Inaugurée le 1er mai, l’exposition universelle de Milan a pris son rythme croisière. Certains pavillons respectent le thème (l’alimentation du futur). D’autres se contentent de présenter une vitrine touristique de leur pays…
Visite de l’Exposition universelle
Quand on débarque à la station Rho Fiera, terminus de la ligne 1 du métro milanais, c’est une marée humaine qui se déverse vers l’entrée Ouest de l’exposition universelle. Dès l’ouverture des portes à 10 h du matin, des milliers de personnes – familles, touristes, écoles… – font la queue pour entrer sur le site d’Expo Milano 2015, installé à Rho, à une dizaine de kilomètres du centre de Milan.
Le filet qui mène au pavillon brésilien connaît beaucoup de succès…
Passées les manifestations “No Expo” lors de l’inauguration, le 1er mai, et les polémiques sur le manque de transparence de l’organisation, le succès est au rendez-vous même si, après deux semaines, tout n’est pas encore prêt. On peut le comprendre pour le Pavillon du Népal, dont les travaux sont toujours en cours, mais on s’étonne de voir rester fermés de nombreux espaces réservés aux petits pays dans les “clusters” thématiques (cacao, café, épices, riz…).
Le pavillon britannique représente une ruche pour alerter sur la menace qui pèse sur les abeilles.
La structure reflète en temps réel l’activité d’une ruche à Nottingham.
Durant six mois, l’exposition universelle de Milan devrait accueillir 29 millions de visiteurs.
Le long d’une large avenue couverte de toiles, s’alignent des dizaines de pavillons nationaux, institutionnels et commerciaux. Impossible de tout visiter même en trois jours tant le site est immense. D’autant qu’il faut faire la file pour accéder aux pavillons les plus courus. Ce week-end, les 11 000 visiteurs du magnifique pavillon italien ont ainsi dû patienter trois quarts d’heures avant de pouvoir pénétrer à l’intérieur et découvrir les beautés naturelles et architecturales de l’Italie. A l’extérieur, chaque région italienne dispose d’un espace dédié pour présenter sa gastronomie.
Un thème pas toujours respecté
A l’issue du Pavillon transalpin, chacun, visiteur lambda ou chef d’Etat, est invité à signer la Charte de Milan, résumant l’objectif ambitieux de cette exposition universelle, qui s’engage à penser l’alimentation durable de demain, dans ses composantes sociales, écologiques, culturelles…
L’Arbre de la vie, symbole de cette Expo 2015.
Un magnifique arbol de la vida dans le pavillon mexicain.
Ce thème porteur d’espoir, rares sont les pavillons qui parviennent à le traiter de façon réellement convaincante. Certains l’oublient pour se contenter d’une vitrine touristique de leur pays. C’est le cas par exemple du Vietnam, de la Chine ou de la Thaïlande (prix de la plus belle prise d’otage des visteurs, forcés à endurer trois vidéos institutionnelles, dont l’une de propagande pour les bonnes œuvres du vieux roi Rama IX).
Le pavillon chinois se révèle assez décevant.
D’autres pays abordent le thème mais sans entrer réellement en profondeur, comme les Etats-Unis ou la France. Laquelle se contente de faire de la retape pour son modèle agricole technologique dans un pavillon ultra-sponsorisé. A tel point que la France semble ici se résumer… à la Région Rhône-Alpes.
Le Pavillon américain fait vraiment le service minimum pour traiter le thème malgré une ambiance de folie sur la terrasse.
La halle française propose un regard superficiel sur l’agriculture de demain mais présente les richesses gastronomiques du pays.
Le futur selon l’Allemagne
Certains pavillons, au contraire, réfléchissent véritablement le futur de l’alimentation. C’est le cas, évidemment, de celui du mouvement Slow Food mais aussi de l’Allemagne.
Au centre du pavillon Slow Food, une réflexion sur la biodiversité, couplée à une défense d’une agriculture paysanne partout dans le monde.
L’expo allemande va elle aussi réellement au fond des choses en abordant des sujets comme l’eau, la biodiversité, la pollution, le réchauffement climatique… Le tour de force est de traiter ces questions lourdes sans jamais ennuyer, de façon très ludique et interactive. Chaque visiteur reçoit ainsi un carnet en carton sur lequel viendront s’imprimer comme par magie diverses projections au cours de la visite. En présentant l’état de la recherche de ses universités en matière de production alimentaire, l’Allemagne ne fait pas mentir son slogan : “Fields of Ideas”.
