Maison D: un double «D» gagnant

Il n’a pas été bien loin… A peine 8 km (et une frontière linguistique) séparent en effet «Le château du Mylord», deux étoiles où le jeune chef Didier Bourdeaux a travaillé pendant 8 ans, dont 5 ans comme sous-chef, de son nouveau restaurant, installé depuis un peu plus de 4 mois dans une splendide maison de médecin d’une rue tranquille du centre de Renaix que son épouse, Delfine Van der Straten (nièce des frères Thomaes) a décoré avec goût.

Elle a respecté l’histoire de cette maison de maître (gardant les belles portes accordéon en bois, les anciens radiateurs, les cheminées en marbre….), tout en lui conférant une atmosphère contemporaine, avec ce plancher en chêne clair, ce papier peint géométrique, ces lumières étudiées pour habiller les hauts plafonds, ces chaises Louis XV modernes noir et beige camel, couleur que reprend aussi les élégantes banquettes Chesterfield. Tandis que, dans la seconde salle, donnant sur la véranda, on admire cette paroi entièrement recouverte d’un damier de petites pierres naturelles.

Dans un décor cossu comme celui-ci, on s’étonne presque de découvrir des mises en bouche aussi simples: une salade de gros couscous, féta et piquillos et surtout une excellente tête de pressée accompagnée de graines de moutarde et d’une mousse de jambon.

Voilà de quoi rassurer d’emblée: la gourmandise est ici de mise. Notamment dans deux formules au bon rapport qualité-prix: 3 et 4 serv. (35€ & 45€ + 16€ & 23€ pour de chouettes vins découverte), dont les intitulés, minimalistes, se résument aux ingrédients principaux.

Bien pensée, la première entrée puise son inspiration du côté du nord de l’Italie avec un vitello tonnato revisité (22€), avec une pointe de dashi sur le carpaccio et une note de poivron rouge dans le tartare. Le tout accompagné d’asperge blanche cuite et crue. Si le chef n’avait pas eu la main un peu lourde sur le poivre et avait poussé son idée jusqu’au bout (un rien plus de thon et de dashi), cela aurait été parfait! Reste une belle mise en jambe tout en fraîcheur et aux goûts justes, qu’accompagne joliment un très agréable «Bossa», vin blanc de la région de Bairrada au Portugal.

On le préfère au deuxième, un Terrassous «L’original» 2011, un petit côtes du roussillon blanc alliant grenache blanc (80%) et vermentino (20%) produit par la Cave de Terrats (coopérative). Ses notes anisées au nez s’accordent ceci dit parfaitement avec la sole pochée au bouillon (35,50€) proposée avec du fenouil, une crème d’artichaut, une excellente sauce montée au beurre, une feuille de verveine citronnelle et juste ce qu’il faut d’oseille pour l’acidité. Un plat servi également pas un très beau visuel.

Côté viande, le caneton, excellent, est servi bien rosé (25,50€) avec une purée de carottes des sables au cumin, des petites croquettes de pommes de terre et des légumes vert croquants (fèves, petits pois, haricots, asperges). Tandis que la sauce fait un clin d’oeil à la Chine en se la jouant cinq épices. Un plat classique mais d’une grande finesse, parfaitement exécuté. Qui s’adjoint un puissant Brezo du nord de l’Espagne, dont le cépage mercía offre de belles notes de fruits rouges.

Didier Bourdeaux fait sans doute un peu d’excès de zèle au moment du dessert, joliment mis en scène, ses macarons au chocolat Tumaco sont en effet trop croquants mais son sorbet fruit de la passion rattrape ceci dit le coup. 

Didier aux fourneaux et Delfine en salle forment un couple solide à la tête de cette bien nommée «Maison D» qu’on devrait définitivement découvrir.  

 

Cette critique a été publiée dans le « Trends-Tendances » du 16 mai 2013.

Envie d’y goûter?

• Cote: 7,5/10.
• Cuisine: française.
• Cave: limitée.
• Cadre: cossu contemporain.
• Terrasse: oui.
• Parking: non.
• Adresse: 10 rue Charles Vandendooren 9600 Renaix.
• Rens.: 055.60.74.65 ou www.maison-d.be.
• Ouverture: fermé lundi, samedi midi et dimanche soir.