Capitale économique de la Flandre, Anvers est une ville riche et cosmopolite, à l’offre culinaire de plus en plus variée et enthousiasmante.

 

Anvers gastronomique

Anvers n’est pas la ville la plus gastronomique de Flandre; avec ses multiples restaurants doublement et triplement étoilés, Bruges est clairement mieux placée pour décrocher ce titre. On y déniche néanmoins de très belles tables. A commencer par celle de Viki Geunes, qui a déménagé son ’t Zilte il y a 3 trois mois tout en haut du MAS, Museum aan de Stroom (Hanzestedenplaats 5). Avec deux macarons Michelin et 18/20 au GaultMillau, Geunes règne en maître sur la gastronomie locale.

 

Depuis un an, il a pourtant vu débarquer un sérieux concurrent en la personne du plus flamand des chefs hollandais: Sergio Herman, ancien trois-étoiles au « Oud Sluis ». Installé dans la chapelle désaffectée de l’ancien hôpital militaire, redécorée de façon ultra branchée, The Jane (Paradeplein 1) est le plus couru des restos anversois. A peine ouvert, déjà étoilé. Il faudra donc croiser les doigts pour espérer y décrocher une table et découvrir la cuisine contemporaine et raffinée de Nick Bril, l’associé de Sergio. A défaut, on pourra s’installer à l’étage à l’« Upper Room » (cf. ci-dessous).

Autre grand nom, le Français Julien Burlat y a ouvert il y a une dizaine d’années l’un des restaurants les plus enthousiasmant de la ville, le Dôme (Grotehondstraat 2), où il pratique une cuisine à la fois classique et moderne. La première pierre d’un petit empire, qui comprend la brasserie « Dôme sur mer » et la boulangerie « Domestic » (cf. ci-dessous). De quoi attirer l’attention sur cet ancien de chez Gagnaire époque Saint-Etienne. En hiver, Burlat gère en effet les cuisines du « Chalet Zannier » à Megève, tandis qu’en septembre, il ouvrait le très chic et canaille « Comptoir des Galeries » à Bruxelles.

Les tenants de la cuisine étoilée pourront également faire un tour du côté du « Het Gebaar », du « ’t Fornuis », de « L’épicerie du cirque » ou encore de l’excellent The Glorious (De Burburestraat 4), à la cuisine classique très soignée.

Mais ce n’est pas pour sa haute gastronomie qu’Anvers est la plus attirante. Port majeur en Europe, la ville a toujours été ouverte sur le monde. Ce qui se reflète très clairement sur l’offre culinaire, très diversifiée ethniquement, avec des restos chinois, juifs, libanais.

Depuis quelques années, Anvers vit par ailleurs un vrai bouillonnement avec l’ouverture de dizaines de petites adresses branchées, qui vont plutôt chercher leur inspiration du côté anglo-saxon que dans la tradition flamande ou française. Steakhouses, tables bistronomiques, bars à cocktails… Rien ne manque à l’appel pour faire d’Anvers l’une des capitales Foodies de Belgique!

 

Anvers bistronomique

Côté francophone, on ne mesure pas l’impact qu’a pu avoir, au nord du pays, un mouvement comme celui des Flemish Foodies, intimement associé à Gand. A Anvers, celui-ci est représenté par Davy Schellemans, ancien second de Kobe Desramaults au « In de wulf » à Dranouter. C’est un peu lui qui a lancé la bistronomie à Anvers en 2011 avec son Véranda, soutenu d’emblée par les Français d’Omnivore. Fermé, le restaurant rouvrira à la fin de l’été dans le nord de la ville, dans un quartier en plein renouveau. Depuis janvier, il a confié les rennes de son ancien local de Berchem à son second Matteo Nardin. Rebaptisée Bascule (Guldenvliesstraat 60), voilà une petite adresse comme on les aime: bien ficelée et pas chère (entrée, plat, dessert pour env. 40€)!

