La Jamaïque est une destination des Caraïbes connue pour ses plages et son excellent rhum. Mais on y a fait également de très belles découvertes culinaires!
Road trip en Jamaïque
Pourquoi ne faudrait-il s’intéresser qu’aux gastronomies les plus connues? Alors que c’est en Jamaïque qu’on a mangé l’un des petits-déjeuners les plus renversants.
Le plat national
Petit-déjeuner le plus commun sur l’île, l’ackee and saltfish est le plat national jamaïcain. Il s’agit d’une fricassée préparée avec un fruit étrange, l’ackee (akée), dont il faut attendre la pleine maturité avant de le consommer, sous peine de convulsions pouvant entraîner la mort…

Pour pouvoir être consommé, l’ackee doit être parfaitement mûr, c’est-à-dire qu’il doit s’être ouvert naturellement sur l’arbre.

Le « ackee and salt fish » est consommé le plus souvent avec des bananes vertes et des yams (différentes tubercules) bouillis. Ici avec en plus des dumpings et un Johnny cake.
Une fois le danger écarté, on déguste un plat ressemblant à des œufs brouillés, préparé avec un émietté de morue salée et séchée. Souvent proposé avec des dumplings (pâte à base de farine et d’eau) et des bananes vertes bouillies, ce délice se retrouve dans toutes les gargotes de l’île, comme dans les palaces les plus chics. Avec, c’est selon, une tasse de Nescafé ou de Blue Mountain Coffee, l’un des cafés les plus réputés…

« Ackee and saltfish », le petit déjeuner typique de la Jamaïque. A « Kanopi House », superbe hôtel dans les arbres surplombant le célèbre Lagon bleu, il est servi avec du breadfruit et des plantains frits. Et un excellent café Blue Mountain.
Savez-vous manger le jerk ?
La Jamaïque est aussi le pays du jerk. Non pas cette drôle de danse née dans les années 60 mais bien l’un des meilleurs barbecues au monde ! Enrobée d’une marinade à base d’épices, dont des baies de poivre de la Jamaïque (omniprésent dans la cuisine de l’île), la viande, en général du porc ou du poulet, est mise longuement à cuire sur des rondins de bois issus de l’arbre à poivre de la Jamaïque et de sweetwood (famille des lauraceae).

Chez « Scotchie’s » à Montego Bay, on prépare le jerk dans les règles de l’art! La viande (ici du poulet mais on jerke tout en Jamaïque!) est cuite à la braise sur des rondins de bois, recouverte de tôle. © Ryan Matis
En résulte une viande extrêmement savoureuse, à assaisonner, pour les plus courageux, d’une sauce de feu à base de scotch bonnet, un des piments les plus forts sur l’échelle de Scoville. C’est d’ailleurs chez « Scotchies », petite chaîne présente en divers endroits de l’île (dont dans la capitale touristique Montego Bay), que l’on se régalera du jerk le plus authentique. Avec, en plus, le plaisir de pouvoir voir les cuistots en action ! A déguster avec du riz et des haricots (rice & peas) et une rafraîchissante Red Stripe, la bière locale la plus populaire.

Partout en Jamaïque, on « jerke » dans des tonneaux métalliques, remplis de braises. Le plus souvent du poulet et du porc mais aussi des conques ou du poisson. Ici à Boston Bay, lieu de naissance du jerk, dans l’est de l’île.

Jerk de conque au « Ocho Rios Jerk Center ». Délicieux!
Pas que de la viande…
Si les Jamaïquains consomment pas mal de viande, l’île est riche en poissons, fruits de mers et crustacés. Ici, on mange, entre autres, le très coloré poisson perroquet ou de délicieuses langoustes, servies juste grillées.
En Jamaïque, pays tropical, on mange de la langouste, des conques mais aussi le très coloré poisson-perroquet!
Une des préparations les plus communes est l’escovitch (escabèche), un héritage espagnol. Où le poisson frit est cuit avec des légumes et une marinade vinaigrée.
Impossible de dissocier la Jamaïque de la culture des Rastafaris (10% de la population), qui vouent un culte à Haïlé Selassié, le dernier empereur éthiopien. Plutôt végétalien, le régime alimentaire rasta bannit alcool, colorants, nourriture congelée ou même le sel. La ganja, elle, est par contre recommandée…