Mais le plus agréable finalement à Expo Milano 2015, c’est de se promener, de passer d’un pays à l’autre (140 sont représentés), d’aller boire une eau de concombre en Iran avant de découvrir le désert koweïtien ou une belle expo sur les racines de la cuisine brésilienne. C’est ce voyage au-delà des a priori qui fait toute la richesse d’une exposition universelle.
En pratique
- Expo Milano, jusqu’au 31/10. Prix : de 39 €/pers. (5 € en nocturne) à 99 € (2 adultes/2 enfants).
Rens. : www.expo2015.org. - Quelques bons plans pour manger lors de sa visite à Expo Milano.
Le mur végétal du pavillon israélien.
Cinq choses à ne pas manquer
1. Le pavillon Zero
Situé à l’entrée du site, ce magnifique pavillon conçu par Michele de Lucchi pour l’Onu emmène le visiteur à travers 12 salles à la découverte de l’histoire alimentaire de l’humanité, des premiers temps à demain. Passionnant.
2. Le pavillon allemand
L’Allemagne a sorti le grand jeu pour décliner de façon ludique la thématique de l’Expo en présentant quelques solutions concrètes pour l’avenir. Enthousiasmant.
3. Le pavillon coréen
Avec de magnifiques installations consacrées à la fermentation (kimchi), la Corée du Sud allie tradition et technologie. Superbe.
4. Le Future Food District
Partenaire de l’expo, les supermarchés Coop ont conçu un magasin futuriste où l’on peut concrètement faire ses courses en interagissant avec les aliments. On choisit par exemple une bouteille de vin et apparaissent, comme par magie, sur un écran quantité d’informations (région, appellation, infos nutritionnelles…). Bluffant.
5. Eataly
La chaîne de supermarchés gourmet propose sur le site de l’expo 20 restaurants régionaux italiens, de la Sicile à la Lombardie, des Abruzzes à la Campanie. Gourmand.
Exposition Arts & Foods
La célèbre machine à expresso Pavoni!
Expo Milano se décline aussi dans Milan. Dans le parc Sempione, le musée du design, de l’architecture et des arts visuels de la Triennale propose une intéressante expo “Arts & Foods”. Jusqu’au 1er novembre, cette exposition grand format propose sur 7 000 m² un voyage chronologique de 1851 à aujourd’hui sur la représentation de la cuisine dans les arts, qui s’ouvre avec deux natures mortes de James Ensor.
Andy Wharol, Campbell’s soup
L’idée maîtresse est de confronter des représentations artistiques variées (tableaux, films, sculptures, installations…) à des objets du quotidien de la même époque (vaisselle, couverts, électroménager, publicités, salles à manger, livres de recettes…).
Roulettes de découpe de la pâte des archives historiques Barilla
Très riche, l’expo comprend quelques très belles pièces de Gauguin, Picasso, Braque, Léger, Balla, Boccioni, Marinetti – les futuristes se sont en effet beaucoup intéressés à l’alimentation –, De Chirico, Duchamps, Man Ray, Warhol, Koons… Mais aussi le “Bureau couvert de moules de Marcel Broodthaers (1965) ou un “Personal Cloaca” de Wim Delvoye (2006).
Le menu d’une cantine futuriste de Turin illustré par Marinetti.
Service à thé futuriste de Giacomo Balla de 1929
Pavillon belge: Frites, bière et chocolat
Au pavillon belge, l’accent a été mis sur les valeurs sûres : chocolat, bière et frites. La terrasse extérieure est d’ailleurs l’une des plus agréables et l’on fait la file à toute heure de la journée ou presque pour déguster un paquet de “Belgian fries” (grosses et bien croustillantes) et boire une Duvel ou une Leffe.
Et si, lundi, le restaurant était toujours fermé suite au départ de la moitié de l’équipe de cuisines – il a rouvert mardi avec un nouveau chef –, cette mauvaise histoire belge est passée relativement inaperçue aux yeux des visiteurs. Le succès est d’ailleurs au rendez-vous. Ce week-end, le Pavillon belge a accueilli en moyenne 9 000 personnes…
Au-delà de la forte présence des grandes marques de l’industrie agroalimentaire belge, celles-ci ont pu découvrir comment la Belgique a décliné le thème de l’expo. Au sous-sol du Pavillon, sont en effet présentées trois solutions pour l’alimentation durable de demain : l’aquaponie et l’hydroponie, l’élevage des insectes et la cuisine des plantes sauvages.
L’aquaponie en action au sous-sol du pavillon belge.