Dans le même esprit de bistrot franco-italien, Dario Puglia, alias Gigi il Bullo, fait fort au GIST (Leopold de Waelstraat 9), près du Musée des Beaux-Arts. Son menu carte blanche 5 serv. à 55€ est un enchantement. Le chef, originaire de Salerne, épate par exemple avec ses tagliatelles de seiche crue façon carpaccio et fenouil. Assaisonnement parfait, fraîcheur, harmonie des saveurs: des entrées comme celle-là, on en redemande!

Passée par les cuisines du « Dôme » de Julien Burlat, Magalie Verbaet a ouvert depuis un an et demi Ossip (Schomstraat 49). Dans ce bistrot moderne installé dans un quartier résidentiel de Berchem, elle propose une cuisine actuelle bien pensée mais qui manque encore un peu de justesse (menu unique 5 serv. à 50€).

Dans le même esprit, l’élégante cantine du Graanmarkt 13, concept-store ultra-chic situé sur la jolie place du Marché au grain, est un havre de paix. Avec un verre de champagne, on y déguste la cuisine, très axée légumes, du jeune Seppe Nobels. Les plats principaux (cabillaud ou coquelet cuit au Green Egg par exemple) sont ainsi servis avec des accompagnements très travaillés à partager, qui sont les véritables stars de la table. Dommage que l’ensemble, assez chichiteux, manque un peu de finesse. Mais l’addition reste correcte: lunch 2 serv. à 29€ (les mises en bouche sont en sus: 8-13€).

Enfin, ouvert depuis 3 ans en plein centre historique (Haarstraat 9), Invincible réjouit les vrais épicuriens. En cuisines et à la cave, Kenny Burssens a réussi son pari de proposer une brasserie de terroir branchée à prix tout doux: 37€ le menu fixe. Parfaitement grillée, son entrecôte de Black Angus, proposée ce soir-là tout simplement avec des pommes de terre, des choux de Bruxelles et un beurre d’anchois, est une tuerie! Après ça, impossible de devenir végétarien!

 

Anvers sur mer

Ville portuaire, Anvers possède évidemment pas mal de restos à poissons, dont les plus anciens sont situés près de la Grote Markt. Sur le Jordaenskaai (n°7), au bord de l’Escaut, le Dock’s Café, des mêmes propriétaires que ceux de “La Quincaillerie” à Bruxelles, est une bonne brasserie décorée de façon un peu loufoque par Pinto. Les spécialités? Le poulet de Bresse mais aussi les fruits de mer.

Le plateau de fruits de mer est aussi à la carte du Fiskebar (Marnixplaats 11), dans le Zuid. Doublé d’un petit bar à huîtres, ce café contemporain ouvert en 2011 continue de susciter l’enthousiasme grâce à sa cuisine de la mer plutôt bien fichue — notamment une excellente choucroute de la mer à 26€.

Si l’on est à la recherche d’une cuisine plus raffinée, direction le Dôme sur Mer (Arendstraat 1). Le bistrot de la mer de Julien Burlat est tout simplement incontournable avec plateaux de fruits de mer, huîtres, préparations à la plancha mais surtout des suggestions vraiment gourmandes. A l’image d’une exceptionnelle féra aux légumes-racines accompagnée d’une « fausse sauce tomate » à base d’oignons étuvés et de carottes violettes. Génial tout simplement, avec une addition raisonnable: 54€ pour un trois services avec un verre de vin et un café.

 

Anvers l’asiatique

Anvers possède une grande communauté chinoise. Situé près de la Gare, le petit Chinatown est donc riche en petits restos chinois. On y trouve par exemple le 100% authentique Fong Mei (Van Arteveldestraat 65-67), qui propose un vrai petit déjeuner comme à Hong Kong, avec la plus belle carte de dim sums du pays! Mais aussi des spécialités cantonaises pour non occidentalisées! Au risque, parfois, de surprendre les moins audacieux: tripes frites croustillantes farcies à la pâte de crevette, pattes de poulet froides au concombre, oreilles de cochon craquantes aux cacahuètes…

Seul étoilé chinois de Belgique mais pratiquant des prix très corrects, Bij Lam & Yin (Reyndersstraat 17) apparaît bien plus civilisé. Dans ce minuscule restaurant à l’ambiance zen, on est loin des cartes à rallonge numérotée: on ne cuisine ici que quelques plats par jour à base d’ingrédients de qualité. Les dim sums (12€) sont exquis, tout comme l’agneau sauté sauce sichuanaise piquante (22€). Raffinement et délicatesse au rendez-vous.

