Profitons de cette période de confinement pour en apprendre plus sur la gastronomie ou pour passer du temps en cuisine… Petite sélection de livres et de films ou d’émissions à déguster bien calé dans le canapé.

 

Trois livres

A Modern Way to Cook

C’est le moment d’apprendre à cuisiner les légumes! Rien de plus facile avec Anna Jones. Formée auprès de Jamie Oliver, cette ancienne collaboratrice de Yotam Ottolenghi, propose une cuisine végétale du quotidien cosmopolite, inventive et équilibrée. On trouvera forcément son bonheur parmi les 150 recettes de légumes, de graines ou de légumineuses organisées en fonction du temps dont on dispose.

L’Anglaise a aussi imaginé des pages conseils pour décliner une omelette ou en donnant six variations express au wok, sans oublier des idées de menus complets. Difficile de choisir par quelle recette commencer… Ce sera peut-être les gnocchi de patates douces, ricotta et pesto d’amande ou la soupe petits pois, noix de coco.

  • « A Modern Way to Cook. La cuisine végétale en 150 recettes rapides, inventives et pleines de saveurs » d’Anna Jones, chez Ulmer (256 pp., env. 25€).

Toute la cuisine de Paul Bocuse

En cette période d’enfermement, on a aussi besoin de réconfort. Alors pourquoi ne pas revisiter ses classiques et se pencher sur une des Bibles de la cuisine française : Toute la cuisine de Paul Bocuse. Elle a beau avoir perdu sa troisième étoile au guide Michelin 2020, L’Auberge du Pont de Collonges n’en reste pas moins mythique et les recettes du pape de la cuisine française éternelles.

Le grand chef a toujours porté au pinacle une cuisine avec « des os et des arêtes », traditionnelle et gourmande. Au menu, des dizaines de recettes pour tenir durant tout le lockdown. Comme la cervelle des canuts comme à Lyon (fromage blanc aux herbes), une imparable blanquette de veau et, pourquoi pas, des crêpes au Grand-Marnier.

  • « Toute la cuisine de Paul Bocuse », publié chez Flammarion (781 pp., env. 29,90€)

La cuisine futuriste

Lancé en 1909 par le poète F.T. Marinetti, le mouvement futuriste a touché la littérature, la poésie, la peinture, la sculpture, l’architecture mais aussi, et c’est nettement moins connu, la cuisine. Introduit et traduit par Nathalie Heinich, cet ouvrage est organisé autour du Manifeste de la cuisine futuriste, publié en décembre 1930 dans La Gazzetta del Popolo, au lendemain d’un premier dîner futuriste donné par le chef de la Penna d’Oca à Milan, à l’issue duquel Marinetti s’est exclamé: « Je vous annonce le prochain lancement de la cuisine futuriste pour le renouvellement total du système alimentaire italien. » Avec un slogan: « À bas les pâtes! »

C’est l’histoire de ce mouvement culinaire plus théorique que pratique que retrace ce livre, à travers de nombreux articles d’époque mais aussi des recettes ou plutôt des « formules », comme l’improbable « Plasticoviande », improbable composition faite d’un cylindre de veau farci de 11 préparations de légumes différentes et surmontée de boulettes de viande. En hommage symbolique aux paysages d’Italie!

Ouvertement totalitaire (pour ne pas dire fasciste), prônant une Italie revirilisée, la cuisine futuriste, soutenue par Mussolini (sauf pour le combat anti-pâtes) est restée, on s’en doute, sans lendemain. Quoique… Par son goût pour la transgression, la technique moderniste, le jeu sur les cinq sens, elle anticipait la gastronomie moléculaire et techno-émotionnelle des années 2000 et 2010.

  • « La Cuisine futuriste » de F.T. Marinetti & Fillìa aux Impressions nouvelles (200 pp., env. 18€).

 

Trois films

The Lunchbox

En 2013, Ritesh Batra signait avec The Lunchbox une comédie romantique drôle et émouvante, par boîte à déjeuner interposée. C’est d’ailleurs sur le cheminement de cette lunchbox à travers la tentaculaire ville de Bombay que s’ouvre magnifiquement le film.

S’il aime la musique, le cinéaste indien tourne en effet le dos aux conventions de Bollywood pour ancrer son récit au coeur d’une vraie réalité sociale pour aborder des questions très actuelles comme la solitude et l’individualisme de la vie moderne. Et ce en utilisant la nourriture pour recréer du lien entre une épouse délaissée, et le petit fonctionnaire à qui elle a envoyé par erreur la lunchbox destinée à son mari. Une erreur qui va déboucher sur une vraie complicité épistolaire et, pourquoi pas, sur l’amour…

  • Disponible sur Universciné.be (location 2,99€/vente 6,99€) et sur iTunes (2,99€/3,99€).

La Saveur des ramens

Déjà auteur du très gourmand Be With Me, qui l’avait révélé en 2005, Eric Khoo retrace dans La Saveur des ramens (Ramen Shop) le voyage à Singapour d’un jeune Japonais sur les traces de sa mère, à la recherche de la meilleure recette de bol de ramens.

