Lancée hier à la Citadelle de Namur, “Génération W” entend défendre la gastronomie wallonne en Belgique et à l’étranger.

Photos Anthony Florio

Hier midi, Jean-Claude Marcourt (PS) avait pris une pause dans les négociations sur Arcelor Mittal pour venir soutenir, à la Citadelle de Namur, le lancement de Génération W. Inscrite dans le projet Creative Wallonia, cette initiative entend contribuer au rayonnement de la gastronomie wallonne en Belgique mais aussi à l’étranger. “Je suis ravi de voir qu’on revendique son appartenance au terroir de la Wallonie”, se réjouissait le ministre wallon de l’Economie, félicitant les “entrepreneurs culinaires, qui sont un facteur de développement pour les autres producteurs qui les entourent”.

L’idée de Génération W est en effet de surfer sur l’engouement pour la cuisine afin de créer une dynamique autour des chefs du sud du pays et tenter d’inscrire la Wallonie sur le devant de la scène culinaire mondiale. Comme ont su le faire la Catalogne, le Danemark ou encore la Flandre, qui ont compris que la gastronomie pouvait être un facteur de développement économique puissant. Aussi doués soient-ils, des chefs comme l’Espagnol Ferran Adrià, le Danois René Redzepi ou le Brugeois Gert De Mangeleer doivent en effet une partie de leur succès au soutien de pouvoirs publics locaux qui ont tout fait pour braquer les projecteurs sur leur région…

A l’initiative de Génération W, Sang-hoon Degeimbre reconnaît réfléchir à cette idée avec ses collègues wallons depuis plusieurs années déjà. Lors de ses différents voyages à l’étranger dans des congrès ou festivals culinaires, le chef doublement étoilé de “L’air du temps” a pu constater le rayonnement de la Belgique, même si l’accent est souvent mis sur les chefs flamands. “Les Wallons ont aussi quelque chose : un terroir, la convivialité, une gastronomie et des personnalités. Ce qui manquait, c’était la communication et un peu de chauvinisme !”, expliquait-il hier.

Campagne de communication

Entouré par Jean-Luc Pigneur (“Atelier Vieusart” à Wavre) et Benoît Cloës (“Le libraire Toqué” à Namur), Degeimbre s’est donc donné pour mission de faire mieux connaître la gastronomie wallonne sur son territoire mais aussi à l’étranger : “Il faut qu’elle soit reconnue à l’international pour briller à l’interieur du pays.” Ce qui explique que les 10 ambassadeurs choisis – la liste devrait s’allonger au fil du temps – sont tous des chefs étoilés, à même d’attirer les regards. Aux côtés de Degeimbre, on retrouve donc Pierre Résimont (“L’eau vive”**), Jean-Baptiste Thomaes (“Château du Mylord”**), Arabelle Meirlaen (“Arabelle Meirlaen”*), Laury Zioui (“L’éveil des sens”*), Clément Petitjean (“La grappe d’or”*), Maxime Collard (“La table de Maxime”*), Mario Elias (“Le corps de chasse”*), Christophe Pauly (“Le coq aux champs”*) et Eric Martin (“Lemonnier”*). Tous ont signé une charte, dans laquelle ils s’engagent à travailler des produits locaux, à valoriser les savoir-faire, à transmettre leurs connaissances. Bref à créer autour d’eux une dynamique économique. Mais ils s’engagent aussi, et sans doute surtout, à communiquer sur le thème de la richesse de la gastronomie wallonne.

Pour ce faire, une page Facebook a déjà été créée – un site Web est en cours de construction – et des émissions télés sont prévues, tout comme un livre, signé René Sépul pour les textes et Nils Van Brabant et Anthony Florio pour les photos. Prévu pour novembre prochain à la Renaissance du livre, il recensera 5 recettes des 10 chefs, mettant chacune en avant un producteur local. Ensuite, Génération W tentera de gagner en visibilité à l’étranger grâce à ses chefs, qui mettront en avant l’initiative lors de leur participation à de grands événements culinaires. Mais, comme a très bien su le faire la Flandre, on invitera aussi en Wallonie des “influenceurs internationaux” (blogueurs, foodies…). Tandis que l’on parle déjà d’un festival Génération W qui, sans doute à la citadelle de Namur, permettrait au grand public de rencontrer les chefs membres du projet. Mais aussi de grandes stars de la cuisine internationale, qui pourraient s’en retourner sur leurs terres propager la bonne parole gourmande wallonne !