On sait que Bruxelles est une ville gourmande par excellence où on déniche de bons restaurants à la pelle…
Mais saviez-vous qu’on peut aujourd’hui aller manger chez son voisin ou passer chez lui chercher son menu du jour ?
Avec l’essor de l’Internet, l’économie “du partage” ne cesse de gagner du terrain, concurrençant de plus en plus ouvertement des pans entiers de l’économie classique : AirBnB pour les hôtels, Uber pour les taxis, Yelp pour les guides gastronomiques… Aujourd’hui, nombre d’initiatives voient également le jour dans le domaine de la cuisine : tables d’hôtes, boîtes d’ingrédients et recettes, plats préparés par des amateurs… Les restaurateurs n’ont qu’à bien se tenir !
La cuisine des voisins
A emporter. S’inviter chez le voisin ? C’est désormais possible, ou presque, avec la plateforme Menu NextDoor, lancée en mai dernier par le jeune entrepreneur bruxellois Nicolas Van Rymenant, 30 ans. L’idée lui est venue lors d’un séjour aux Etats-Unis, où il a rencontré quantité de jeunes qui ne cuisinaient pas et qui commandaient leurs repas sur Internet, souvent réduits à la malbouffe. Quand il a participé à un dîner de Thanksgiving où la maîtresse de maison cuisinait pour sa famille mais aussi ses voisins, ce fut le déclic !
Concrètement, Menu Nextdoor, c’est une cinquantaine d’amateurs proposant toutes les semaines un bon millier de menus, de la cuisine de grand-mère à des propositions 100 % “healthy”.
©MenuNextdoor
Portugaise installée depuis 20 ans à Bruxelles, Cristina proposait il y a quelques jours un chouette menu (12 €) autour du bacalao (morue salée). C’était sa première expérience. Depuis, elle a déjà remis le couvert, pour s’occuper mais aussi pour faire découvrir la cuisine portugaise aux plus jeunes…
A la tête d’une petite épicerie orientale au Châtelain, Chinda avoue, elle, participer à Menu NextDoor afin d’arrondir les fins de mois. Ce jour-là, la jeune femme kurde de Syrie de 28 ans, qui a déjà cuisiné une petite dizaine de fois pour le site, écoulait ainsi pas moins de 43 mezze libanais (11 €), sa “meilleure vente”.
©MenuNextdoor
Pour l’instant, Menu Nextdoor ne se rémunère pas, affirme son fondateur. Mais à terme, l’idée est de permettre aux clients de payer directement en ligne. A ce moment-là, Nicolas Van Rymenant prendra une commission de 10 à 15 %… Tandis qu’il prévoit déjà d’élargir l’offre en dehors de Bruxelles.
©MenuNextdoor
Et pour les fans de boulangerie et de pâtisserie, on pourra bientôt compter sur une autre plateforme du même genre qui se développe, Breadsy!
- Infos : www.menunextdoor.com.
Petits repas entre expats
International. Les tables d’hôtes se multiplient, qu’il s’agisse d’initiatives personnelles plus ou moins professionnelles ou de plateformes en ligne, comme le célèbre Bookalokal, créé par Evelyne White à Bruxelles fin 2012 et désormais présent à Paris, Berlin, New York… Ou comme OpenKitchen, qui donne accès à divers dîners événementiels dans Bruxelles.
©Meetsies
Dernier né sur ce créneau, Meetsies a été lancé il y a trois mois en direction des 30-35 ans. Et propose, lui aussi, de réunir les gourmets autour d’une table le temps d’un repas à la bonne franquette. A la base de ce nouveau site de partage, on retrouve un couple, la Française Ségolène Martin et le Bruxellois Nik Subramanian. Tous deux ont quitté leur boulot bien payé pour se lancer dans l’aventure.
©Meetsies
Ce soir-là, autour de la table et du menu végétarien (26 € avec le vin), on retrouve Gordon, économiste maltais à la Commission européenne, Amy, jeune Hollandaise passionnée de chocolat, ou encore Paco, expatrié espagnol amoureux de la bonne bouffe. A l’apéro, autour d’un verre de crémant ramené par le couple d’un séjour en Alsace, on grignote un bon caviar de betterave et l’on retrousse ses manches pour préparer les galettes de courgette qui suivront. Bien arrosée, la soirée est riche de rencontres et les conversations animées en anglais. Ségo et Nik ont réussi leur pari, celui, non pas de la grande cuisine raffinée, mais de la convivialité.