À travers cette quête quasi culinaro-spirituelle, le cinéaste singapourien parvient à entremêler histoire familiale et grande Histoire. Le ramen teh (titre original du film) mêle ramens japonais et soupe de porc singapourienne… Une recette symbolique du rapprochement de deux cultures, malgré un passé douloureux marqué par la cruelle occupation de Singapour par le Japon durant la Seconde Guerre mondiale.

  • Disponible sur Universciné.be (location 3,49€/vente 11,99€) et sur iTunes (4,99€/11,99€). 

Les Saveurs du palais 

Sorti en 2012, Les Saveurs du palais décrit de façon savoureuse la relation entre un François Mitterrand vieillissant (délicieux Jean d’Ormesson) et la cuisinière qu’il fit venir à l’Élysée sur les conseils de Joël Robuchon, Hortense Laborie. Campée par Catherine Frot, cette Périgourdine au caractère bien trempé va ruer dans le protocole pour proposer au président français et à ses invités le meilleur des terroirs de France.

S’inspirant de l’histoire de Danièle Delpeuch, cette sympathique comédie est signée Christian Vincent, plus près ici de la légèreté joyeuse de Quatre étoiles en 2005 que du délicat La discrète, son premier film en 1990. Un peu maladroit dans la métaphore du pouvoir, le cinéaste séduit quand il décrit les intrigue de palais et l’intimité qui s’est instaurée entre le président-roi et sa cheffe. Et fait saliver grâce aux recettes préparées par Delpeuch elle-même.

  • Disponible en location (2,99€) sur Universciné.be (location 2,99€) et sur iTunes (2,99€/4,99€ à l’achat).

 

Trois documentaires

Sel, gras, acide, chaleur

Création Netflix, Sel, gras, acide, chaleur nous emmène en voyage aux quatre coins du monde avec la cheffe et autrice américaine d’origine iranienne Samin Nosrat. Tirée du best-seller du même nom, cette mini-série en quatre épisodes évoque les quatre éléments de base qui, selon elle, peuvent décider du succès ou de l’échec d’un plat: le sel, le gras, l’acidité, et la chaleur. C’est donc la maîtrise de ceux-ci qui constitue le secret de la bonne cuisine et d’un excellent cuisinier.

Dans le premier épisode, on part ainsi pour Italie, pour découvrir ce qui donne tout son goût à la cuisine italienne: le gras! Faites péter les huiles d’olives, les charcuteries, le parmesan… Samin s’envole ensuite pour le Japon, à la découverte de ses 4000 variétés de sel, dont celui de Moshio, à base d’algue et produit sur une île à l’est de Hiroshima. Ou à la rencontre d’une productrice de miso. Curieux de connaître toutes ses aventures? En route!

Ugly Delicious (2 saisons)

On ne présente plus David Chang, chef américain d’origine coréenne propriétaire de plusieurs restaurants aux États-Unis, dont le Momofuku Ko à New York, auréolé de deux étoiles Michelin. Ce touche-à-tout à l’origine de Lucky Peach, audacieux magazine culinaire aujourd’hui disparu, a créé en 2018 une série tout aussi irrévérencieuse pour Netflix, intitulée Ugly Delicious, dont la deuxième saison vient de sortir. « Délicieusement laid »… Tout un programme!

Pour David Chang, rien n’est sacré en cuisine et il évoque tout ce qui lui fait envie, du poulet frit épicé de Nashville à la pizza de chez Domino’s… Tout en évoquant les aspects socio-culturels ou l’histoire de chacun de ces plats populaires auquel il consacre chaque épisode de sa série.

On ne manquera pas l’épisode 7 de la saison 1 qui prend comme prétexte le riz cantonais pour aborder le sujet du racisme envers la cuisine chinoise aux États-Unis et de l’usage du glutamate, que Chang défend bec et ongles!

On adore le ton décalé et l’humour potache du chef. Difficile de résister au binge watching…

My Biggest Little Farm (Tout est possible)

Présenté il y a un an au Festival de Berlin, My Biggest Little Farm est un vrai feel-good movie. Un documentaire plein d’entrain retraçant le parcours de John Chester et de son épouse Molly, qui ont décidé un beau jour de quitter leur petit appartement de Santa Monica pour aller cultiver 80 ha de terres dans l’aride campagne californienne.

Tourné à la première personne durant 8 ans par Chester, le film documente tout le travail abattu pour arriver à transformer une terre rendue quasi stérile par des années d’agriculture intensive en un paradis de biodiversité écologique. En renouant avec l’esprit d’une agriculture ancestrale, mais avec des techniques ultra-modernes, en mêlant dans les mêmes parcelles élevage et cultures, nos deux néo-ruraux ouvrent une voie enthousiasmante pour l’agriculture de demain. Et ils donnent sacrément envie de plonger à son tour les mains dans la terre !

  • Disponible sur Universciné.be (location 3,49€/vente 11,99€) et sur iTunes (3,99€/11,90€).