Au « Stush in the Bush », table d’hôtes végétarienne branchée située dans les collines surplombant St Ann’s Bay, on prépare notamment d’excellents chips de dasheen (variété locale de taro) frits à l’huile de coco.
Un paradis des fruits et des légumes
Avec des températures toujours au beau fixe, la Jamaïque offre une nature luxuriante. Pas étonnant donc de se retrouver dans les marchés face à une profusion de fruits et légumes, souvent inconnus sous nos latitudes.

Si l’on veut goûter au porridge de cacahuètes, il faudra aller tôt au Charles Gordon Market, le plus grand marché de Montego Bay. On y trouve de tout: fruits, légumes, épices, sauces, miel, plantes médicinales, poisson, viande…
Si on compte une dizaine de variétés différentes de bananes, l’une des plus belles découvertes est la star apple, incroyable fruit à la chair pourpre, gluant et très parfumé. Tandis que la naseberry (sapotille), un peu grumeleuse, a la saveur d’une tarte aux pêches!
On s’empiffrerait aussi à longueur de journées de breadfruit, le fruit de l’arbre à pain, qui fait définitivement oublier nos chères pommes de terre. Ou de l’épinard autochtone, le callaloo, qu’on mange tel quel ou dans des beignets.

Au bord des routes cahoteuses de Jamaïque, on trouve quantité de petits étals vendant les productions locales.

Etal typique d’un marchand de fruits, ici du jackfruit et des agrumes. Sweet oranges, oranges de Séville, tangerines, ugli… La liste des agrumes disponibles est longue.
Dumplings, fritures et compagnie
Mais les Jamaïcains ont un goût particulier pour la cuisine riche. Beaucoup de plats délicieux sont mijotés. Comme le curry de chèvre (pas de repas de noces sans lui!) ou les brown stews, où poissons ou viande sont cuits dans une épaisse sauce brune. L’un des plus fameux est préparé à base de queue de bœuf, où l’on incorpore des dumplings, cette fois appelés spinners car confectionnés en faisant tourner la pâte entre ses deux mains.

A Ocho Rios, haut lieu touristique de l’île, « Miss T’s Kitchen » est une cantine soignée proposant des spécialités locales bien cuisinées: ragoût de queue de boeuf, curry de chèvre…
On assiste d’ailleurs dans toute l’île à une véritable folie des dumplings, présents du petit-déjeuner au dîner. Aux bouillis, un peu lourds, on préfère les Johnny cakes (frits et à base de farine de blé) ou les festivals (au maïs).

Autre spécialité frite, les « stamp and go » des beignets contenant de la morue séché et salée. Un peu comme des accras… ©Ryan Matis
La légèreté n’est pas non plus de mise avec la patty, un chausson à la viande qu’on s’arrache à toute heure dans deux chaînes de fast-food locales, « Juici » et « Tastee » (la meilleure).
Pour faire passer le tout, un shot de rhum blanc s’impose. Du Wray & Nephew, cela va de soi!

Le rhum blanc est omniprésent en Jamaïque. Le Rum Fire, comme ici, mais surtout l’excellent Wray & Nephew, qui possède également la distillerie Appleton Estate, rhum ambré plus connu chez nous.
Les pieds dans l’eau…
Mais au-delà des découvertes gourmandes que réserve le pays, il y fait tout simplement bon profiter du soleil et manger (« nyam » en patois) un poisson grillé sur la plage, les pieds dans l’eau, en écoutant un air de reggae du défunt Bob Marley, dont l’ombre protectrice plane encore… Et on se dit que, « Ya Man », on a vraiment adoré la Jamaïque. « No problem… »

Entre Port Antonio et Boston Bay, la Winnifred Beach est l’une des plus belles plages de Jamaïque. On y mange du poisson grillé les pieds dans l’eau!

Dans les cabanes de plage, on cuisine encore sur des braseros, comme ici des festivals (beignets à la farine de maïs).