Pour l’instant, leur plateforme réunit une trentaine d’hôtes, surtout des expats. “Le but est d’en avoir un maximum pour avoir le plus de diversité possible”, explique la jeune Bretonne. Nouveauté, ils viennent de lancer un service de plats à emporter “préparés avec amour par des gens comme vous et moi”.
- Infos : www.meetsies.com.
Les tables d’amis
Convivial. La pétillante Aline Gérard a suivi des cours de cuisine au Cefor à Namur, mais elle a développé un amour inconditionnel pour la cuisine après avoir animé pendant dix ans de nombreuses tables d’hôtes. Son diplôme en poche, elle a travaillé dans quelques restaurants bruxellois, dont “Le Garage à manger”. Mais il y a un an et demi, à 35 ans, elle décide de tout plaquer pour s’établir à son compte.
Aline propose aujourd’hui ses propres recettes lors de ses différentes activités : traiteur, cours de cuisine (chez “Les Filles Plaisirs culinaires” et au “Prélude”; compter environ 50 € pour le cours et le repas) et toujours des tables d’hôtes, réservées à ses amis. Son credo, montrer qu’on peut faire bon et beau, des recettes délicieuses sans se prendre la tête, juste en utilisant de bons produits. Elle propose ainsi des plats dans l’air du temps avec peu de viande et en mettant en valeur les légumes de saison, avec une touche de Méditerranée par ci, une touche de Japon par là. Ses plats fétiches du moment : des malfatti aux épinards, une mousse de betterave et feta, des légumes rôtis au four sucré-salé ou des aubergines miso et tomates confites. Des recettes sans chichis qui plaisent et qui attirent un public varié, séduit par une vision décomplexée du bien manger.
A la table d’Aline, on voit même passer des professionnels de la restauration ou du vin lassés par les chichis des restaurants et chavirés par la convivialité de l’expérience. Car on finit souvent par se lier d’amitié avec les convives autour de la table. Certains couples se sont mêmes formés autour des délicieux plats d’Aline…
- Infos : www.alinegerard.net.
Cuisine en kit
Home sweet home. Le succès des box en tout genre ne se dément plus. Du maquillage au vin en passant par la couture, on trouve de tout ! Surfant sur la vogue, Smartmat est un concept de boîtes contenant ingrédients et recettes livrées directement à la maison qui promet à ses utilisateurs une vie plus facile !
@Smartmat
L’idée est née en 2007 en Suède. Kicki Theander, une mère de trois enfants, souhaitait ainsi aider les familles à cuisiner quotidiennement avec des ingrédients sains. Suédois installé à Anvers, Anders Asarbyn a repris le concept à son compte en 2011. Lequel vient de débarquer il y a peu du côté francophone.
©Smartmat
Le principe est simple : on souscrit à un abonnement hebdomadaire ou bimensuel (menus 3 j./4pers. à 75€ ou 4j./2 pers. à 65€) pour recevoir, le lundi soir, le menu de la semaine, annoncé sur la page Facebook. Dans la boîte, des légumes (au minimum 25 % bio), des produits garantis sans additifs, du poisson durable, de la viande… Et pour les végétariens, une boîte spécifique est prévue ! Le concept est génial, mais les recettes sont parfois un peu trop fantaisistes (comme ce saumon en croûte de moutarde, servi avec des panais et des carottes au four, une salade d’épinards, tomates et poivron et encore une crème d’avocat!). Et il est à réserver à ceux qui ont 45 minutes à passer en cuisine tous les soirs.
@Smartmat
A noter pour concurrencer les restos, du 16 octobre au 28 novembre, Smartmat ouvrira un “bistro” dans divers lieux encore tenus secrets dans plusieurs villes de Belgique, où l’on pourra “se retrouver tous ensemble autour d’un repas sain et délicieux”.
- Infos : www.smartmat.be.