Dans le Zuid, en face du Musée des Beaux-Arts, Izumi (Beeldhouwersstraat 44) est, depuis de nombreuses années, une valeur sûre pour les mordus de cuisine japonaise, avec une sélection de sushis préparés dans les règles de l’art.

Mais Anvers est aussi riche de très nombreux snacks pour manger asiatique sur le pouce. L’un des derniers, Bún (Sint-Jorispoort 22), fait beaucoup parler de lui. Soeur de la BV Truong Thi Quyen (patronne du « Little Asia » à Bruxelles et animatrice sur VTM), Hua Truong s’est associée au Hollandais Huibrecht Berends (un ex du « Pure C » de Sergio Herman à Sluis) pour proposer de la street food vietnamienne réalisée avec des produits locaux, comme le porc Brasvar élevé près de Gand. Ceci n’est pas un snack comme les autres, les prix y sont plus élevés mais tout est ultra-frais et maison.

 

Anvers la noceuse

Aujourd’hui devenu star, multipliant les contrats avec Delhaize, Filliers ou la chaîne de télé Njam, Manuel Wouters a, presqu’à lui seul, lancé la mixologie en Belgique. Ancien barman sur les transatlantiques, Wouters a ouvert dans le Zuid l’un des premiers bar à cocktails dignes de ce nom du pays: le Sips. Riche en boissons classiques, historiques et autres créations, la carte reste un modèle du genre… Mais si le bar reste l’un des meilleurs du monde quand le patron est présent, c’est moins vrai le reste du temps…

Depuis, nombreux sont les barmen à s’être lancé à leur tour. Depuis le retour de Patrick America, présent à l’ouverture il y a 8 ans (avant d’aller participer à l’aventure du « Jiggers » à Gand), le Cocktails at Nine est redevenu l’un des meilleurs bars de la ville. En ce moment, on surfe ici avec élégance sur la vague tikki. Avec par exemple un classique « Planter’s Punch » (12€), préparé avec trois rhums différents: Appleton 12 ans, Bacardi 8 ans et du Mount Gay Eclipse. Mais c’est surtout l’« Anis & Nephew » (12€) qui épate. Créé au « Callooh Callay » de Londres, ce grand cocktail, fini avec un peu d’anis brûlé, allie rhum blanc jamaïcain Wray & Nephew Overproof, absinthe Un Emile (Pernod), jus d’ananas frais et Velvet Falernum.

Dernier venu sur la scène du cocktail anversoise, Didier Van den Broeck a lancé il y a un peu plus d’un an le Dogma (Wijngaardstraat 5). Idéalement situé aux pieds de la Cathédrale, c’est sans conteste le plus beau bar de la ville, avec une magnifique déco Années Folles en hommage au bon vieux temps de la Prohibition. Les cocktails ne sont pas encore parfaitement dosés mais il y a de l’effort. Le « Real Sazerac », qu’il soit préparé au rye whiskey ou au bas-armagnac, ne vaut toutefois pas ses 16€…

A Anvers comme à New York, de nombreux restaurants offrent un bar bien achalandé. C’est le cas au Glorious (De Burburestraat 4), spécialisé dans le gin tonic. Le patron vient d’ailleurs de lancer son propre alcool, l’excellent Forest Dry Gin, dont la composition change en fonction des saisons.

Dans une déco rétro très réussie, l’Absinthbar/Private Bar de la Brasserie Appelmans (Papenstraatje 1) propose des cocktails assez corrects. Avec par exemple un intéressant « Italian Job » (12€), à base de vermouth, de Cocchi Americano, de Galliano vanille et de Luxardo.

