En quelques années, Londres est devenue l’une des capitales de la haute gastronomie mondiale. Mais il n’y a pas que les grands chefs et les étoilés dans la vie. Dans la capitale britannique, on peut faire un réjouissant tour du monde culinaire. Preuve, s’il fallait, de l’ouverture d’esprit d’une ville multiculturelle par essence! Pour votre prochain séjour londonien (car on va quand même pas se laisser gagner par la peur!), on vous a concocté une sélection voyageuse de nos meilleures adresses…
La porte des Indes
Ancienne perle de l’Empire, le sous-continent indien est évidemment bien représenté à Londres, avec notamment quelques restaurants étoilés, comme l’excellent Gymkhana au coeur de Mayfair.
Que ce soit les menus ou la carte, tout fait envie et sort des sentiers battus de l’indien traditionnel. Mention particulière pour la pintade au poivre, bien épicée et servie avec des crêpes Malabar paratha (16£) ou pour l’excellent ras malai (7£), un dessert parfumé à la cardamome tout en délicatesse servi avec un chutney de pêche cuit au tandoor. Qu’est-ce qu’on boit avec ça? Une Indian Pale Ale of course, la Thornbridge Jaipur (6£), brassée à Bakewell en Angleterre.
« Gymkhana » fait partie du groupe JKS, également propriétaire du génial « Bao » (cf. ci-contre) ou du très chic restaurant étoilé contemporain « Lyle’s » mais aussi du Hoppers, une formidable cantine sri-lankaise! Bière Lion, hoppers, dosas, sambols, kothu roti, watalappam… On s’y croirait tant les saveurs sont authentiques. Mieux, c’est encore meilleur qu’au Sri Lanka car les produits sont de grande qualité.
Envie de manger indien dès le matin? Petite chaîne lancée il y a 5 ans, Dishoom a importé à Londres le principe des « Irani cafés », ouverts par les migrants perses à Bombay, qui servent une petite restauration à toute heure. L’adresse de Covent Garden, la première, se donne des airs de diner de luxe. Au petit-déjeuner, on se régale par exemple d’un Keema per eedu (8,50£) aux belles saveurs perses, mêlant viande de poulet hachée épicé, foies de poulet émincés, oeufs et chips Sali. Ou encore un chouette naan garni de bacon fumé et d’oeufs (6,90£). C’est simple. C’est rapide. C’est bon!
Située à White Chapel, Brick Lane est l’artère principale du quartier bengali de Londres. A deux pas, Tayyabs propose depuis 1972 des spécialités du Punjab. Réputée pour ses excellentes grillades de viande, ce grand resto est toujours pris d’assaut. Il faut dire qu’on y mange très bien pour pas cher. Attention, on est ici du côté pakistanais du Punjab, on ne vend pas d’alcool. Faudra donc être prévoyant et, comme les Anglaises, amener son pack de six…
Chinoiseries soignées
A Londres, le gua bao, petit pain vapeur fourré originaire de Taïwan, fait fureur. A Soho, la file est toujours longue devant le génial Bao, tout comme devant le food truck présent le samedi au chouette petit Netil Market. Bonne nouvelle, on peut désormais réserver au sous-sol de la seconde adresse, à Fitzrovia, où l’on mange en cuisine d’excellents baos bien sûr mais aussi des plats taïwanais bien faits. Le 31 mai dernier, la même équipe a ouvert, à deux pas du premier « Bao », le Xu, resto plus raffiné, spécialisé, lui, dans la cuisine chinoise classique…
A Soho toujours, le Yauatcha surprend par sa déco lounge et son ambiance branchée. Pourtant, côté assiette, on est dans une cuisine chinoise de haute volée, récompensée par un macaron au Michelin. La carte est vaste comme l’endroit. Si l’on est un peu perdu, on fera confiance à l’excellent (et très copieux) menu « dim sums » (45£), qui offre un bel aperçu des spécialités maison. Salade, dim sums, potage aux raviolis, crêpes au canard croustillant… Tout est top!
Le midi, les fans de dumplings courront au A Wong, un Bib gourmand de Pimlico. Andrew Wong a repris le resto traditionnel de sa mère, originaire du Sichuan, pour offrir une expérience plus moderne. Le soir, le jeune chef propose notamment un magnifique menu « Taste of China » (55£) qui, en 10 services, offre un véritable tour de Chine à la découvertes des saveurs de Shanghai, de la province d’Anhui ou du Shaanxi.
