L’offre gastronomique londonienne est pléthorique. On vous fait une fleur : on vous donne les adresses où s’attabler là, tout de suite.

 

Il est bien fini le temps où la gastronomie anglaise était associée à l’agneau bouilli à la menthe ou à l’horrible « pie, mash and eel » (tourte au boeuf, purée et anguilles) des quartiers pauvres du East End londonien. Alors oui, on continue de se régaler du roboratif English Breakfast, de se salir les doigts avec un fish and chips bien gras ou d’engloutir un copieux Sunday roast. Mais Londres a tellement plus à offrir!

Brexit ou pas, la capitale anglaise est aujourd’hui l’une des plaques tournantes de la gastronomie mondiale. Une ville qui crée les tendances et où l’offre culinaire — des restaurants étoilés à la street food — est sans pareille. Au point qu’elle semble prête ravir à Paris et même à New York le titre de capitale gastronomique mondiale.

On avait déjà craqué pour le Clove Club* du chef Isaac McHale, le Lyle’s* de James Lowe ou le Core** de l’ultra-talentueuse Clare Smyth. Mais un séjour à Londres réserve toujours de bonnes surprises…

Saveurs déroutantes à Piccadilly Circus

La première claque vient sans aucun doute de chez IKOYI, l’adresse incontournable du moment, où le chef sino-canadien Jeremy Chan et son associé nigérian Iré Hassan-Odukale proposent une cuisine raffinée inspirée par l’Afrique de l’Ouest. Et ce chef autodidacte passé par les cuisines du Noma** de René Redzepi, de l’ancien Hibiscus** de Claude Bosi ou encore du Dinner* d’Heston Blumenthal fait des merveilles, proposant des assiettes renversantes et inédites.

Avec l’aide d’Iré, son ami d’enfance, Jeremy a en effet acquis une connaissance impressionnante des produits, épices et saveurs de cette immense région d’Afrique occidentale et les traduit dans un langage gastronomique contemporain. En offrant notamment des plats au design minimaliste à fort impact visuel.

La banane plantain à la poudre de framboise du chef Jeremy Chan chez IKOYI, un plat marquant visuellement et surtout gustativement.

Comme cette désormais iconique banane plantain frite recouverte d’une poudre de framboise joyeusement acide qui titille la langue et d’une addictive émulsion de piment scotch bonnet fumé. Un plat audacieux, dont l’expressionnisme abstrait rappelle l’œuvre de l’artiste américain Mark Rothko. De quoi faire d’IKOYI l’une des adresses étoilées les plus innovantes de la planète food. Ikoyilondon.com

Les meilleurs dim sum à Pimlico

Londres possède quelques adresses asiatiques phares comme Sushi Tetsu, Koya ou Bao. Parmi celles-ci, l’adresse qui monte est le A.Wong* du chef Andrew Wong. Né à Londres, dans une famille de restaurateurs — ses parents avaient un restaurant cantonais appelé Kym’s en lieu et place du A. Wong —, Andrew est cependant poussé vers les études. Mais à 22 ans, à la mort de son père, il décide de suivre les cours de la London Culinary School, avant de se lancer dans un long périple en Chine.

Toute la finesse des dim sum du A. Wong. De la Saint-Jacques grillée cheung fun à la pince de crabe farcie à la Saint-Jacques marinée et au wasabi, en passant par le jian dui, une boule du sésame aérienne à la sauce aux prunes…

Fruit de son expérience, le menu actuel propose un large choix de dim sum au déjeuner, tandis que, le soir, en plus de la carte, le menu dégustation “Taste of China” fait voyager dans toute la Chine. Mais on est bien loin, ici, des restos servant un gloubi-boulga chinois… Que ce soit les classiques xia long bao ou xiu mai aux crevettes, on n’a jamais goûté dim sum si raffinés. Les découvertes régionales sont également au rendez-vous, comme avec ce Xian City lamb burger, un pain vapeur farci à l’agneau fondant, populaire dans les communautés musulmanes du nord de la Chine.

Ouvert en 2012, A. Wong a décroché un premier macaron en 2017. Un second devrait suivre… En attendant, Andrew a ouvert une seconde adresse appelée Kym’s dans la Bloomberg Arcade en 2018. Awong.co.uk

Grillades étoilées à Shoreditch

Dans un pub où le rez-de-chaussée est occupé par la sympathique cantine thaïe Smoking Goat, le chef Tomos Parry a ouvert Brat*, un restaurant où la flamme est reine. En effet, ici, tout est cuit au feu de bois. Jusqu’au dessert, un délicieux cheesecake à la rhubarbe.

