industriels français. Et il y a fort à parier que cette hausse se fera sentir sous nos latitudes aussi au rayon frais…

« Les prix des produits de grande consommation comme les yaourts, les fromages, les crèmes et le lait devraient augmenter en moyenne de 4% à 5% d’ici la fin de l’année », affirme à l’AFP Olivier Picot, président d’Atla (Association de la transformation laitière) qui regroupe les industriels privés et les coopératives. « D’ici la fin de l’année les prix devraient prendre 4% », confirme Luc Morelon, directeur de la communication de Lactalis, premier groupe laitier français, basé à Laval (Mayenne). Pour M. Picot, « ces augmentations sont inéluctables à moins que les grands distributeurs, comme les centres Leclerc, rognent sur leurs marges ».

La hausse de la consommation est très forte en Europe depuis 2002 pour les fromages (+8,7% en volume) et les produits frais (yaourts et desserts lactés, +17,2%). Même si en France l’achat de lait par les ménages est en constant recul (2,62 milliards de litres en 2006 contre 2,78 en 2002) à cause de la baisse de l’usage du lait en cuisine et la concurrence de produits comme les barres céréalières.

Or, en Europe, où la Commission a longtemps été préoccupée par les montagnes de beurre et de poudre de lait qui pesaient sur le budget de la Communauté, la production avec 126 milliards de litres de lait a atteint son niveau de collecte le plus bas depuis 15 ans pour la campagne 2006-2007 (avril-mars). « Il manque un milliard de litres, essentiellement en Allemagne et en France », affirme M. Picot.

La France, deuxième pays producteur avec 23 milliards de litres fournis par 3,8 millions de vaches et 100 000 producteurs, n’arrive même plus à réaliser le maximum du « quota » qui lui a été accordé jusqu’en 2015. Or l’hémorragie des producteurs laitiers, tentés par des prix des céréales plus rémunérateurs et rebutés par la pénibilité du travail, se poursuit à grande vitesse. Leur nombre diminue de 5 000 par an en France. Pourtant, après trois ans de baisse du prix payé aux producteurs (laquelle était compensée par l’aide directe versée par Bruxelles qui atteint maintenant 36 euros pour 1 000 litres), celui-ci augmente à nouveau depuis le début de l’année sous la pression de la demande.

Lors de sa prochaine réunion, le 10 juillet, le CNIEL (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière), qui réunit les industriels et la majorité des producteurs, devrait recommander, pour le troisième trimestre de 2007, une augmentation du prix payé aux producteurs d’environ 10 euros pour 1 000 litres. Mais cela ne résout pas le problème des industriels qui craignent une nouvelle chute de la production. « Il faut réformer en France la gestion française qui autorise le transfert des quotas accordés à chaque producteur uniquement dans un cadre départemental. Il ne faut plus y réfléchir comme depuis 10 ans mais le faire et prévoir des zones plus larges pour permettre ces transferts », affirme, avec force, le président d’Atla. Interrogée par l’AFP, la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL) s’est dite pour sa part toujours attachée au maintien du système départemental. (AFP)