C’est bon, c’est nippon
Formidable bar à udons de Soho, le Koya a inauguré il y a peu une chouette formule petit-déjeuner. Assis au bar à regarder les chefs préparer tout à la minute, on sirote un bon thé vert hōjicha en attenant de plonger ses baguettes dans un bon bouillon aux algues, oeuf et udons (9,10€). Rien de tel pour bien commencer la journée!
Présente dans une douzaine de villes américaines et désormais un peu partout dans le monde, la chaîne Nobu possède deux adresses à Londres, où l’on déguste la cuisine nikkei de Nobuyuki Matsuhisa, fusion entre cuisines japonaise et péruvienne.
A l’heure du thé, on pourra prolonger l’expérience nippone chez Kova, minuscule pâtisserie de Soho, où l’on se bouscule pour venir goûter à l’excellent « mille crêpes » au thé vert matcha, servi avec un tout aussi à la mode « matcha latte ».
A moins de craquer, à Piccadilly, pour les desserts authentiques de Minamoto Kitchoan, grande pâtisserie de Ginza à Tokyo.
Un Thaï explosif
A deux pas de l’agréable Spitalfields Market, Som Saa est l’adresse thaïe incontournable du moment. Ancien pop-up définitivement installé dans un magnifique bâtiment industriel, ce restaurant moderne propose une carte courte de spécialités thaïes à tomber!
On adore les gambas grillées au curry du sud de la Thaïlande (9,50£), le curry de pintade aux haricots longs (14,50£) ou encore le bar frit comme dans la province d’Isan (17,50£), servi entier sur assiette avec de la menthe fraîche et une sauce acidulée au tamarin. Attention, ça arrache!
On fera passer le feu avec une bonne Camden Tank, bière servie au fût directement depuis la microbrasserie installée à l’étage. Trop cool!
C’est le Pérou!
Réceptive à toutes les modes, Londres ne pouvait passer à côté de la vague de la gastronomie péruvienne qui, sous l’impulsion du génial Gastón Acurio, chef du « Astrid y Gastón » à Lima, a séduit les foodies un peu partout dans le monde. Dans la capitale anglaise, la tendance est notamment représentée par Lima. A la tête de ces deux restos (dont un étoilé à Fitzrovia), on trouve Virgilio Martinez Véliz, ancien protégé d’Acurio qui officie désormais au “Centrale Restaurante”, l’une des stars du Fifty Best.
Au “Lima”, il propose avec son chef et ami Robert Ortiz des assiettes surprenantes, qui mettent en scène, de façon très colorée, les classiques péruviens, comme le tiradito (carpaccio) de bar sauvage (14£), le ceviche de dorade (12£) ou encore un étonnant ragoût de pommes de terre cultivées à 6000 m d’altitude (22£). Cuites à l’argile, celles-ci sont servies avec de la quinoa rouge. Totalement dépaysant et à des prix tout doux pour un étoilé…
Saveurs moyen-orientales
L’adresse du moment à Londres, c’est Palomar. Située à deux pas des théâtres, cette nouvelle petite adresse est prise d’assaut dès 17h30! C’est qu’on s’y régale ici de petits plats à partager comme à Jérusalem, qui vont piocher leur inspiration dans tout le Moyen Orient.
Du génial kubaneh (6£), pain yéménite cuit en pot, à l' »octo-houmous » (13,50£), assiette hyper gourmande où du poulpe tendre cuit au Josper est servi sur un lit de masbaha (houmous palestinien agrémenté de pois chiches) et d’aubergines grillées.
Le premier à avoir lancé la mode à Londres, c’est évidemment le grand Yotam Ottolenghi, d’abord au Ottolenghi à Notting Hill (sa boulangerie-traiteur-table d’hôte possède désormais quatre points de chute) puis au Nopi, restaurant chic de Soho qui propose notamment de très bons brunchs.
Mais dans le même style, on adore aussi Honey & Co, charmante cantine près de Regent’s Park, qui offre un petit-déjeuner moyen-oriental tout simplement parfait avec une excellente shakshuka!