Si l’adresse est surtout connue pour ce turbot entier — brat signifie turbot en vieil anglais —, tous les poissons, crustacés ou viandes sont cuits à la perfection. Une maîtrise technique de la braise saluée par le guide Michelin, qui a attribué une étoile à Brat en octobre 2018, soit six mois seulement après son ouverture. Un style de cuisine inspiré à la fois par le pays Basque et le pays de Galles, d’où le chef est originaire.

Si les préparations sont simples, on mise ici sur la qualité des produits : poissons des Cornouailles et viandes galloises. Tandis qu’on choisira l’une des 150 quilles de vins nature — l’une des plus larges sélections de la capitale anglaise ! — pour accompagner ce dîner dans une atmosphère accueillante et animée. L’addition toute douce de cet étoilé lui donne a fortiori un goût de reviens-y. Bratrestaurant.com

Classiques britanniques à Covent Garden

Grande brasserie chic et élégante, la Holborn Dining Room est l’un des restaurants du superbe palace Rosewood. On y vient pour déjeuner ou dîner autour de plats de brasserie, du banc d’écailler ou des British classics. Entendez fish and chips, haddock fumé ou Scotch egg (ce dernier est d’ailleurs à tomber !).

Mais ce qui fait se déplacer les foules, et notamment les piqué(e)s d’Instagram, ce sont son chef Calum Franklin et ses pies très photogéniques. Soit des tourtes – autre icône de la cuisine anglaise –, que l’on retrouve à la carte mais, aussi à emporter du côté de la Pie room, annexe de l’Holborn Dining Room née en mars 2018 au vu du succès.

Que ce soit le pâté en croûte à la française à base de canard, porc et pistaches, servi avec un chutney de prunes, la tourte au porc et bacon moulée à la main ou le steak and kidney pudding cuit à la vapeur, tout est délicieux ! Même si, soyons chauvins, on est loin du raffinement d’un Karen Torosyan au Bozar Restaurant* à Bruxelles.
Pas grave, les prix sont ici ceux d’une brasserie et le bœuf Wellington du mercredi soir mériterait une deuxième visite. Holborndiningroom.com

 

D’autres adresses

On ne présente plus la médiatique cheffe française Hélène Darroze, qui fêtera ses dix ans de présence à Londres en 2020. Pour l’occasion, son restaurant Hélène Darroze at the Connaught** à Mayfair s’est offert une beauté cet été. Histoire de rendre la déco toujours aussi luxueuse mais contemporaine, d’y ajouter une Chef’s Table et une Armagnac Room. De quoi profiter au mieux de la cuisine raffinée d’Hélène Darroze, qui flirte entre son Sud-Ouest natal — son baba à l’armagnac (Darroze évidemment) est juste dingue ! — et les Îles britanniques, où elle se fournit des meilleurs ingrédients. Comme ce homard bleu des Cornouailles tandoori, servi avec une mousse de carotte et un beurre brun à la coriandre.

Dans un autre genre, la chaîne indienne de luxe Farzi Café — née en 2014, elle compte déjà neuf adresses en Inde et une à Dubaï — a débarqué à Piccadilly Circus en janvier 2019. Et l’on est plutôt impressionné par la qualité de l’adresse. Du décor ultra-soigné aux cocktails inventifs, en passant par une cuisine indienne créative qui n’hésite pas à faire le grand écart avec la cuisine occidentale. Ici, on revisite ainsi joyeusement à la sauce indienne arancini et Scotch eggs.

Le dimanche, on peut difficilement faire l’impasse sur un bon Sunday roast. Surtout lorsque c’est celui du Marksman Public House, un pub gastronomique à la déco contemporaine, où les assiettes soignées sont toujours savoureuses. Fondante à souhait, la gargantuesque épaule d’agneau braisée est un vrai péché mignon… Que l’on accompagne de carottes et de pommes de terre rôties, de bettes, d’une jolie sauce aux herbes fraîches et, évidemment, de Yorkshire Pudding. Yes Sir !

Le groupe JKS Restaurants possède parmi les établissements les plus excitants de la capitale britannique, comme Lyle’s*ou Bao mais aussi Hoppers ou Gymkhana*. Trishna* n’échappe pas à la règle. Ce restaurant étoilé de Marylebone sert une cuisine du littoral indien contemporaine et délicieusement addictive. A l’image de ces nandu varuval, de délicieux crabes mous frits servis avec du piment vert et un chutney de tomate.