Plus branché, le bar du Josephine’s (Gentplaats 1) propose des breuvages créatifs à des prix doux qui jouent beaucoup sur la garniture. Ainsi l’excellent « Beet-It » (11,50€), alliage de Bourbon, de whisky fumé, d’absinthe, de betterave rouge et de bitter est intelligemment rehaussé d’un chips de betterave, qui apporte sa profondeur au cocktail.

Enfin, impossible de passer à côté de l’Upper Room du « Jane » (Paradeplein 1), le bar le plus sélect d’Anvers, où Paul Morel épate par sa précision technique et son élégance. Comme avec ce champagne servi frappé sur un glaçon de combava, avec de l’huile et des fleurs de coriandre, un gel de yuzu et une fleur de jasmin. Gezondheid!

 

Anvers shopping

Si on ne trouve pas une grande épicerie fine à Anvers, les adeptes du shopping gourmand auront quand même de quoi s’amuser. Dans le quartier Nord, en pleine rénovation depuis l’ouverture du MAS, on trouve par exemple la très belle Felix Pakhuis (Godefriduskaai 30).

 

Installée dans d’anciens entrepôts entièrement rénovés, cette épicerie propose une large sélection de produits méditerranéens, du vin mais aussi les boulettes, très à la mode en Flandre (que l’on trouve jusque dans les Delhaize), de Balls & Glory, aux goûts parfois farfelus et pas très convaincantes… Le foodcourt intégré à l’ensemble est malheureusement fermé pour le moment…

A Chinatown, le marché couvert de La Criée (Van Schoonhovestraat 21-23) accueille non seulement un Spar mais surtout trois belles boucheries spécialisées: « Vermeulen » pour la viande (notamment maturée), « Roosemeyers » pour les abats et les viandes fumées et « Van de Poel » pour la volaille. On y trouve quantité d’abats difficiles à dénicher ailleurs.

Du côté des boulangeries et pâtisseries, Anvers n’a pas à rougir avec quelques très belles maisons. A côté de son « Dôme », Julien Burlat a ainsi ouvert le Domestic (Steenbokstraat 1), où la baguette et les viennoiseries, à la française, sont parfaites. Jolie boulangerie de quartier tenue par une équipe jeune, Konditori (Schermersstraat 8) propose, elle, de belles pâtisseries à l’ancienne: meringues, misérables, javanais… Mais aussi un excellent « bolus », une brioche feuilletée caramélisée.

Anvers possède la 2e communauté juive hassidique d’Europe. On y trouve donc nombre de magasins cashers. Que l’on soit juif ou non, impossible de passer à côté de la pâtisserie Kleinblatt (Provinciestraat 206), une véritable institution qui vend ses produits jusqu’à Bruxelles (notamment chez « Gaudron »). Le vendredi, on ne manquera pas la formidable hallah, brioche tressée traditionnelle du shabbat et des fêtes juives.

Enfin, les bars à cocktails fleurissant comme des petits pains à Anvers, la ville possède quelques magasins spécialisés, comme De Poldenaar (Kloosterstraat 168) sur l’agréable Vlaamse Kaai. On y dénichera ici de nombreux alcools en faisant son choix notamment dans la belle collection de single malts et de bourbons (dont l’excellent Tennessee whisky George Dickel, difficile à trouver en Belgique).

A deux pas de là, le tout nouveau Gin & Tonic Shop (De Burburestraat 17) est spécialisé, comme son nom l’indique, dans le « Gin Tonic », cocktail décidément incontournable. Au menu, 200 gins du monde entier, avec quelques raretés, comme le Death’s Door, produit à Washington Island, sur le lac Michigan dans le Wisconsin. Mais aussi une trentaine de tonics qui vont avec, des plus classiques (Schweppes, Fever Tree, Fentimans…) au plus recherchés: 1724, Thomas Henry, Syndrome…