Ne dites plus San Bruxelles, dites Vertige. Depuis fin juin, Sang-hoon Degeimbre a fermé son resto à bols, pour en confier les rennes au jeune Kevin Perlot. Comme il l’avait déjà fait en aidant son ancien second Toshiro Fujii à ouvrir son propre restaurant.
Un jeune Namurois bourré de talent
Repéré, étudiant en école hôtelière, dans l’émission de la RTBF Comme un chef, le Namurois était en effet passé par les cuisines de L’Air du Temps, avant de séduire les gourmets chez Pépite, chouette cave à manger de Namur dont il fut le chef pendant trois ans. Le voilà désormais aux commandes de Vertige, avec des ambitions clairement gastronomiques. Soulignées par la sélection vineuse sans faille du génial Michel De Muynck, sommelier du groupe L’Air du Temps.
Même si la crise du Covid a bousculé un peu ses plans, Kevin Perlot entend ici défendre une philosophie locavore, en mettant en avant les producteurs bruxellois avec lesquels il travaille, comme la ferme Nos Pilifs ou Cycle Farm à Linkebeek. Ses menus (un lunch à 45€ et deux menus à 80 et 95€) sont ainsi pensés en fonction des paniers qu’il reçoit…
Naturalité revendiquée
De son passage chez San, Perlot a gardé un goût pour la technique, mais aussi pour une certaine naturalité (notamment l’usage des fermentations), mais il se revendique également de la franchise et la simplicité d’un Pascal Barbot (L’Astrance, à Paris).
Concrètement, cela se traduit par des assiettes tout en fraîcheur, basées sur le végétal et des associations toujours intéressantes, souvent inédites, mais parfois un peu trop complexes. À l’image de ce joli tartare de merlan de ligne, juste saumuré, proposé avec des radis, un condiment de fanes et une sauce associant albumine de poisson et jus de lacto-fermentation des radis.
On retrouve la touche acidulée dans les carottes accompagnant de belles langoustines bretonnes. Pochées dans un bouillon fumé et grillées à l’envoi, celles-ci sont servies dans un consommé de boeuf au kimchi.
Mais on leur préfère le petit side dish, plus relevé: une bisque de têtes de langoustines texturée et une écume de jus lacto-fermenté.
Une sacrée technique
Cent pour cent végétale, la complexe composition autour de la tomate provençale (mariée à de la roquette, mais aussi à des algues) est bien pensée, mais, au début de l’été, la tomate manquait encore un peu de saveur.
À la différence de l’excellent veau de lait belge rôti, rehaussé d’un condiment parmesan-noix précis et d’une purée d’oignon grillé aux navets crus. Un plat qui claque!
Tout comme le très bel accompagnement proposé sur le côté, une purée d’oignon grillé et ail nouveau, avec du navet cru et de l’oignon jeune. Où le sucré de l’oignon est parfaitement balancé par le côté grillé. On se lèche les babines!
Avant de terminer sur une note délicatement sucrée autour de l’abricot cru, avec miel fermenté, sorbet de verveine et tuile à l’amandon d’abricot.
Voilà ce qu’on appelle des débuts sur des chapeaux de roue pour Kevin Perlot!
Cet article est paru dans le « Trends-Tendances » du 30 juillet 2020
Envie d'y goûter?
- Cote: 7/10.
- Cuisine: gastronomique.
- Cadre: épuré.
- Cave: vins nature.
- Terrasse: non.
- Parking: non.
- Adresse: 26 rue de Flandre, 1000 Bruxelles.
- Rens.: www.vertigebxl.be ou 02.318.19.19.
- Ouverture: du mardi au samedi.
L'avis de La fille & du Garçon
Le garçon: « J’ai très bien mangé, mais pour être honnête, la cuisine de Kevin Perlot ne m’a pas encore donné le vertige… Ses plats m’ont semblé assez compliqués. Pour un peu, je préférais même le côté un peu plus détendu et rock’n’roll de Pépite… »
La fille: « Pour moi, c’est tout l’inverse. Kevin Perlot propose une cuisine plus sophistiquée et plus intéressante chez Vertige. C’est une très belle entrée en matière et je suis certaine que ce jeune chef nous réserve de belles choses à l’avenir! »
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