5e755369e781411f5529239acf6b1f07.jpgIl y a une quinzaine de jours, on faisait état de la disparition de Pascal Henry, gastronome suisse qui s’était donné comme mission de réaliser un tour du monde très gourmand puisqu’il devait l’emmener à la découverte des 68 meilleurs restaurants de la planète, selon le guide rouge en tout cas. Ebloui par son passage par « El Buli »?, le bonhomme avait disparu le 12 juin, juste après avoir découvert la cuisine de de Feran Adrià… Jeudi dernier, on a finalement retrouvé sa traces à Genève, où Pascal Henry a été reconnu sur une image de vidéosurveillance en train de retirer de l’argent à un distributeur…

Si Pascal Henry n’a pas encore donné signe de vie à son entourrage, on le sait aujourd’hui sain et sauf. Mais difficile de percer le mystère de sa disparition soudaine, tout comme comprendre ce qui l’a motivé à entreprendre cet incroyable périple gourmand.

Réservé, sans famille (sauf un oncle libraire) ni attache, Pascal Henry est coursier à moto à Genève. Solitaire, il cultive une passion pour la cuisine, et la haute cuisine en particulier. Ses économies, il décide donc de les placer dans un voyage qui devait lui permettre de goûter, à travers 68 étapes dans le monde et en 68 jours, la cuisine de tous les chefs triplement étoilés de la planète.

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Le voyage, qui devait se terminer le 11 juillet chez Alain Ducasse au Plaza Athéne à Paris, débute le 5 mai. A tout seigneur, tout honneur, notre gastronome suisse va en pélerinage à Collonges chez Paul Bocuse. Le pape de la Nouvelle Cuisine, séduit par son idée folle, décide de le parrainer, envoyant à ses collègues des lettres de recommandation.

De « L’Astrance » à Paris au « Hof van Cleve » de Peter Goossens à Kruishoutem (ses deux meilleurs repas, comme il le confiait par sms à un Jacques Perrin, ami blogueur), le voyage passe par Anne-Sophie Pic, Georges Blanc, Guy Savoy, la maison Bernard Loiseau. Ses pérégrinations l’emmènent également par l’Allemagne, l’Italie. A chaque fois, il passe de longues heures à table, discute avec les chefs, paye son addition en cash et reprend la route.

Le 12 juin au soir, Pascal Henry va cependant dérégler sa routine bien établie. Après le repas chez Adrià, sa 40e étape, il laisse ses convives en plan. Abandonnant son précieux livre d’or, qu’il faisait signer par le chef à chacune de ses escales, il quitte subitement la salle à manger d' »El Bulli » sans régler son addition. Au bout de quelques jours, la disparition est à ce point inquiétante qu’Interpol est alerté! Jeudi dernier, la police catalane patrouillait même, avec un hélicoptère, autour du restaurant le plus célèbre du monde pour tenter de retrouver M. Henry.

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Pascal Henry, le soir de sa disparition

Repéré jeudi soir par une caméra de surveillance à Genève (de quoi soulager Ferran Adrià, qui craignait pour sa réputation), Pascal Henry ne s’est pas encore expliqué sur sa disparition. A en croire l’expérience de Morgan Spurlock dans les fast-food dans le film « Supersize Me », manger autant entraîne non seulement des kilos en plus (7 ou 8 en 40 jours pour Henry) mais aussi de sacrés coups de blues. Peut-être l’homme, après avoir partagé tant d’émotions culinaires, en a-t-il eu simplement sa dose. A moins qu’Adrià, par ses expériences déroutantes, ne l’ai découragé à jamais de la cuisine… Ou alors, tout simplement, n’avait-il plus les moyens de financer un voyage qui devait encore l’emmener aux Etats-Unis et au Japon…