À une petite heure de train de Bruxelles, Anvers promet de beaux week-ends. Au gré de ses jolies rues, la ville se révèle qui plus est une destination gastronomique de choix. Cosmopolite, Anvers offre en effet de nombreuses possibilités aux gourmands. A deux pas de la gare Centrale, entièrement réaménagée, les snacks à kebabs turcs côtoient le seul Chinatown officiel de Belgique (concentré le long de la Van Wesenbekestraat). Tandis qu’un peu plus loin, la Pelikanstraat est le cœur du quartier juif, où l’on pourra se lancer à la découverte des restaurants kasher.

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Un classicisme indémodable

Raven salle1.jpgSi l’on a plutôt envie d’une cuisine classique, on ira – après avoir été prendre un cocktail au très chic bar Nine** tout proche – au Raven**(FERMÉ). Situé sur la somptueuse Grote Markt dans une belle bâtisse ancienne (avec les prix qui l’accompagnent…), ce restaurant à la déco plutôt moderne a été ouvert il y a un an par Gert Jan Raven, qui a fait sa carrière dans les grands hôtels de Bruxelles et d’Anvers.

Une formation qui se ressent dans sa cuisine, très classique. De quoi séduire une clientèle assez âgée et aisée, à travers des propositions qui revisitent avec constance la cuisine bourgeoise. En entrée, les crevettes grises fraîches s’accompagnent ainsi d’un bel œuf poché et d’une purée un peu trop sucrée (23,40€). Plus dans l’air du temps, le “Raven deluxe” (27,50€) se présente comme une composition froide complexe, très technique, autour de la Saint-Jacques, du homard et du lomo, avec quelques lamelles de truffe (rehaussées d’un trait appuyé d’huile de truffe…). Sans être ébloui, on apprécie le loup de mer cuit entier en croûte de sel (60€ pour deux), présenté en salle puis levé en filets, servis au beurre blanc avec une duxelle de légumes. De même qu’en dessert, les crêpes Suzette (10€), plutôt bien réalisées, enchantent par leur classicisme…

 

Un beau plateau de fruits de mer sur les quais

En se promenant sur le Jordaenskaai, si l’on a un petit creux, on pourra s’arrêter (une fois les travaux terminés) au Dock’s Café**. Aux mains des mêmes propriétaires que la très belle “Quincaillerie” à Bruxelles, voilà une agréable brasserie à la déco marine façon Jules Verne. Si les plats déçoivent un peu, on y vient de toute façon surtout pour le beau banc d’écailler. D’où sont envoyés de magnifiques plateaux de fruits de mer selon différentes formules (62-135€ pour 2 couverts) à accompagner d’un bon petit verre de vin blanc. Bulots, bigorneaux, clams, huîtres, couteaux, moules géantes, gambas ou crevettes grises, tout est parfaitement frais. Sans parler du tourteau, bien rempli, bien ferme et parfaitement cuit. Un régal! A l’issue d’un dessert ultraclassique genre café glacé (8,50€), les amateurs se feront plaisir en parcourant la très riche carte de whiskies, qui voyage de l’Ecosse au Japon en passant par… la Belgique !

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Trop de moléculaire, pas assez de cuisine

En poursuivant le long de l’Estuaire, on poussera jusqu’au Zuid, quartier qui accueille le musée de la Mode. Où l’on déniche aussi, installé sur la longue place formée par les Waalse et Vlaamsekaaien, le Kommilfoo*, qui s’est forgé une jolie réputation. Autodidacte, le sympathique Olivier de Vinck de Winnezeele y propose sa “fantaisie du chef” (4 serv., 55€ + 25€ pour les vins) ou sa “promenade gastronomique” (5 serv., 65€ + 30€). Dès l’amuse-bouche, du thon confit au thé matcha et algue, on est distrait par ces billes au wasabi tout droit sorties du labo du petit chimiste. Le hic, c’est que ces billes n’apportent absolument rien au thon, pas plus que l’espuma de pain et le crunch de pommes de terre ne viennent relever cette belle tranche de jambon pata negra.

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Le crunch, on le retrouvera, aux champignons cette fois, dans la proposition suivante, construite autour de Saint-Jacques sautées aux enoki et au navet de Pardailhan. Et l’on continue ainsi à feuilleter le catalogue technique du parfait néo-cuisiner dans les plats : le filet de sole “basse température” s’accompagne d’une “espuma” de fenouil et d’une “meringue” aux algues, tandis que la joue de porc Iberico s’offre, elle, une “espuma” de pommes de terre de Noirmoutiers et un “crunch” de noisettes. Au moment du dessert, une “texture” de chocolat et “espuma” vanille, c’en est franchement trop. Tous ces trucs moléculaires, vaguement ludiques, finissent par lasser, détournant constamment l’attention du produit et reléguant au second plan l’accord de saveurs pour se concentrer sur le jeu des textures…

 

D’excellents sushis en face des Beaux-Arts

A quelques centaines de mètres, le Sips*** se présente comme le bar à cocktails parfait, où Manu Wouters pratique avec génie l’art de la mixologie.

Izumi.jpgEt l’on terminera cette promenade anversoise un peu plus loin, juste en face du musée des Beaux- Arts, chez Izumi***. Assis au bar de cet excellent resto japonais, on commande le bonito, hors-d’œuvre à base de bonite (thon blanc) marinée à la sauce ponzu (12€) et d’excellents temakis (sushis dans un cornet d’algue): shake no kawa (peau de saumon grillée, 3€), negi toro (thon et oignons nouveaux, 6€), spicy crab (5€) ou encore una kyu (anguille frite et concombre, 5€). Avant de s’attaquer aux nigiris (sushis classiques) ultrafrais: uni (oursin, 7€), toro (ventrèche de thon, 6€), aji (maquereau, 4€), akagai (clam, 3€) ou encore hotate (Saint-Jacques, 5€). Jusqu’au dessert, une glace au thé matcha et haricots de soja (4,50€), “Izumi” donne décidément envie d’y revenir… Tout comme Anvers!