Le vent du Nord
Londres s’est évidemment rapidement engouffré dans la vague de la cuisine nordique. Celle-ci souffle non seulement sur nombre de restaurants gastronomiques – on pense par exemple au formidable Clove Club (photo) ou au Lyle’s – mais aussi dans quelques chouettes petites adresses.
Comme Snaps + Rye, cantine de Notting Hill idéale se mettre à l’heure danoise dès le petit-déj avec, par exemple, de délicieux smørrebrød.
Tandis qu’en plein Covent Garden, Bageriet offre une pause idéale après une séance de shopping, autour d’une sélection de pâtisseries suédoises.
Et même le monde du cocktail succombe à la tendance nordique! Ouvert il y a quelques semaines seulement à Shoreditch (quartier très noctambule), le Scöut séduit par ses cocktails à base d’ingrédients locaux fermentés et ses vins de fruits et légumes de saison.
World Cuisine
Un indice de la force d’attraction d’une capitale comme Londres? Lancé il y a deux ans, Carousel est, le midi, un restaurant comme les autres. Le soir par contre, il accueille pour une ou deux semaines des chefs du monde entier le temps d’un menu 4 serv. (prix variable)!
Ce soir-là, Diego Rossi étaient aux manettes et venait faire découvrir la cuisine d’abats de son « Trippa » (un Bib gourmand à Milan). Assiettes à se pourlécher les doigts, bons vins et ambiance branchée. Imparable! Jusqu’au 10 juin, c’est l’Anglais Daniel Morgan (passé par le « Noma ») qui cuisine. Suivi, du 13 au 24 juin, par la jeune Israélienne Shuli Wimer.
Pour un autre tour du monde, dans le verre cette fois, direction le Oriole, superbe bar dans le sous-sol du Smithfield Market. Au menu, musique live et cocktails soignés qui piochent leur inspiration sur tous les continents.
La chaleur des Caraïbes
Quartier pauvre du sud de Londres, où est né David Bowie, Brixton connaît une gentrification V V prime. Comme en témoigne l’évolution du Brixton Village, marché couvert qui accueille désormais des adresses à la mode comme « Honest Burger » ou « Okan », ou l’apparition du Pop Brixton, projet temporaire qui réunit bars, restaurants, artisans…
Pour retrouver des saveurs plus authentiques de la population caribéenne du quartier, on déambulera dans Market Row, avec ses boutiques exotiques.
Tandis qu’on commandera du jerk de poulet et des festival au stand de Jeff the chef en buvant une canette de Red Stripe. On retrouve alors toutes les saveurs de la Jamaïque!
Un Spritz comme en Italie
Avant d’aller voir « Harry Potter and the Cursed Child » au prestigieux Palace Theatre, on ne manquera pas de prendre l’apéro au Bar Termini. Que ce soit le Negroni vieilli maison (7£) ou le Spritz Termini (10,50£), qui allie gin Beefeater, cordial de rhubarbe, Aperol et prosecco, c’est juste parfait. On rêve alors à la dolce vita romaine…
Un Portugais de haut vol
Découvert au feu “Viajante” à Bethnal Green avec sa cuisine moderniste de haut vol, le Portugais Nuno Mendes officie désormais à la très courue “Chiltern Firehouse”. Avec le chef Antonio Galapito, il est également derrière la géniale Taberna do mercado, installée comme son nom l’indique dans le beau Spitalfields Market.
Soit une taverne lumineuse et chic, où l’on déguste des petits plats portugais bien pensés et sans prise de tête : oreilles de porc frites à la coriandre et pamplemousse comme en Alentejo (7,50 £), poulpe fondant dans une sauce vinaigrée (7,90 £), seiche dans une sauce au pied de porc et coriandre (10 £)…
C’est bien cuisiné, bien assaisonné, toujours léger. Chaque petite assiette est meilleure que la précédente ! Jusqu’au génial “abade de Priscos” (5 £), dessert traditionnel d’un petit village du nord du Portugal. Soit un « pudding du curé » à base de jaunes d’oeufs, rafraîchi avec une infusion de porto et d’huile d’olive comme une vinaigrette.
N’en jetez plus ! Quand est-ce qu’on y retourne ?
Envie d’y goûter?
=> Old Spitalfields Market, 107B Commercial St., London E1 6BG.
Ouvert tous les jours.
Rens. : www.tabernamercado.co.uk.